La passion... C’était ce qui menait les gens à marcher derrière un homme, à lui abandonner leur vie, leur âme, leur corps. Et à souffrir en son nom. Ils s’abaissaient en son nom. Ils pleuraient en son nom. Ils s’enchaînaient en son nom. Ils mourraient en son nom.
Les gens pensent que le temps guérit l’amour. Mais ils ont tort. Lorsqu’il est là, ancré profondément, il devient une part de tout, une part de vous. Il est dans tout ce que vous voyez et dans tout ce que vous espérez. Il est la lumière au creux de vos rêves et une ombre perçant vos nuits de doute.
Rien ne peut plus l’effacer.
Il ne guérit jamais.
(...) ce que je sais, c'est que lorsqu'un homme plonge avec vous en enfer et qu'il ne vous lâche pas, même pour sauver sa propre peau, cet homme-là, vous le portez en vous à jamais.
J'aurai aimé aller le chercher et lui dire : "je suis guéri, maintenant. Épouse-moi."
Alors, dis-moi, comment fait-on pour ne pas se détruire quand le passé nous rattrape et nous enchaîne ? Comment fait-on pour se haïr et s’aimer sans savoir lequel de ces sentiments finira par nous tuer ? Vas-y, dis-moi comment doit-on régler ça ?
- Je ne suis plus sûr de ce que ça veut dire, lui avouai-je. Je croyais que le bonheur c’était d’être libre, de tout oublier, de laisser au passé ce qui fait mal. Mais Swann remet tout en cause, et c’est comme s’il me forçait à ne plus rien ignorer, qu’il m’acceptait dans mon ensemble et que ça ne le dérangeait pas que je sois un peu de travers, un peu différent de ce que j’aurais dû être. Swann accepte ça. Et c’est la première fois depuis… depuis toujours… que j’ai l’impression de ne plus me cacher, et ça m’effraie et ça me fait me sentir… presque entier. Comme si avant lui il y avait toutes ces parts de moi éparses balancées n’importe où et n’importe comment. Et Swann commence lentement à les recoller les unes avec les autres. Ce n’est que le début, bien sûr, mais j’ai la sensation qu’il me… guérit de quelque chose. Alors je ne sais pas… Peut-être que c’est ça, être heureux.
Comme si avant lui il y avait toutes ces parts de moi éparses balancées n’importe où et n’importe comment. Et Swann commence lentement à les recoller les unes avec les autres. Ce n’est que le début, bien sûr, mais j’ai la sensation qu’il me… guérit de quelque chose. Alors je ne sais pas… Peut-être que c’est ça, être heureux.
Je fermai les yeux un instant, disparaissant dans le vacarme. Puis je fis revenir le silence le temps d’un souffle, d’un tremblement, avant de tout déchaîner, nous plongeant dans une folie retentissante.
J’aimerais que tu me touches, que tu me fasses encore ressentir tant de choses parce que je ne suis qu’un pantin désarticulé, avec un cœur compartimenté, une âme mécanique et des éclats de moi échoués ci et là.
Peut-être que tu serais capable de me réparer.
Peut-être que tu le voudrais.
La couleur de tes cheveux, ce mélange de roux et de châtain, ta peau pâle, la façon dont tu te déplaçais, ton sourire à tomber par terre, ton odeur, ce que tu dégageais, ce qui m’attirait. Tes yeux. Ils m’ont… percuté. Oui, c’est le mot. Je les ai pris en pleine gueule, ces yeux-là. Un regard de glace qui ne m’a pas quitté pendant des semaines, pendant des mois, pendant des années. Qui ne me quitte toujours pas aujourd’hui. Chaque fois que je venais frapper, chaque fois que tu m’ouvrais en sachant ce que j’allais te demander, mon cœur avait un raté, parce que je savais que j’allais de nouveau les voir. Ces deux perles bleues, aussi profondes que les océans. C’est con d’être malade en un seul regard. Mais j’ai été malade de toi, la première fois que je t’ai vu.