- Bon sang, Nik, mais si tu as tellement le gout de la douleur, mets-toi au BDSM, c'est la mode en de moment, m'avait-elle dit.
Et ses yeux étaient pleins de larmes, l'une d'elle commençait même à dévaler le long de sa joue. Cette perle de chagrin, presque insignifiante, me percuta bien plus que le nom qu'il venait de me donner.
Steve.
D'accord, alors ce serait Steve, s'il le voulait.
Peu importait qu'il gagne ou qu'il perde, il restait mon héros.
Moi, c'est lui que je regardais. Son silence que j'écoutais. Et cette distance que je ressentais.
(...) il avait peur des accidents qui rendaient différents.
Mais j’avais eu ma mère au téléphone, pas plus tard qu’hier et elle m’avait dit de lui donner une chance. Une autre. De ne pas laisser ma rancune me priver de ce bonheur.
En fait, elle n’avait pas été aussi polie. Ça avait même été tout le contraire.
— Bon sang, Nik, mais si tu as tellement le goût de la douleur, mets - toi au BDSM, c’est la mode en ce moment, m’avait - elle dit.
J’avais manqué en lâcher mon téléphone. Les lettres BDSM dans la bouche de ma mère me donnaient envie de hurler en courant autour de mon salon, les mains sur les oreilles, jusqu’à oublier qu’elle les avait prononcées.
— Okay maman, je crois que la conversation va s’arrêter là.
Dès l’instant où je l’avais vu sur le palier de chez mes parents, j’avais eu le sentiment de gagner quelque chose. Aujourd’hui je m’en sentais privé. Je me sentis pauvre. Comme si on m’avait balancé à la rue, me laissant crever dans le froid, sans rien pour me réchauffer. C’était ça la solitude. Oui, c’était ça. Perdre un ami, perdre un amour. Perdre, tout simplement. L’air qu’on respire. Le sourire. Une envie de plus. Perdre, oui. Le perdre lui. Mon Jude …
Tu sais, continua mon père, tu ferais peut - être bien de suivre les conseils de Nik et ne pas te jeter à tête perdue dans une autre histoire …
Il s’arrêta en croisant mon regard et Shelby pouffa dans mon dos.
— Les conseils de Nik ne sont destinés qu’à me tenir éloigné de n’importe quel mec qui s’intéresse à moi. Et je ne vais sûrement pas écouter un type qui a un goût plus que prononcé pour les blondes. À croire que c’est la nouvelle collection à la mode.
Shelby me tapa sur le crâne.
— Hé ! s’offusqua - t - elle. Je suis blonde !
— Châtain clair , la reprîmes - nous en chœur , mon père et moi .
Non ! ris-je. Ce que je veux dire, c’est que si tu embrasses un mec, okay. Mais Steve ? Pourquoi pas Lee tant que tu y es ! Non, mais Angelo, lui d’accord. Ou Cam, à la rigueur. Et là je ne parle pas de moi, parce que je suis franchement canon, tu remarqueras … Aïe ! Jude me frappa avant de se rallonger à côté de moi, appuyé sur un coude. Je me tournai sur le flanc pour lui faire face. Un sourire étirait de nouveau ses lèvres. Et j’adorais quand il le faisait. Les sourires de Jude, ils étaient comme du feu en plein hiver. Les flammes, de l’orange et du bleu, un plaid pour se pelotonner et ne rien faire. Juste être ensemble, tous les deux.
— Tu ne m’en veux pas ? me demanda - t - il à voix basse.
— Si, avouai-je.
Il baissa de nouveau les yeux.
— De ne pas me l’avoir dit tout de suite, idiot, ajoutai-je. Tu n’aurais pas dû avoir peur.
Il s’éloigna et je soupirai. Pourquoi me faisais-je toujours avoir aussi facilement ?
Pourquoi ?
Sans doute pour des moments comme celui-ci. Pour le voir faire demi-tour et revenir vers moi. Le sentir poser ses lèvres sur ma joue.
Un baiser aussi bref qu’éphémère.
Mais un baiser quand même.