« Tellement que les regarder devenait étourdissant et qu’à chaque fois, le danger semblait plus près. En levant la tête, j’aurais presque pu le voir scruter Sullivan, tapi dans l’ombre, attendant le bon moment pour se dévoiler.
Et il était hors de question que je le perde.
Pas lui…
— Ça va aller, répétai-je.
— OK, souffla-t-il. Mais pour l’instant, j’ai tellement mal au crâne que je crois que je vais tomber dans les pommes.
Il le dit sur un ton si linéaire que je ne compris pas tout de suite. Du moins, pas avant qu’il ne s’affale contre moi et qu’il perde connaissance.
— Merde.
Je le retins avant qu’il ne chute au sol et manquai de tomber à la renverse, surpris par son poids.
Mes vieilles terreurs me rattrapèrent douloureusement.
Je portai Sullivan jusqu’au lit et le posai au milieu du matelas. Je m’assis près de lui en essayant de garder mon calme, repoussant ses mèches blondes de son visage.
Allez, réveille-toi Sully.
Il respirait tranquillement.
En posant ma main sur sa poitrine, je trouvai son rythme cardiaque lent et tranquille, identique à celui qui cadençait ses nuits et qui se répercutait sur ma peau quand il se blottissait contre moi.
Je restai à le regarder jusqu’à ce qu’il ouvre les yeux. Et quand il le fit enfin, de trop longues minutes plus tard, je repris enfin mon souffle et recommençai à respirer normalement. »
Sa déclaration aurait dû me faire fuir. Elle aurait dû faire hurler ma virilité. Pourtant, je ne m’étais jamais senti plus homme que sous son regard. Jamais plus fort qu’à cette seconde, quand il s’écarta et qu’il plongea au fond de mes yeux, tout au fond, se laissant immerger par leur couleur changeante, par leur étrangeté, par leur mystère.