Wild soul

J'observai la main qu'il se passa sur la nuque.
Ses épaules, un peu raidies. Ce regard vert qui finit par se braquer sur moi, comme la plus dangereuse et la plus belle des armes. Et je ne savais pas aujourd'hui, s'il voulait me tuer ou seulement me protéger. Peut-être bien qu'il avait toujours fait les deux.
M'assassiner d'amour.

Non, je ne peux pas t'aimer, Mel. Je ne t'aime pas. J'en suis incapable, tu ne comprends pas. Je ne suis qu'un mort, qu'une coquille vide. Je n'ai même plus de cœur, juste quelques morceaux éparpillés

C’est con, je sais. La couleur de ses yeux, ce n’est pas si important. Je n’en sais rien, ça m’a donné l’impression de m’être trompé sur lui. J’ai cru voir quelqu’un. Mais peut-être que c’était quelqu’un d’autre. Je suis la première personne qui devrait le savoir. On peut présenter n’importe quelle façade, il est rare qu’elle montre ce qu’il se passe, à l’intérieur.

Je me perdais parfois dans ce mutisme qui résonnait trop fort, même à mes propres oreilles.

Tu vas continuer à marcher sur les pavés clairs des beaux quartiers et moi, je repars sillonner ceux, abîmés, d’autres allées. Mais les fleurs poussent même sur les rues défoncées, tu sais. La lumière finit toujours par trouver un chemin entre les fissures. C’est peu, mais c’est déjà ça. Il y a plus de nuances ; moins de couleurs peut-être, mais plus de dégradés.

L𠆞spoir… C’était tout ce qu’il restait, quand le reste avait disparu. L𠆞spoir c’était aussi la pire chose à laquelle on pouvait s�rocher. L𠆞spoir guérissait les âmes, ou les détruisait, irrémédiablement.

Mon dieu, combien je t'ai aimé Lou. Combien je te hais, aujourd'hui, pour tout ce que tu es. Pour ce que j'ai perdu. Pour ce que tu m'as obligé à voir, à comprendre. Pour ce que tu n'as pas su me donner. Pour ta faiblesse... Je te hais pour cette faiblesse, que j'ai voulu préserver longtemps, avant de vouloir la détruire. Maintenant, j'ai besoin d'avoir mal et ça, Lou, tu as toujours été incapable de me l'offrir. Tu ne sais même pas ce que ça veut dire.

Je détestais les miroirs, ils vous montraient toujours le pire. La réalité.

Les souvenirs de toi, maman, s'étiolent lentement et deviennent des morceaux de temps, cachés dans les recoins de ma mémoire. Je conserve ces phrases que tu me soufflais, enfant, et elles émergent toujours de façon inopinée au creux de mes pensées.
L'amour et la musique peuvent tutoyer les étoiles...
J'espère que tu as raison et, un peu malgré moi, mais peut-être pas tant après tout, je lève les yeux vers le ciel. Je ne crois en rien, mais quand je pense à toi, c'est toujours vers là que je regarde.

— Plus tôt tu arrêteras d’espérer, plus vite tu arrêteras d’être déçu.
— C’est ce que tu as fait, toi ? Tu as arrêté d’espérer ?
J’attrapai une autre cigarette, et l’allumai sans le regarder.
— Je n’ai pas eu besoin, soufflai-je. L’espoir s’est barré sans me demander mon avis.