AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,15

sur 215 notes
5
20 avis
4
18 avis
3
1 avis
2
6 avis
1
0 avis
« Plus grands que le monde » est de ces textes qui vous touchent dès les premières pages par cette volonté farouche incarnée par Doris, la mère, de mettre sa famille à l'abri de monde. le roman raconte l'histoire de la famille Senter. Doris et Tup sont propriétaires d'une ferme laitière dans le Maine. Ils ont trois enfants : Sonny, Dodie, et Beston. Dans le récit qui s'étend sur une vingtaine d'années (de 1947 à 1965), plusieurs voix prennent la parole pour exprimer le quotidien de la famille, le travail à la ferme, mais surtout leurs émotions.

Le personnage principal de « Plus grands que le monde » est cette ferme. Elle exige tous les sacrifices, mais donne aussi toutes les joies. le travail quotidien y est difficile, exigeant, et souvent pénible, mais il permet à la famille Senter de vivre dans un lieu exceptionnel où la nature et les saisons sont respectées, et où, en son sein, ils se sentent protégés. Cette terre si chère au peuple américain offre toutes les bontés, toutes les satisfactions à condition d'en prendre soin. Alors, elle devient mère nourricière et mère protectrice. « La ferme est un rempart, c'est ce que j'apprends à mes enfants. Ce monde, puis le monde extérieur. Nous sommes en sécurité sur cette terre, dans cette maison. Une fois le savoir acquis, impossible de le désapprendre ou de se détourner de ses fardeaux. Mais ici, il est possible de trouver de l'ordre, ainsi que la liberté d'aimer farouchement tout ce que nous connaissons. »

Très tôt, Doris a la certitude que vivre loin des autres, mettre à l'abri du monde les siens participe au bonheur du foyer. « Ici, nous sommes à l'écart du monde et menons nos vies à notre guise. ». Plus les enfants grandissent, plus il est difficile de laisser quiconque pénétrer leur cercle intime, comme si, un étranger était en capacité de déranger l'ordre établi et le cours des choses. A contrario, Tup est conscient que malgré le devoir de protection que sa femme s'est fixé comme mission, leurs enfants doivent grandir en ouvrant les clôtures de la ferme et en vivant leurs propres expériences. « Impossible de lui faire entendre raison. Elle ne veut pas croire que nos enfants peuvent grandir et devenir forts sans qu'elle ait pour cela à garder notre foyer à l'abri du monde. »

« Plus grands que le monde » raconte cette vie-cocon, les lentes percées vers l'extérieur, et le dehors qui pousse doucement les barrières de la ferme. C'est un roman d'ambiance, lent, qui raconte une routine, une famille, une ferme, et la façon dont on s'y aime… Profondément. Éperdument. Il y a d'abord l'amour profond que se vouent Doris et Tup et dont les enfants ont une conscience aiguë. « Ils s'aiment, m'étais-je dit. Ils t'aiment. Ici, l'amour ne manque pas. ». Puis, il y a l'amour fraternel qui lie ces deux frères et cette soeur, que rien ne saurait briser. Dans ce lieu où coule une rivière, où les hululements des hiboux rythment les saisons et les nuits, l'amour est au centre de tout.

Jusqu'au drame qui va frapper cette famille et faire voler en éclats leurs certitudes, leurs habitudes, leurs convictions en faisant chavirer jusqu'à leur foi. Il y a eu un « Avant », et un « Pendant », parcelles du roman qui commencent par des versets bibliques. Il y aura un « Après » et un « Ici » où la foi sera remplacée par des vers de poésie. Quatre parties distinctes pour parler de cinq membres d'une famille, de leur alliance qui glisse vers des sommes d'individualités. Trois voix s'élèvent : celle de Doris, de Tup et de Dodie.

« Plus grands que le monde » se focalise sur les répercussions d'une collision qui vient frapper des êtres brisés qui vont devoir se reconstruire. Tel le travail à la ferme, le fardeau de la douleur est lourd à porter. Pour certains il est si écrasant qu'il ne peut être soulevé. Une famille c'est une ossature composée de plusieurs humanités qui ne vivent pas tous les choses de la même manière, qui agissent et réagissent de manière parfois totalement opposée. Dans la peine, il est parfois impossible de consoler l'autre, impossible de lui venir en aide, impossible même de le comprendre tout à fait. Certains choisissent des chemins de traverse, d'autres des enfermements, d'autres encore des fuites. Comment guérir de cette souffrance extrême ? Où puiser les ressources nécessaires lorsque la ferme bénie devient la ferme maudite ? Comment retrouver le « Chaque journée est un cadeau » ?

Meredith Hall décortique les itinéraires de chacun afin que ces êtres « Plus grands que le monde », âmes brisées, puissent se ressouder et continuer à être une famille. de prison interne au souffle du dehors, de l'angoisse des jours qui passent aux nuits où la nature reprend ses droits, elle amène le lecteur à entrer en empathie avec ces personnages que la vie n'a pas épargnés pour les mener de la nuit profonde à une autre lumière. « Autrefois, nous nous étions crus inattaquable, à toute épreuve, immuables. » Aujourd'hui, il faut pardonner les douleurs du passé pour renaître et parvenir à ressentir à nouveau cette vie qui palpite.

« Plus grands que le monde » est un récit intime et intimiste, un voyage intérieur où les douleurs des personnages deviennent les nôtres. Loin de juger les actes de chaque membre de cette famille, le lecteur ressent une profonde tendresse pour chacun d'entre eux et comprend dans son coeur cette culpabilité qui les étreint pour laisser place à la bienveillance, la bonté, « Beneficence », le titre choisi pour la version originale. C'est également un texte sur les valeurs et les leçons de vie que les parents laissent à leurs enfants et la façon dont ceux-ci les reçoivent, ce qu'ils en font une fois adultes, et comment ils les utilisent pour se construire. « J'enseigne à mes enfants que nous sommes responsables de tout ce que nous faisons et ne faisons pas ». L'imperfection des êtres fait jaillir toute leur humanité en mettant toujours au centre des existences ce questionnement : suis-je une belle personne ? Un combat intérieur qui nous anime tous. En utilisant plusieurs voix, sur plusieurs années, Meredith Hall explore avec beaucoup de finesse les conséquences du drame sur des vies en devenir.

« Plus grands que le monde » est une bénédiction pour qui cherche à appréhender le pardon envers soi, envers les autres. Dans l'opacité de la douleur subsiste toujours une flamme qui palpite… Un roman profondément lumineux qui éclaire ce à quoi nous tenons le plus dans la vie.

Traduction : Laurence Richard
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
Commenter  J’apprécie          120
C'est d'abord le bandeau de l'éditeur qui attire l'oeil « Bouleversant de poésie, de beauté et de grâce », commentaire de Joyce Maynard, puis cette magnifique couverture illustée qui n'est pas sans rappeler « Où vivaient les gens heureux », l'une des dernières plublications de… Joyce Maynard. Autant dire que les attentes étaient hautes pour ce premier livre de l'américaine Meredith Hall.

C'est une histoire simple - presque banale - d'une famille de fermiers du Maine dans les années 50 : le couple Tup et Doris et leurs trois enfants, Sony, Dodie et Beston. Une vie modeste, faite de labeur et de plaisirs simples sur l'exploitation laitière héritée des parents de Tup. Une vie rythmée par les travaux champs, les traites et les vêlages, au rythme des saisons, et en lien direct avec la nature. Pour égayer le quotidien, des plaisirs simples. Une sortie en patin sur la rivière gelé, un pique-nique au bord de l'océan. Mais toujours le bonheur à être ensemble, proches et unis, un bonheur tissant des liens entre eux doux et rassurants.

Jusqu'au jour où un évènement tragique vient mettre à mal le bel équilibre familial, un cataclysme intime qui vient saper les fondements de cette famille que l'on suivra sur une vingtaine d'années.

Chronique à trois voix d'une famille endeuillée, la narration nous plonge au plus près des pensées de chacun de ses membres, de leurs pensées les plus profondes, les plus intimes, les plus inavouables aussi. Tout le monde pense être fautif. Des êtres brisés qui se demandent comment se reconstruire ? Comment continuer à vivre ? Comment continuer à faire famille quand on se sent amputé, de toute forme de bonheur ? Comment continuer à grandir et se projeter dans une vie heureuse quand on est écrasé par la culpabilité et la douleu ? Face au fardeau du chagrin, chacun réagi comme il peut. Chacun se replie sur ses questions, ses doutes.

Seul Beston est exclu de ce schéma de narration alternée et on en vient à espérer qu'il puisse faire l'objet d'un livre dédié tant il suit une trajectoire différente : il va finir par quitter cette ferme qui constitue pourtant un quasi huis-clos tout le long du récit.

C'est un roman d'ambiance, lent, qui raconte une routine, une famille, une ferme, et la façon dont on s'y aime… le rythme du roman suit celui de la nature, et au fil des saisons le récit est traversé par les questions de la culpabilité, de l'acceptation et du pardon. On se prend d'un attachement très fort pour chacun d'eux, on a envie de les aider, de les consoler et on les suit avec une profonde empathie sur le lent chemin de la reconstruction.

Il y a eu un « Avant », et un « Pendant », parcelles du roman qui commencent par des versets bibliques. Il y aura un « Après » et un « Ici » où la foi sera remplacée par des vers de poésie. Quatre parties distinctes pour parler de cinq membres d'une famille, de leur alliance qui dérape peu à peu vers des sommes d'individualités, avant de retrouver l'unité familiale à nouveau.

Un récit intime et intimiste, un voyage intérieur où les douleurs des personnages deviennent celles du lecteur. Loin de juger les actes de chaque membre de cette famille, on ressent une profonde tendresse pour chacun d'entre eux et comprend cette culpabilité qui les étreint pour laisser place à la bienveillance, la bonté... Que de belles valeurs !
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          110
Bon.
J'ai beaucoup aimé les deux premières parties, avant et pendant le drame.
L'après m'a ennuyée. Trop lent, beaucoup trop lent.
C'est magnifiquement écrit, une écriture très belle et précise, ciselée comme de la dentelle. Très juste.
La psychologie des personnages est admirable.
Mais j'ai décidé d'abandonner un peu avant la fin.
Sans regret. Car j'en avais presqu'assez de l'histoire et puis la mère m'a agacée à la fin.
Non, décidément un très beau livre, certes, mais trop long.
Commenter  J’apprécie          110
Une fresque familiale sublime. Un gros coup de ❤.

Tup vit avec sa femme Doris dans une ferme dans le Maine, qu'il a hérité de son père et dont il s'occupe avec dévouement et bonheur. C'est dans cette ferme, entourée d'ormes, de prés où paissent les vaches, qu'il élève ses trois enfants, Sonny, Dodie et Beston. Une famille heureuse, qui coule des jours tranquilles dans un cadre idyllique. 

Mais ce foyer empli d'amour va bientôt voler en éclats, lorsque survient un drame qui changera à jamais la vie de chaque membre. 

C'est un roman sur les liens familiaux, sur le deuil et ses difficiles étapes, un long parcours qui prend du temps et tourmente chacun différemment. 

J'ai à plusieurs reprises versé quelques larmes, tellement l'histoire m'a touchée. Je me suis attachée aux personnages, à leur force, leur fragilité. J'ai eu l'impression de faire partie de cette famille et le temps de ma lecture, j'ai traversé avec eux le plus beau mais aussi le plus dur de ce que la vie peut offrir. 

Je garderai longtemps en mémoire Dodie, Best, Sonny, Tup et Doris. C'est un premier roman envoûtant, empli d'émotions. Il est tout simplement bouleversant et ce serait vraiment dommage que vous passiez à côté. Lisez-le !
Commenter  J’apprécie          80
C'est l'histoire d'une famille. La famille la plus heureuse du monde à l'ouverture du roman. Un cadre parfait, un couple qui s'aime, des enfants qui rient. Puis un drame, et la malheur s'abat sur cette merveilleuse petite famille.

Dans ce roman à trois voix de trois membres de la famille, nous suivons le cheminement des conséquences de ce drame des années durant, avec des hauts, des bas, des réflexions magnifiquement écrites et un méticuleux rappel de l'autrice du cadre spatial de l'histoire : cette ferme qu'on imagine vaste et fructueuse, cette maison où régnaient les rires et les bavardages et qui a du mal à retrouver son esprit d'avant...

On s'attache aux personnages, on suit avec frustration parfois leur convalescence et pour les plus jeunes ou les voit même grandir avec ce poids qu'ils trainent. Mais ne vous inquiétez pas, ce ne sont pas que des pages de lamentations et de tristesse. La vie reprend toujours son chemin et parvient à s'immiscer partout. L'amour aussi. Oui c'est l'amour qui prédomine dans cette histoire. L'amour et la vie, avec leurs échecs et leurs apogées.

Meredith Hall nous livre ici un premier roman très touchant, poignant et très bien écrit, avec cependant peu de rebondissements. Mais la famille Senter que l'on suit ici, est de ces familles américaines des années 1950/1960 que l'on a pas envie de quitter.
Commenter  J’apprécie          80
Je vais aller à contre-courant des belles critiques lues . Je n'ai pas aimé ce roman que j'ai trouvé lent. J'ai d'ailleurs passé des pages tellement que cela m'ennuyait.
C'est l'histoire d'un drame horrible et d'une famille qui se reconstruit tant bien que mal. La psychologie des personnages est bien rendue, surtout féminins. Beaucoup trop de descriptions qui alourdissent le récit.
Commenter  J’apprécie          81
Il était une fois une ferme et une famille qui vivait là, une famille simple et unie par les liens de l'amour et du travail bien fait. Un jour, un drame s'abattit sur eux et certains perdirent pied. Il leur fallut du temps et du coeur pour voir à nouveau la beauté autour d'eux.

« Plus grands que le monde » raconte tout cela d'une plume sensible et un peu surannée, et c'est juste bouleversant comme la simplicité peut émouvoir. Ici point de cris, point de haine, point de violence, juste quelques larmes vite cachées et un temps qui s'étire au gré des saisons. Laissez-vous guider par les voix qui résonnent tour à tour dans ce roman : Doris la mère aimante et protectrice, Tup le père travailleur et Dodie la fille courageuse et brisée. Ces voix montreront les chemins qui parfois se séparent, puis se recroisent.

C'est un gros coup de coeur que j'ai eu pour ce roman un peu hors du temps qui met en valeur des personnes emplies d'humanité : je vous en conseille donc évidemment.
Commenter  J’apprécie          80
Je vais aller à contre-courant, mais je me suis royalement ennuyée à la lecture de ce livre. Les descriptions poétiques d'une vie à la ferme, j'ai eu l'impression d'être dans la maison dans la prairie. le « avant » le drame dure beaucoup trop de temps, et cela m'a perdu…
Commenter  J’apprécie          70
Plus grand que le monde nous parle de la vie d'une famille de paysans du Maine, des années 40 aux années 60 en la découpant en 4 périodes.
Avant : c'est la période heureuse, la famille est unie dans le travail aux champs et autour de la ferme, dans les moments de calme, le soir pour lire, parler, jouer. Tout est simple, harmonieux, paisible.
Pendant : un drame fait exploser la famille. On le découvre progressivement, mais sans vraiment tout savoir. On en voit surtout les conséquences sur la mère qui s'abstrait, le père délaissé qui se crée une double vie, la journée à la ferme et la nuit ailleurs et les enfants qui se composent une vie nouvelle pour fuir / gérer ces tensions.
Après et Ici : le temps a passé, des éléments positifs ont intégré la famille et l'ont restabilisée. L'harmonie revient doucement, on vit et on travaille à nouveau ensemble, on se parle, on pense à l'avenir.
Cette chronique bucolique qui suit le rythme des saisons est racontée à 3 voix par Tup, le père, Doris, la mère et Dodie, la fille qui, à tour de rôle, font avancer le récit en nous donnant leurs vision de ce qui se passe et s'est passé.
C'est lent, très descriptif, paisible, parfois un peu répétitif mais cette histoire très humaine de résilience dans le travail, l'amour, et la communion avec la nature se lit avec bonheur.
Commenter  J’apprécie          70
Un doux et très agréable moment de lecture avec "Plus grands que le monde". Ce roman est d'une grande poésie, empreint de tendresse et de douceur. Il offre une tranche de vie contée avec une délicatesse et une justesse remarquables. On se sent immédiatement concerné par la famille Senter, presque comme si l'on en faisait partie. Meredith Hall nous transporte à travers les émotions de ses personnages, nous immergeant pleinement dans leur quotidien. Son écriture est à la fois juste et profondément émouvante.

Nous suivons ainsi la famille Senter dans leur vie quotidienne, au coeur de leur ferme du Maine. La première partie du roman nous plonge dans la joie et les petits bonheurs simples de cette famille aimante et bienveillante. Les jours s'enchaînent au rythme du travail de la terre et des saisons, avec Tup et Doris, un couple qui s'aime d'une manière magnifique et pudique, ainsi que leurs trois enfants, Sonny, Dodie et Beston, qui grandissent dans l'harmonie de la nature et des tâches de la ferme. Ensemble, ils forment un ensemble cohérent, leurs coeurs battant harmonieusement à l'unisson.

Mais soudain, tout change, tout bascule, et l'équilibre se rompt. Nous suivons alors la lente reconstruction de chacun, les difficultés à maintenir le lien, la résilience face à la douleur et à l'onde de choc qui ravage tout sur son passage. Pourtant, l'amour subsiste, toujours et encore. Et quel amour au sein de cette famille ! C'est un amour qui bouleverse, qui porte à bout de bras, qui réconcilie.

J'ai vécu un moment de lecture intense avec ce roman, les larmes souvent aux yeux et le coeur empli d'émotions. En résumé, je vous le recommande vivement !
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (1285) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1437 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..