Citations sur La force du bien (24)
En 1942, la Suisse définissait ainsi son attitude : elle déclarait que les réfugiés pour motifs raciaux ne pouvaient pas être considérés comme des réfugiés politiques... Elle admettait cependant quelques exceptions: les femmes enceintes, les personnes de plus de soixante-cinq ans, les enfants de moins de seize ans, et ceux qui avaient de la famille en Suisse. Les déserteurs et réfugiés politiques étaient donc admis, mais les clandestins et en particulier les "réfugiés raciaux" - les juifs donc - se voyaient refoulés...
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Ce précepte biblique, repris dans les Évangiles, est souvent cité par les Justes. Comme si cette antique injonction suffisait à elle seule à expliquer leur geste.
Freud ne croyait pas beaucoup à cette exigence idéale. « Non seulement, disait-il, notre prochain est rarement digne de notre amour », mais au contraire, le plus souvent, il a « droit à notre hostilité, voire à notre haine ».
J'ai maintenant plus de quatre-vingts ans. Eh bien, je peux dire que j'ai fait quelque chose qui n'a certes pas eu de retombées économiques, non, mais à coup sûr des conséquences humaines - et ça me paraît beaucoup plus important. Mes enfants, mes petits-enfants, mes arrière-petits-enfants le sauront. C'est ce qu'il faut. Au fond de moi, je suis fier d'avoir aidé tous ces Juifs à échapper aux trains de la mort. Mais, en vérité, comment aurais-je pu vivre si je ne l'avais pas fait ? Avec quelle insupportable mauvaise conscience ? Non, il n'y avait pas d'autre solution, pas d'autre choix possible !
Le Bien ne s'explique pas, ne se justifie pas. Il se fait, il s'offre, il se donne. (p.70)
Le monde ne subsiste que par le mérite d’un seul Juste, ainsi qu’il est écrit : Et le Juste est le fondement du monde.
Je pensais que c’était une chose tout à fait naturelle. On savait qu’il fallait aider les gens. Ce n’est même pas de la pitié, c’est normal, c’est tout simple.
Lorsqu’on interroge les pires bourreaux, des nazis coupables de milliers d’assassinats, ils ne se déclarent responsables de rien, arguant n’avoir fait qu’obéir aux ordres. Mais les Justes, les sauveteurs, les bons, se reprochent, eux, et leur vie durant, de n’avoir pas pu faire davantage.
On a de la bravoure, on a du courage quand on est jeune.
Pour pouvoir survivre, ils apprenaient ainsi à renier leur nom, leur famille, leurs parents. Oui, ce sont eux, les héros. Après toutes ces années, je les entends encore, en rêve, apprenant en pleurant leur nouvelle identité avant d’être séparés de leurs parents…
Il fallait mille Polonais pour sauver un Juif. Mais il suffisait d’un Polonais pour dénoncer mille Juifs.