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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dashiell et ton univers impitoyable : Prohibition, corruption, gangstérisme, jeux d'argent, violence, manipulation, trahison, amour et amitié… La « la clé de verre » c'est tout ça et plus encore : un style recherché, une structure complexe et aboutie, de la psychanalyse, un texte ouvert à l'interprétation du lecteur et un roman passionnant. Publié en France dans une édition tronquée et une traduction barbare, ce livre a en fait assez de tripes pour donner matière à des études critiques poussées. Et oui, derrière le roman de gare se cachait en fait un petit bijou de la littérature.

Dans une grande ville des États-Unis qui n'est jamais nommée, le sénateur Henry est en pleine campagne pour obtenir sa réélection à la tête de la mairie. Alors que l'échéance approche, son fils Taylor Henry est assassiné en pleine rue. Un malfrat à qui le jeune Taylor avait emprunté de l'argent et qui a quitté précipitamment la ville le lendemain du drame est d'abord suspecté. Les soupçons vont ensuite se porter sur Paul Madvig, ce qui est très fâcheux car cet homme d'influence, qui tire les ficelles dans les milieux politiques, économiques et criminels de la ville, s'est engagé aux côtés du sénateur Henry. Paul Madvig doit aussi faire face à un début de conflit avec un gang rival. Mais heureusement ; il peut compter sur l'aide de son ami Ned Beaumont, joueur invétéré, qui grâce à ses coups tordus et ses coups de génie va l'aider à se dépêtrer dans cette fange.

Le cadavre du fils d'un notable retrouvé de nuit dans un caniveau… Serions nous dans un « Whodunit », un roman policier à énigme où il s'agit de démasquer un coupable ? Non, Hammett nous a confectionné un roman 100% « hardboiled ». Si Ned Beaumont part à la recherche du premier suspect et cherche à lui « faire porter le chapeau », ce n'est que dans le but de le contraindre à lui rembourser les gains d'un pari hippique. le pragmatisme importe plus que la vérité.

Ned Beaumont n'est pas détective privé à la différence des personnages principaux des trois premiers romans de Hammett (le « Continental op. » et Sam Spade). Il se définit lui-même comme « un joueur professionnel et un parasite accroché aux basques d'un homme politique ». Rien n'est dévoilé de son passé si ce n'est qu'il vient de New York et que Paul Madvig lui a sauvé la mise à un moment compliqué de sa vie, il y a plus d'un an. Les deux hommes sont très proches. Ned Beaumont assume de manière informelle la fonction de conseiller et de bras droit de Paul. S'il utilise parfois la violence pour arriver à ses fins, il est tout à la fois un joueur et un calculateur qui écoute les présages et est capable de risquer sa vie sur un coup de poker pour débloquer une situation.

La ville nage dans la corruption. Paul Madvig, dont le vrai rôle n'est pas précisé, tient entre ses mains la police, la justice et la presse et cherche à obtenir l'appui des syndicats et des truands du cru pour assurer l'élection du sénateur. le pouvoir doit lui permettre de continuer à gérer au mieux ses intérêts et lui assurer une impunité totale.

Le roman a de nombreuses qualité littéraires. le récit comprend de nombreuses ellipses narratives. Les motivations d'un personnage ne sont pas données d'emblée, c'est au lecteur de les comprendre. La psychologie des personnages n'est pas décrite mais suggérée. le roman est le récit d'une quête de la vérité dans un univers où les non-dits et les mensonges pullulent. A noter l'importance de la description des deux rêves qui ont une signification essentielle pour la bonne compréhension du titre du livre et pour l'interprétation de la fin ouverte du roman.

Je conseille à tout lecteur qui souhaiterait découvrir l'univers de Dashiell Hammett de commencer par « la clé de verre ». Ce roman n'a pas les aspects trop marqués des titres précédents : un détective clairvoyant, une femme fatale et une intrigue alambiquée. La collusion entre la politique et la criminalité est dénoncée dans un récit qui n'a pas les côtés tonitruants de « Moisson rouge ». « La clé de verre » est à mes yeux le roman le plus abouti de Dashiell Hammett à défaut d'être le plus célèbre.
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En période préélectorale, il s'agit de ne pas faire de vague. Dans l'ombre, Madvig tire les ficelles, car hommes politiques et fonctionnaires sont à sa botte. Jusqu'au moment où il est soupçonné du meurtre du fils du sénateur Henry, dont il soutient la candidature.
Un des livres cultes de celui qui inventa et qui révolutionnera le roman moderne.
Dans le plus pur style comportementaliste, brutal et sans fioritures du "hard-boiled" Dashiell Hammett montre ici une fois de plus l'envers du décor de la démocratie américaine. "La Clé de verre" -- son chef-d'oeuvre devenu un classique du polar -- tisse une intrigue criminelle qui dévoile les zones d'ombre d'une société profondément corrompue, révèlant les liens entre la pègre et le monde de la politique. Sa galerie de personnages corrompus et arrivistes aux fréquentations très dangereuses n'a rien perdu de son actualité.
Lien : https://collectifpolar.com/
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De Dashiell Hammet, Raymond Chandler disait qu'il a "sorti le crime d'un vase vénitien et l'a balancé dans la ruelle", signifiant la rupture introduite par le fondateur du "hard boiled" (littéralement "dur à cuire") avec les romans policiers anglais - fins limiers et chasse aux indices dans des milieux raffinés.
Mais, ajoute Chandler, "un homme doit descendre dans ces bas-fonds qui n'est pas lui-même un homme bas, qui n'est ni corrompu ni effrayé"...
Ned Beaumont, le héros de "La clé de verre", est lui-même un tel homme.
Ce joueur prendra des risques insensés pour tenter de protéger son ami et patron Paul Madvig, l'homme le plus influent de la ville.
Dans ce roman, les thématiques se croisent et s'enchevêtrent, servies par une écriture minimaliste, qui renforce encore la difficulté à décrypter les messages : éthique et courage personnels, amitié, amour, ambiguïté du jeu politique, corruption, gangstérisme, jeux de hasard...
Un roman passionnant, au même tire que les deux autres chefs d'oeuvre de Dashiell Hammet : "La moisson rouge" et "Le faucon de Malte".
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Les romans policiers traduits de l'anglais se multiplient. Ils ne sont pas toujours très bien choisis. Les titres de la collection des « chefs-d'oeuvre du roman d'aventure » sont de valeur bien inégale. Cependant dans le cas présent, la traduction de la Clé de verre, sans s'imposer, peut se justifier. Échantillon assez typique d'un genre très commun en Amérique, mais pas encore très connu en France. Fébrile, rapide et brutal. Pareil à un verre de rye whisky : quand on connaît la liqueur, c'est plutôt écoeurant. La première fois qu'on en boit, ça gratte la gorge, ça brûle l'oesophage, et ça vous a un petit arrière goût de seigle vert et de terreau assez original. Et puis, il y a tout un fond d'intrigues de polices municipales prises sur le vif, copiées naïvement et cyniquement sur le scandale quotidien auquel tout le monde est habitué là bas, si naïvement et si cyniquement que ça a presque la valeur d'un tableau de moeurs. Oh, pas de psychologie, pas l'ombre d'une tentative de psychologie. Les personnages vont et viennent, fument sans arrêt, se saoulent, s'embrassent, se tapent sur l'épaule, se cognent, s'entretuent, jamais d'explications. On ne sait jamais si l'amour ou l'amitié sont vrais ou prétendus, et quand on nous montre deux personnages se souriant par-dessus une table, on ne sait jamais lequel déteste l'autre et se prépare à lui lancer un coup de pied en vache. Cependant, sur ce fouillis d'intrigues, de saloperies et de combines, finit par détacher la figure du personnage central, Ned Beaumont, remarquable moins pour son intelligence ou son honnêteté que pour sa ténacité, ne pardonnant jamais une injure et suivant ses idées jusqu'au bout avec une énergie indomptable. Il en est récompensé à la fin en cueillant dans ses bras la fille d'un d'un sénateur, lequel assassiné son fils de peur de déplaire à un chef de bande. Dénouement d'une moralité toute conventionnelle, d'ailleurs réduit à quelques lignes, et si visiblement mis là pour la forme qu'il n'enlève rien à la force brûlante du rye whisky.

Les Primaires, n° 32, août 1932
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Un véritable chef d'oeuvre, tant dans le fond que dans la forme. le style, sec, objectif, est excellent. L'histoire, très bonne aussi.
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