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Citations sur La Faim (103)

[…] j’avais commencé à m’affaiblir notablement, je ne pouvais plus du tout jeuner comme auparavant, un seul jour maintenant suffisait presque à me donner des vertiges et je souffrais de vomissements fréquents aussitôt que je buvais de l’eau. Ajoutez à cela que j’avais froid la nuit ; je couchais tout habillé comme j’étais le jour, et je gelais à en devenir bleu ; chaque soir, j’étais glacé de frissons, et je devenais tout roide en dormant.
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Pourquoi m’inquiéter de ce que je mangerais, de ce que je boirais, de ce que j’introduirais dans cette misérable boîte à asticots qui s’appelait mon corps terrestre ? Mon père céleste n’avait-il pas pris soin de moi comme des oiseaux du ciel, ne m’avait-il pas fait la grâce de me désigner du doigt comme son humble serviteur ? Dieu avait fourré son doigt dans le réseau de mes nerfs et discrètement, en passant, il avait un peu embrouillé les fils. Et Dieu avait retiré son doigt et, voyez, il restait à ce doigt des fibres et de fines radicelles arrachées aux fils de mes nerfs. Et il y avait un trou béant à la place touchée par son doigt qui était le doigt de Dieu, et une plaie dans mon cerveau sur le passage de son doigt.
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J’avais remarqué très nettement que si je jeûnais pendant une période assez longue, c’était comme si mon cerveau coulait tout doucement de ma tête et me laissait vide. Ma tête devenait légère et comme absente, et je n’en sentais plus le poids sur mes épaules et, si je regardais quelqu’un, j’avais la sensation que mes yeux étaient fixés et démesurément ouverts.
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Qu’importait l’air à mes poumons ? J’étais fort comme un géant et j’aurais pu arrêter une voiture avec mon épaule. Un sentiment étrange et délicat s’était emparé de moi, le sentiment de toute cette joyeuse insouciance. Je me mis à observer les gens que je croisais ou dépassais, et j’allais, lisant les affiches sur les murs, cueillant l’impression d’un regard qu’on me lançait d’un tram en marche, laissant entrer en moi les moindres bagatelles, toutes les menues contingences qui croisaient ma route et disparaissaient.
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Dieu avait fourré son doigt dans le réseau de mes nerfs et discrètement, en passant, il avait un peu embrouillé les fils.
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[...] je me mis à ronger la viande de l'os.
Cela n'avait pas de goût ; une odeur nauséeuse de vieux sang montait de l'os et force me fut de vomir aussitôt. Je fis une nouvelle tentative. Si seulement je pouvais garder ce brin de viande, il ferait certainement son effet ; il s'agissait d'arriver à le faire rester dedans.
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C'est à cette époque que j'errais et mourais de faim à Kristiania, dans cette ville étrange que personne ne quitte avant d'en être marqué...

Je restai éveillé dans ma chambre mansardée et j'entendis une horloge sonner six fois au-dessous de moi ; il faisait déjà assez clair et les gens commençaient à monter et descendre les escaliers. En bas, près de la porte, où ma chambre était tapissée d'anciens numéros du Morgenblatt, je pouvais voir très clairement une annonce du directeur du phare, et un peu à gauche de celle-ci une publicité grasse et gonflée pour du pain fraîchement cuit par le boulanger Fabian. Olsen.

Dès que j'ai ouvert les yeux, par habitude, j'ai commencé à me demander si j'avais quelque chose à attendre aujourd'hui. Je me sentais plutôt mal ces derniers temps; J'avais dû apporter les uns après les autres mes biens à "Oncle", j'étais devenue nerveuse et impatiente; plusieurs fois, j'ai dû rester au lit pendant une journée à cause de vertiges. De temps à autre, quand la chance était en ma faveur, j'avais pu rafler cinq écus pour un feuilleton dans quelque journal.

Le jour se levait et je commençai à lire les affiches près de la porte ; Je pourrais même faire les maigres distinguez les lettres grimaçantes "lavage de cadavres chez Jungfer Andersen, à droite dans le portail". Cela m'occupa longtemps, j'entendis l'horloge sonner huit heures en dessous de moi avant de me lever et de m'habiller.
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PREMIÈRE PARTIE

C'était au temps où j'étais ,la faim au ventre,dans Christiana ,cette ville singulière que nul ne quitte avant qu'elle lui ait imprimé sa marque....(Page 13).
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Je me sentais délicieusement vide, sans contact avec ce qui m’entourait, et heureux de n’être vu de personne. J’étendis les jambes sur le banc et me renversai en arrière ; ainsi je pouvais sentir tout le bien-être du détachement. Il n’y avait pas un nuage dans mon âme, pas une sensation de malaise, et aussi loin que pouvait aller ma pensée, je n’avais pas une envie, pas un désir insatisfait. J’étais étendu les yeux ouverts, dans un état singulier ! j’étais absent de moi-même, et je me sentais délicieusement loin.
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« Le pauvre intelligent était un observateur bien plus fin que le riche intelligent. Le pauvre regarde autour de soi à chaque pas qu’il fait, épie soupçonneusement chaque parole qu’il entend dire aux gens qu’il rencontre ; chaque pas qu’il fait lui-même impose à ses pensées et à ses sentiments un devoir, une tâche. Il a l’oreille fine, il est impressionnable, il est un homme d’expérience, son âme porte des brûlures… »
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