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Citations sur Inventaire après rupture (31)

Je te revois incliner la tête de côté, Ed, en chiot pas trop futé qui se demande pourquoi le journal est par terre.
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Les dernières pages à l'encre claire seront comme ce Polaroïd, pâle survivance d'une magie dépassée, tentant de fixer l'image d'un pauvre objet fumeux qui n'est peut-être qu'une légende.
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J'aurais voulu te regarder pour toujours, ou dormir à côté de toi pour toujours, ou dormir pour toujours tandis que tu t'éveillerais et me regarderais, en tout cas quelque chose pour toujours.
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- Ne te sous-estime pas, déclare Jordan. Tu as toutes les qualités qu'Ed Slaterton recherche chez ses milliers de petites amies, quand on y pense : tu as deux jambes.
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Et tu sais quoi, Ed, le problème avec les désirs du coeur, c'est que le coeur ne sait même pas ce qu'il désire, jusqu'à ce que l'occasion se présente.
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- A quoi servirait l'amitié, sans ça ?
Je vais te le dire, Ed, à quoi sert l'amitié. Parce qu'on n'a jamais été amis, toi et moi. ça sert à sortir en fourgon dans la nuit, voilà à quoi ça sert. Vitres abaissées, douceur d'après pluie sur nos visages tout le long du trajet. ça sert à parfois discuter, parfois se taire, tout en roulant. ça sert à s'engueuler pour rire.
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" Je vais te dire pourquoi on s'est quittés, Ed pourquoi nous deux, s'est fini. Je vais te l'écrire dans cette lettre, te dire toute la vérité. Et la vérité, Ed, merde quoi, c'est que je t'aimais, et pas qu'un peu. "
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Ces échanges à la noix avec toi, Ed, c’était bon, meilleur que bon. Bafouiller à deux, faire silence à deux, c’était si doux, un luxe inouï, mille fois meilleur que n’importe quel échange à trois cents à l’heure avec qui que ce soit. Au bout de quelques minutes, après avoir bien vasouillé, nos pensées s’accordaient, et la conversation prenait sa vitesse de croisière dans la nuit. Parfois, c’était seulement pour rire, le petit jeu de comparer nos préférences, j’adore ce gour-là, cette couleur est chouette, cet album est nul, ah non, cette émission-là, connais pas, Unetelle est imbuvable, Untel est un con, quoi, tu veux rire ? jamais de la vie, le mien vaut cent fois mieux – petit jeu sans danger, aussi drôle que des chatouilles. (…) Ces soirées au téléphone, Ed, c’était fou, c’était immense, tout ce que nous disions dans la nuit, jusqu’à ce que tard devienne très tard, puis très très tard, et pour finir aller au lit avec mon oreille mâchée, à force d’avoir été écrasé pour t’entendre tout proches ne pas perdre un mot de ce que tu disais, et d’ailleurs dormir à moitié n’avait pas grande importance dans l’obscur ronron de nos journées de galériens séparés. J’aurais foutu en l’air n’importe quelle journée, toutes mes journées, contre ces longues soirées au téléphone avec toi. D’ailleurs, je l’ai fait. Mais c’est pour ça que, d’entrée de jeu, c’était perdu d’avance. Les nuits magiques et murmurées, ça n’avait aucune chance de suffire. Il nous aurait fallu les jours aussi, mais les jours impatients et crus gâchaient tout avec leurs horaires mal foutus, verrouillés, vissés, plus les clans de potes qui se regardaient de travers, plus les trucs arrachés du mur, les énormités à pardonner. Non, les promesses de minuit passé n’y pouvaient rien, et voilà pourquoi nous deux, c’est fini.
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Et mon parapluie, jamais revu depuis ce jour-là, où peut-il être ? Je l'avais sous le bras, le matin. Rends-le moi, Ed, si c'est toi qui l'as, je suis perdue sans lui les jours de pluie, bien qu'on soit en décembre, blizzard annoncé dans les huit jours, ce qui fait que j'ai besoin d'un parapluie à peu près autant qu'un poisson d'un vélo, qu'une anguille d'une paire de bretelles, et qu'une fille encore vierge d'un amoureux. Tant de choses que je ne récupèrerai jamais.
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Je me sentais comme une patate candidate à la présidence, comme un vélo en maillot de bain.
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