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Citations sur Inventaire après rupture (31)

Rien n'a égalé cet instant-là. Pas même ce que tu as réussi à faire avec moi, le souffle court et tout enfiévrée, après que j'ai répondu à ta question suivante, tes doigts et ta bouche si chauds sur moi que je ne savais plus ce qui était toi et ce qui était moi, ce que je n'avais encore permis à aucun garçon parce qu'aucun n'avait demandé si joyeusement, si délicatement mon aide, pas même cela, notre "tout-sauf", notre "pas-jusqu'au-bout" terrifiant et vertigineux rien n'égalait pour moi cette image de toi te tordant de rire. Je ne te l'ai jamais dit, même après t'avoir répété je t'aime tellement de fois ce jour-là, je ne t'ai jamais dis que le grand éblouissement avait été cet instant-là, avant : nous deux riant comme des baleines, ensemble - ensemble comme tout le monde nous disait de ne pas l'être. Je ne te l'ai jamais dit, c'était trop intense, trop fort. Je le peux seulement maintenant, les yeux brûlants de larmes chez Leopardi avec mon ami retrouvé, et c'est une chose à voir seulement dans la lumière de ce matin où nous échangions le même émerveillement.
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J'aurai voulu être à côté de toi, j'aurai voulu que tu t'éveilles, soit lentement, soit en sursaut, soit seulement à demi pour te retourner, murmurer mon nom. J'aurai voulu te regarder pour toujours, ou dormir à côté de toi pour toujours, ou dormir pour toujours tandis que tu t'éveillerais et me regarderais, en tout cas quelque chose pour toujours. J'aurai voulu t'embrasser, t'ébouriffer, poser le bout de mes doigts sur ta hanche nue, chaude et lisse, t'éveiller par ce geste ou te rendormir d'un chuchotis.
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- Et arrête de dire « sans vouloir te vexer » quand tu dis des choses vexantes. Ce n'est pas un passe gratuit, un permis de vexer.  (p.59)
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Cher Ed, dans un instant tu vas entendre un bang. A ta porte de devant, celle où personne ne passe. Et ça la fera un peu trembler, parce que c'est du lourd, ce que je vais y déposer. [...] Le bang, Ed, c'est ce carton. Je te le lègue. [...] Tous les petits souvenirs de cette histoire qui a été la nôtre, les restes de nos semaines ensemble, comme les confettis dans le caniveau après le carnaval, comme les paillettes repoussées du pied sur le trottoir. Tout ce qui est là-dedans, Ed, je te le refourgue. Tout ce qui a été toi et moi. Retour à l'envoyeur. Je largue ce carton sur ton paillasson, Ed, mais en réalité c'est toi que je largue.
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Parce que le jour, c'était le lycée. Le boucan de la sonnerie des haut-parleurs déglingués, jamais réparés. Les sols grinçants, grêlés, tachés, les casiers qui claquent. C'était songer à inscrire son nom en haut à droite de la feuille pour Mr Nelson, sinon il retirait cinq points, et en haut à gauche pour Mr Peters, sinon il en défalquait trois. C'était le coup du stylo qui rend l'âme au milieu d'un devoir et poursuit à l'encre invisible en trouant le papier, ou qui se suicide en se vidant au creux de la main, après quoi on se demande si on s'est touché le visage, au risque d'avoir l'air de sortir d'une mine de charbon bleu.
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(...) le problème avec les désirs du cœur, c'est que le cœur ne sait même pas ce qu'il désire, jusqu'à ce que l'occasion se présente. Comme une cravate dans un vide-greniers, perfection même au fond d'une caisse de nullités, tu étais là sans être annoncé, et à présent tu devenais mon seul désir, le cadeau absolu. Je n'avais rien cherché, je ne t'avais pas cherché, et à présent, là, dans la pénombre, tu étais tout ce que mon cœur voulait.
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Quelle conne j'étais de me prendre pour ce que je n'étais pas, quelle pauvre naze de me figurer que trois brins d'herbe font une jolie vue, que se faire embrasser rend embrassable, qu'aimer le cinéma fait de vous un cinéaste, qu'un carton de petites merdes est un trésor, qu'un garçon qui vous sourit est sérieux, qu'un moment doux est une vie plus belle.
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Va savoir ce que c'est, une espèce de graine, une gousse, une capsule, une licorne surgie de ce sous-bois rien qu'à nous. La mettre dans l'eau, peut-être, voilà ce que j'aurai dû faire, et qui sait ce qui en serait sorti, sorti de cette chose venue du parc où je t'ai aimé, Ed, aimé de toutes mes forces.
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Le bang, Ed, c'est ce carton. Je te le lègue. Je l'avais remonté du sous-sol pour y fourrer nos trucs, parce que ça faisait trop pour mon pauvre tiroir. En plus, j'avais peur que Mom tombe dessus ; pour fouiner dans mes affaires, elle est championne. Donc, tout est allé dans le carton, et le carton au fond de mon placard, sous les chaussures que je ne mets jamais. Tous les petits souvenirs de cette histoire qui a été la nôtre, les restes de nos semaines ensembles, comme les confettis dans le caniveau après le carnaval, comme les paillettes repoussées sur le pied du trottoir. Tout ce qui est la-dedans, Ed, je le refourgue. Tout ce qui a été toi et moi. Retour à l'envoyeur. Je largue ce carton sur ton paillasson, Ed, mais en réalité c'est toi que je largue.
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Et c’est cet instant doux, cet instant si beau qui m’a fait revenir à toi, Ed. On est resté là une minute, puis on s’est remis en mouvement. L’herbe était épaisse, nos mains se sont séparées, mais on marchait de front, en route pour le restant de cette sale nuit.
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