Citations sur Le Chant du rossignol (66)
- Tu vas regretter d'avoir fait ça, dit-il.
Comment pouvait-il dire cela ?
- Jamais. Et toi, tu vas le regretter ?
- Je le regrette déjà, dit-il tout bas.
Puis il l'embrassa encore.
C'était la plus grande vérité dans le monde de Vianne. Elle aimait tout chez cet homme, son sourire, sa manière de marmonner dans son sommeil, de rire quand il éternuait et de chanter des airs d'opéra sous la douche.
- (...) Est-ce que ouvre une bouteille de cognac maintenant, ou du gin ?
- Il est 10 heures du matin.
- Tu as raison. Evidemment. Un French 75.
Les femmes continuent d'avances. Pour nous, ça a été une guerre de l'ombre. Il n'y a pas eu de parade pour nous quand ça s'est fini, ni de médailles ou de mentions dans les livres d'histoire. Nous avons fait ce que nous devions pendant la guerre, et quand elle s'est terminée, nous avons recollé les morceaux et recommencé nos vies.
Elle avait lu d'innombrables romans d'amour dans sa vie et elle rêvait d'amour depuis toujours: malgré cela, elle n'avait jamais su qu'un simple vieux matelas deux places pouvait de venir un monde en soi, une oasis.
- Tu devrais peut-être faire une pause. Laisser quelqu'un d'autre aller dans les montagnes à ta place.
Elle lui adressa un regard éloquent. Les gens disaient-ils des choses comme ça aux hommes ? Les femmes faisaient partie intégrante de la Résitance. Pourquoi les hommes ne pouvaient-ils pas concevoir cela ?
Elle avait envie de lâcher sa main, mais c'était difficile. Elle avait cette peur affreuse et irrationnelle que, si elle le lachait, elle ne le toucherait plus jamais et cette pensée la paralysait.
- J'espère que tu ne sauras jamais à quel point tu es fragile, Isabelle.
- Je ne suis pas fragile, dit-elle.
Le sourire qu'il lui adressa en était à peine un.
- Nous sommes tous fragiles, Isabelle. C'est ça qu'on apprend à la guerre.
- [...] Vraiment, papa, ça te rend paranoïaque de travailler pour l'ennemi.
Il se tourna vers elle. Dans le halo de la flamme, il avait les traits tirés et l'air exténué.
- ça ne te ferait pas de mal d'avoir peur, tu sais ?
Etait-ce une menace ?
- De toi, papa ? Ou des nazis ?
- Tu es une imbécile. Dieu merci, ta mère n'est plus là pour voir ce que tu es devenue.
Isabelle se sentit terriblement blessée.
- Ou toi, papa, dit-elle. Ou toi.