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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« - Je te raconte tout ça pour que tu comprennes que j'ai besoin de le faire…Partir là bas, ce n'est pas simplement réaliser ses dernières volontés…c'est surtout me libérer et avancer ! »

L'ampleur du saccage…. Je dirais les saccages….saccages des corps, saccages des âmes, saccages des vies, saccages humains….

A lire le titre, à lire le mot de l'éditeur, à regarder la couverture terne, grisâtre, montant un enfant nu de dos maigrichon, penchant la tête de côté, il y avait de quoi avoir quelques à priori quant au contenu.
Le sujet est lourd, les paroles sont souvent insoutenables, les faits à peine croyables…
La construction de ce court, et c'est une heureuse initiative, et pesant roman, est chaotique, comme le sont les vies de nos 4 personnages. L'auteur saura, au fur et à mesure mettre en place un puzzle aux pièces complexes, tortueuses, mais qui finalement s'emboitent bien. C'est un des aspects du livre que j'ai apprécié.
La narration est une sorte de quatuor. Comme en musique où les instruments ont tour à tour la parole, Arezki le meurtrier, Si Larbi son tuteur, Ryeb le gardien de prison, et Riddah le directeur de prison ont leur propre partition à l'intérieur de laquelle le passé resurgit au détour de paragraphes.
De nos personnages qui au départ nous paraissent indépendants les une des autres, nous apprendrons, qu'ils sont liés entre eux par de terribles secrets, prisonniers d'une éducation où la tradition, les non dits, la violence sont les fondations.
Ce mode narratif multiple, chaotique correspond en tout point à l'atmosphère du livre.
L'auteur emmène son lecteur sur les chemins de l'enfance sacrifiée, de l'errance et de déracinement de l'étranger, du retour aux origines, de la destruction humaine inexorable.

En laissant décanter un peu , et en tentant de rassembler mes idées, mes réflexions, et finalement en y pensant souvent après, je me dis que c'est finalement ça un coup de coeur : un livre dont le sujet n'enthousiasme pas forcément mais qui laisse des traces, un livre que j'aimerais faire voyager, non pas pour le faire aimer, mais simplement le faire découvrir, pour faire parler ceux qui le liront, en bien ou en mal…car il en restera forcément quelque chose.
Je remercie Libfly et le furet du nord qui m'ont offert la possibilité de lire avant tout le monde cet ouvrage de la prochaine rentrée littéraire.

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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La talentueuse Kaoutar Harchi, la belle et élégante dame, par son style d'écriture bien particulier et envoutant, ne m'a jamais laissé indifférent à ses trois beaux romans.
Et je n'en sors jamais indemne, ceux-ci me laissant toujours une griffure.


Et même si les âpres récits de Kaoutar, restent centrés sur le thème de la détresse humaine, ils sont toujours excellemment bien écrits, par une plume fluide et poétique. Mais surtout c'est la profondeur des personnages qui me donnent souvent le vertige.
« L'ampleur du saccage », est encore un roman particulièrement tortueux, à l'atmosphère superbement pesante et désespérante.


Kaoutar Harchi m'a happé une fois de plus, par son histoire larmée de tristesse.
L'auteure s'est glissée dans chaque personnage dont elle fait un portrait tragique.
Des êtres tous démolis, fracassés, bousillés par la vie, à l'image d'Areski.
Areski, un jeune orphelin de trente ans, muré dans sa tour de béton grise et vide, quelque part dans Paris. Avec sa solitude qui l'étouffe, sa misère qu'il crache sans pouvoir s'en défaire, et surtout l'ombre du visage de sa mère inconnue qui le hante.


Il y a aussi Si Larbi, un chauffeur, lui aussi déjà usé par la vie. C'est lui qui loge et veille comme un père, comme un frère depuis très longtemps sur Areski.
Si Larbi, rongé par un énorme secret qui le lie au jeune homme et qu'il ne peut pas lui confier.
Si Larbi avec des souvenirs d'enfance en lambeaux, de Nour sa mère, une prostituée d'Alger qui ne s'occupait pas de lui et que tous les hommes convoitaient, désiraient.


S'en suit Riddah, sans père ni mère, aujourd'hui directeur de prison. Un ami d'enfance de Si Larbi dont il partage aussi de lourds secrets. Riddah qui fuira, il a trente ans Alger avec son ami, en laissant derrière lui des vies s'effriter.


Puis il y a Ryeb, issu lui aussi de travailleurs pauvres algériens, débarqués en France dans les années 50. Un veilleur de nuit, qui est lui aussi hanté par le souvenir de sa mère, la Folle, la cancéreuse. Ryeb avec la peur effroyable que ce mal vienne aussi le détruire.


Ces quatre hommes, tous liés à jamais dans leurs souffrances, dans leurs regrets, dans leur culpabilité et surtout pour certains dans des secrets glauques qu'ils voudraient oubliés. Ces secrets si pesants qu'ils imprègnent leur rêve, leur âme et leur peau
Quatre hommes qui affronteront les ruines de leur passé.


Il y aura un premier drame, infâme.
Une ruelle sombre et humide.
Une jeune fille que l'on viole.
Du sang qui gicle sur le trottoir.
Un crâne qui résonne et des mains qui tremblent.
Une fuite insensée à perdre haleine dans la capitale hostile.
Ferry et retour case départ à Alger.


Il y aura un avant premier drame, immense, il y a trente ans, dans cette cour d'Alger.
Une femme, une mère git au sol.
Seulement deux jambes et un sexe offert.
Un cercle de mâles excités, affamés et le sexe bandé.
Deux ombres, deux témoins qui s'approchent, ruisselantes elles aussi d'une sueur abjecte...
Puis un long silence.
Un fantôme sur le sol. Un corps saccagé, désarticulé et couvert immondes souillures.
Et de ce viol bestial dans cette nuit de folie, un enfant naîtra.


Puis c'est un dernier drame intense où la colère a envahi les âmes et les corps.
Deux frères se font face. Une lame jaillit. Une gorge béante vomit son sang.


Un hôpital psychiatrique. Un dépossédé de son identité avec ses médicaments qui l'abruti, qui le font délirer, qui le font halluciner.
Et puis il y a cette visite où ces deux hommes torturés, disloqués par tant de misère et oubliés du monde, parlent chacun de leur mère.


Au loin là-bas, mais très loin, hideux, poisseux, le visage du désespoir rit toujours…
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Quatre hommes, Si Larbi et Areski, père et fils ou tout comme, Ryeb, le gardien pénitentiaire et Riddah, le directeur de la prison, dont les destins sont liés, sans qu'ils le sachent ou malgré qu'ils s'efforcent de l'oublier. Ils vont se retrouver pour un voyage, ou plutôt une fuite, vers leur Algérie natale. Pour l'un, recherche de la mère, Nour, fille de joie martyrisée lors d'une expédition punitive tournant au lynchage. Pour l'autre, recherche de la mémoire d'un père "suicidé" dans un puits au cours de la guerre d'indépendance. Que vont-ils trouver au bout du chemin, dans un pays qu'ils ont quitté depuis tant d'années ? Des images insoutenables parsèment ce récit de souffrance, écrit dans une langue finement ciselée. Un bonheur d'écriture, un cri.
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Un livre très fort et très original.
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Voici un roman beau et violent. Beau, car il narre la quête de 4 hommes depuis Paris jusqu'à Alger, sur les traces de leur passé qui conditionne leur destin. Violent, car l'Acte Premier, le viol et le vol de l'enfant, les causes de cette manifestation de folie, sont des passages dures.

L'histoire vous prend aux tripes dès les premières lignes, vous embarque dans un monde de délires, de non-dits.

La plume de Kaoutar Harchi n'est jamais insistante, mais sait décrire et expliquer l'ampleur du saccage.

De l'Algérie, l'auteure soulève un pan du voile de l'histoire de ce pays si loin, si proche.

L'image que je retiendrai :

Celle d'Arezki, personnage central dérangé du roman, et point de départ vers lequel tout converge (j'espère que je n'en ai pas trop dit...)
Lien : http://motamots.canalblog.co..
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Des hommes se retrouvent après des crimes en Algérie et tentent de se reconstruire,en vain. Très bien écrit
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Le mystère erre dans le désert, autour d'un puits comblé par les cendres d'un suicidé. Et non loin se dresse une maison aux murs repoussés par l'horreur, où la tragédie se jouera des hommes par deux fois, la deuxième nourrie par un secret lourd d'une vingtaine d'années.

Fuir ce secret, dans les années passées de l'autre côté de la Méditerranée, sous la tôle froissée par les pluies glacées, l'âme esseulée dans un troupeau de pantins désarticulés. Présence au goût métallique, le sang n'est jamais loin du silence. Si Larbi veille et fuit Arezki, Riddah s'occupe des gardiens de la prison comme de ses fils, et Ryeb doit réunir des souvenirs autrefois amoureux.

Quatre hommes liés par l'indicible, femme au parfum de cendres d'un feu mal éteint qui consume depuis vingt les chairs privés d'affection. Gangrène des sens, hormones violemment réprimées, un ventre profané expulse la folie noyée de chagrin et d'alcool.

Aucun oasis pour reprendre son souffle, pour échapper à l'aridité de la phrase, au rythme quasi hypnotique. Écriture aiguisée comme un bout de métal affuté, qui grave à jamais dans les chairs l'écho du mystère enfin dévoilé. Spirale infernale, nul salut possible, sauf dans le sang. Et, peut-être, dans le Verbe.
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Les bouches frôlant les oreilles, les hommes racontaient que dans la soirée du vendredi, à l'heure où l'appel du muezzin retentit, vêtus comme des femmes, ils s'approcheraient de la maison de la belle Nour et, feignant de lui réclamer quelques morceaux de pain, ils se jetteraient sur elle. ( …)
La vie de ces jeunes, c'était survivre à un système en guerre contre leurs désirs, les condamnant à une chasteté illusoire, sorte d'aphasie libidinale désastreuse qui les forçait à considérer le corps des femmes comme une denrée rare et précieuse sur laquelle il fallait se jeter avant la prochaine famine .
Lien : http://www.bretstephan.com
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C'est un récit à quatre voix : Arezki vit en reclus au sommet d'une tour de banlieue depuis trente ans. Il est élevé par un chauffeur routier du nom de Si Larbi . Arezki est angoissé par ses origines et par le désir des femmes.

Un soir, après être descendu de sa tour, il commet un meurtre, est arrêté, s'attend à passer de longues années de prison avant que Riddah, directeur de la prison où il est incarcéré, ne l'aide à s'enfuir. Il est alors recueilli par Ryeb, un gardien de la paix dont la mère vient de décéder. Ces quatre hommes sont unis par une terre : l'Algérie et veulent s'y rendre pour surmonter ce drame ; ils sont obsédés par la présence de Nour, personnifiant tout à la fois la figure maternelle et la tentation.

Kaoutar Harchi , dans ce roman, s'extrait rapidement de la restitution d'un fait divers pour parvenir à des données essentielles du mode de vie du pays décrit .Ainsi met-elle l'accent sur le rôle de la répression sexuelle , sur l'asservissement de la femme :
« Les bouches frôlant les oreilles, les hommes racontaient que dans la soirée du vendredi, à l'heure où l'appel du muezzin retentit, vêtus comme des femmes, ils s'approcheraient de la maison de la belle Nour et, feignant de lui réclamer quelques morceaux de pain, ils se jetteraient sur elle. ( …) La vie de ces jeunes, c'était survivre à un système en guerre contre leurs désirs, les condamnant à une chasteté illusoire, sorte d'aphasie libidinale désastreuse qui les forçait à considérer le corps des femmes comme une denrée rare et précieuse sur laquelle il fallait se jeter avant la prochaine famine »
Cette misère affective et sexuelle, composante essentielle du roman éclaire sans bien sûr la justifier, la cruauté de l'acte meurtrier :
« Nous étions les piliers de ces déserts et nous n'avions le droit que de regarder. Nos pantalons étaient lourds de frustrations millénaires .Le adultes se tuaient entre eux .Et les enfants que nous étions réclamaient aussi de tuer. »

Autre point digne d'intérêt : la situation historique de ce voyage effectué par les quatre personnages en Algérie, que l'auteur semble situer en 1954, à la veille du déclenchement de la guerre d'indépendance. Elle réussit magnifiquement à croiser le destin de ces hommes, la petite histoire, avec la grande, celle de l'Algérie à la veille de s'embraser :
« Dans le pays, la rébellion contre l »ordre colonial grondait .Toutes les villes se préparaient pour la lutte (…) Nous avons profité de la grandeur des drames de l'histoire pour y dissimuler les nôtres, plus modestes(…) Nous avons traversé la mer, préférant le naufrage à la vie en Algérie .C'était en 1954. »

Il y a du Kateb Yacine dans ce récit, une symétrie avec, Nedjma, par l'adoption par l'auteur de la centralité du personnage Nour, la lumière en résonance avec celui de Kateb Yacine dans son roman. Ouvrage dérangeant, L'ampleur du saccage trouve une résonance d'une actualité brûlante et immédiate .Ce n'est pas le moindre de ses mérites.



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