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Critique de berni_29


Le seuil du jardin a été pour moi une manière de prolonger ma rencontre avec cet auteur un peu oublié aujourd'hui, André Hardellet. Après le texte très sensuel et excitant de Lourdes, lentes, je me suis dit en abordant le seuil du jardin, ah ! que voilà un magnifique titre pour un récit érotique. Or, ici il n'en est rien contrairement au précédent livre et contrairement donc à l'intitulé du livre.
Cependant, le seuil du jardin évoque déjà des chemins de traverse, l'abord d'un autre monde, d'un autre versant, la barque qu'on pousse avec l'élan du pied sur la terre encore ferme qu'on quitte pour aller chercher l'autre rivage plus incertain.
Le seuil du jardin, c'est l'enchantement qu'il y a à venir accoster sur l'autre versant qu'on ne connaît pas encore.
Le seuil du jardin, c'est l'atmosphère d'un Paris qui n'est plus, il y a un côté titi parisien très touchant ici, et puis celui des bistrots, du zinc, des voyous, des petites frappes, des clandés, l'univers de Francis Carco par exemple auquel je suis très sensible ; nous sommes dans une pension de famille tenue par une personne chaleureuse et bienveillante qu'on appelle familièrement Maman Temporel. Alors, je me suis brusquement souvenu qu'un certain Guy Béart chantait cette très belle chanson intitulée « Bal chez temporel », dont le titre m'était resté un peu énigmatique durant très longtemps, autant vous le dire, depuis toujours. J'ai découvert depuis peu qu'André Hardellet avait écrit les paroles de cette chanson.
J'ai franchi le seuil du jardin et je suis entré dans un monde empli d'alcools, de fumées de cigarettes, effleuré par la douceur d'un regard aimé, étreint de mélancolie et de nostalgie. Il y a bien sûr une histoire, et quelle histoire ! Quelque chose qui vient brusquement s'inviter comme un air de fantastique.
André Hardellet m'offre l'occasion d'un regret : ah ! comme j'aurais aimé boire des verres sur un vrai zinc digne de ce nom et tailler une bavette avec l'auteur et ses amis, des copains comme Georges Brassens ou René Fallet et évoquer le temps qui passe...
Et puis, je le dis comme cela, j'y ai naturellement lu ici une lecture cruelle sur notre société.
Le seuil du jardin est le premier roman d' André Hardellet. le nom vient d'un tableau qu'un des locataires de la pension vient de peindre, un certain Stève Masson, une toile représentant une porte fermée donnant sur un jardin. Au bout de ce jardin, une autre porte... C'est un rêve qui lui a inspiré ce décor. C'est dire... Une porte, une seconde porte et voilà un chemin qui se dessine, presque onirique, comme je les aime...
Tout se mêle, tout prend forme au sein de cette pension de famille où l'amour s'invite en la personne d'une belle Hélène, où le mystère aussi s'invite lorsqu'un locataire, un certain Swaine, avec lequel Masson va se lier d'amitié, arrive dans cette pension, sa chambre occupe une surprenante machine inventée par ce locataire et qui ronronne. La beauté d'une peinture et les rouages d'un appareillage étrange vont brusquement se retrouver dans un chemin poétique, onirique, violent aussi, semé de convoitises, de troubles, d'espérance aussi qui peuvent dépasser les seuls objectifs des protagonistes.
D'un côté il y a une toile qui évoque le bonheur perdu et de l'autre côté, il y a une chambre où gît une étrange machine qui permet de revenir vers ce bonheur perdu. L'amitié de Masson et de Swaine est belle car elle va construire un magnifique chemin entre le rêve et l'improbable. Qui n'a pas rêvé un jour de disposer d'une machine capable de raviver nos souvenirs ?
Il suffit parfois d'un tableau, d'un paysage offrant une porte, nous n'avons pas encore la clef pour passer de l'autre côté du paysage, et brusquement une rencontre le permet, ou plutôt une rencontre donne l'espérance que c'est peut-être possible...
Le seuil du jardin est une manière riche de concilier le temps de l'un et celui de l'autre...
J'ai aimé ce roman atypique sorti tout droit de l'imaginaire d'un poète, que dis-je, d'un humaniste.
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