Personne ne veut du jeune Jude, c'est un enfant encombrant. Lui-même sait qu'il ne devrait pas vivre. Alors, il va tenter de se rendre utile et, s'apercevant que son destin est entre ses seules mains, il décide de se consacrer à son éducation, en vue d'intégrer un jour l'un de ces établissements prestigieux à Christminster qui forment l'élite de demain. le temps passe, l'enfant devient un jeune homme plein d'ambitions intellectuelles qui se voient pourtant brisées à cause de sa modeste naissance. Et puis vient Sue, sa cousine. Il en tombe éperdument amoureux dès qu'il aperçoit son portrait. Tous deux vont alors vivre une histoire insolite et assurément trop moderne qui heurte les dogmes religieux et la bienséance sociale de l'époque...
Par où commencer quand on s'attaque à
Jude l'obscur ?
Ce roman souffle le vent de la modernité, jugée trop débridée et inconvenante dans le siècle du christianisme tout puissant.
Ce roman encense la culture et l'érudition, amène à sortir de l'obscurantisme religieux et invite l'Homme à dépasser des acquis au profit du progrès.
Ce roman montre le déchirement d'un couple qui n'appartient pas à un monde emmuré dans les convenances.
C'est le roman sur l'amour, le mariage, le sacrifice, la perte inconditionnelle de soi et la rédemption. Sur la différence, le rejet, les castes sociales, les divergences. Sur la mort, la folie, la destruction. Sur la religion castratrice ; sur la philosophie de vie ; sur la société traditionaliste.
Qui est l'obscur, dans ce roman ? La société pour Jude, Jude pour la société ? Seul contre tous les autres, c'est lui qui est un incompris, alors qu'il fait lui-même face à l'obscurantisme religieux de l'époque qui souhaite de tout coeur retarder au maximum l'évolution des pensées vers une modernité considérée comme libertine. Lui qui commence seul le début de sa vie et la termine tout aussi seul, physiquement et dans ses idées, face à une brebis qui l'aura un temps accompagné avant de se croire totalement égarée. Hardy présente un cercle de vie complexe, des personnages qui vont et viennent dans leur destin, sans jamais trouver une issue ensoleillée dans cette vie jalonnée d'obscurité.
Les thèmes de ce livre sont vraiment puissants. Mais ils sont tellement nombreux et noyés dans beaucoup de verbiage qu'il est difficile de tout analyser.
Ce que je regrette dans ce roman, c'est sa longueur, le temps phénoménal que passent Jude et Sue à se tourner autour. Et surtout, le personnage de Sue, inconstant, toujours à réclamer la sympathie, elle qui ne sait jamais ce qu'elle veut et qui manipule pour un oui ou pour un non, elle qui croira expier ses fautes dans la religion mais en faisant tout de travers. Je regrette également la passivité de Jude et Phillotson qui accordent à Sue absolument tous ses caprices, la fatalité du premier face à la mort de ses enfants, la magnanimité de l'autre.
Le texte est beau (sa traduction légèrement datée sur les dialogues), avant-gardiste sur le fond. Un bel essai, malgré les longueurs.
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