Ca serai moins douloureux si je ne l’aimais pas. Quelle ironie n’est-ce pas ?
La joie de connaître Bailey et de l’aimer fait partie de la souffrance de la perte. On ne peut pas avoir l’un sans l’autre.
(...)
Réfléchis-y. Il ne peut pas y avoir de peine s’il n’y a pas eu de joie. Je ne ressentirais pas de perte si je ne l’avais pas aimé. Tu ne pourrais pas effacer ma douleur sans effacer aussi Bailey. Je préfère souffrir maintenant plutôt que de ne l’avoir jamais connu. Il faut juste que je n’oublie jamais ça.
Je pense que c'est pour ça qu'elle a toujours aimé autant lire, poursuit Bailey. Les livres te permettent d'être qui tu veux, de ne plus être toi-même pendant un moment.
Fern sourit un peu, hésitante. Elle se demande si Ambrose comprend où elle veut en venir. Le jeune homme ne réponds pas.
- Peut-être que nous sommes une pièce de puzzle, poursuit-elle. On s'emboîte tous pour former cette expérience qu'on appelle la vie. Aucun de nous ne comprend le rôle qu'il joue ni n'imagine à quoi ça va ressembler au final. Peut-être que ce qu'on appelle miracle n'est que la partie émergée de l'iceberg. Et peut-être qu'on n'est pas capable de voir les choses merveilleuses qui naissent des tragédies.
Si Dieu façonne nos visages, a-t-il ri quand il a créé le mien ?
Façonne-t-il des jambes qui ne marchent pas et des yeux qui ne voient pas ?
A-t-il bouclé les cheveux sur ma tête jusqu'à ce qu'ils se rebellent sauvagement ?
Clot-il les oreilles du sourd pour le rendre dépendant ?
Mon apparence est-t-elle un hasard ou un mauvais coup du destin ?
S'il m'a façonnée, ai-je le droit de le détester pour tout ce que je n'aime pas chez moi ?
Pour les défauts qui s'aggravent chaque fois que je me contemple dans un miroir,
Pour ma laideur, pour le mépris et pour la peur ?
Nous sculpte-t-il pour son plaisir ou pour accomplir un dessein qui m'échappe ?
Si Dieu façonne nos visages, a-t-il ri quand il a créé le mien ?
Si le chocolat noir pouvait chanter, il chanterait comme Ambrose Young.
- Parce qu'il nous arrive de tomber amoureux d'un visage et non de ce qu'il dissimule. Ma mère avait l'habitude de garder la graisse de la viande quand elle cuisinait et elle la stockait dans une boîte dans le placard. Pendant un certain temps, elle a utilisé une boîte qui avait d'abord contenu de gros cookies recouverts de pralines et fourrés à la crème de noisettes. Tu sais, ceux qui sont très chers. Il m'est arrivé plu d'une fois que j'avais enfin mis la main sur la cachette à biscuits de ma mère et, chaque fois que j'ouvrais le couvercle, je tombais sur un tas de graisse répugnante.
Elliot se mit à rire en comprenant ou le pasteur voulait en venir.
- L'emballage n'a guère d'importance, hein ?
- Exactement. Je voulais des cookies mais cette boîte était une publicité mensongère. Je pense qu'un beau visage est parfois de la publicité mensongère, et nombre d'entre nous ne prennent pas le temps de soulever le couvercle.
Bailey lui a appris à aimer et à relativiser, à vivre dans l'instant, à dire tout le temps "je t'aime" et à le penser vraiment. Et à être reconnaissant pour chaque jour vécu.
Je suppose que ça veut dire qu'on ne peut pas tout comprendre. Peut-être que nous n'aurons pas la réponse à nos questions dans cette vie. Non pas parce qu'il n'y a pas de réponse, mais parce que nous ne sommes pas apte à les entendre.
Peut-être que nous sommes une pièce de puzzle[...]. On s'emboite tous pour former une expérience qu'on appelle la vie. Aucun de nous ne comprend le rôle qu'il joue ni n'imagine à quoi ça va ressembler au final. Peut-être que ce qu'on appelle miracle n'est que la partie émergé de l'iceberg. Et peut-être qu'on n'est pas capable de voir les choses merveilleuses qui naissent des tragédies.
Perdue, parce que seule c'est pour toujours et que quelque chose de perdu peut être retrouvé.