J'ai encore des lambeaux d'enfance... Ce sont des petits coins de sauvagerie dans un jardin bien cultivé, et je crois que j'y tiens.
Comme c'est étrange ! Comme cela m'est incompréhensible ! Il me paraît si naturel de toucher ceux que l'on aime, de caresser leurs cheveux, de baiser leur joue ! Clarisse ne peut pas, et c'est tout. Elle aime quand même.
Vous écrire, c'est-à-dire être en pensée auprès de vous, ne console pas de la distance, mais au moins je peux imaginer que vous m'ouvrez les bras.
Santé, argent, amour : ce sont les trois thèmes dont traitent les horoscopes, ce qui prouve qu'il n'y a rien d'autre.
L'humanité est longue, mais l'homme est si court ! Il doit se résigner à n'être qu'un maillon et aimer la chaîne dont il fait partie : quelle horreur !
Et puis, les Mortels me font tellement pitié ! Leur vie est si courte et leur ambition si grande que chacun aurait besoin de plusieurs siècles pour la réaliser.
-Ma foi, Madame, il n'y a pas grand peine. Je me suis toujours demandé pourquoi, hors l'amour qui fait tout endurer, une femme se donne la fatigue de mettre un homme dans son lit. Cela tient éveillée quand on a sommeil et s'endort quand on voudrait causer.
A peine sont-ils sortis de l'enfance que l'âge adulte les requiert, à dix-huit ans ils prennent les décisions qui engagent leur vie et meurent avant d'avoir accompli la moitié de leur rêve.
Le temps est une notion si étrange. J’avais quinze ans, je regardais une étoile et je me disais que les photons qui frappaient ma rétine l’avaient quittée des milliers d’années plus tôt : ils étaient mon présent et le lieu d’où ils venaient ne ressemblait en rien à ce qu’il était au moment du départ. En cet instant, d’autres s’élancent, qui arriveront dans cent mille ans : où est maintenant ? Et même : y a-t-il un maintenant dans l’univers ? Cette nuit le ciel sera clair, je pourrais m’asseoir devant un télescope et regarder : je verrais le passé pendant que, là-bas, une image s’envole à travers le cosmos et commence à voyager, voyager… L’éternité est partout. Mes quinze ans sont partis, ils traversent l’espace, peut-être quelque part quelqu’un a un télescope si puissant qu’il me regarde regarder sa planète. (p. 119-120)
on dit qu'un homme averti en vaut deux, je doute que quatre milliards -bientôt cinq paraît-il- en vaillent huit.