De temps à autre, elle entrevoyait pendant une milliseconde la possibilité de la folie.
Ses lectures avaient appris à Sarah que de nos jours la chasse répugnait à beaucoup de gens mais, dans la région qu'elle habitait, la chasse faisait partie de la vie de tous les jours.
La vie m'a mis sur la touche pour que je puisse l'observer.
Elle, qui avait lu tant de nouvelles et de romans, s'irritait d'écrire essentiellement sa propre histoire au jour le jour.
Marcia raconta qu'en se réveillant à l'aube, elle avait vu un coyote chasser dans le pré une brebis qui traînait la patte.
"Par la fenêtre de ma chambre, j'ai fait faire un saut périlleux à ce fils de pute avec ma .280", ajouta Marcia.
Une fois de plus elle se sentait complètement vide et, en regardant son père, elle se demanda si lui aussi abritait dans son esprit ces lieux vides et froids, ainsi que tous ces points d'interrogation métalliques, ou bien si son mental était plein et harmonieux.
Elle se sentait souvent incapable d'assumer sa propre le poids de sa propre existence, et il était alors merveilleux de se réfugier dans les livres.
Sarah écrivait qu'elle adorait lire des romans parce que les émotions des personnages "supplantaient" l'intérêt qu'elle portait aux siennes.
Dans cette partie reculée du Montana, on oubliait aisément l'existence de toutes sortes de gens dont on entendait seulement parler en écoutant la radio publique nationale.
Un soir où Sarah approchait sans arrêt son visage de celui du vieux cow-boy pour voir s'il respirait, enfin, juste avant minuit, il cessa de respirer. Elle crut réellement voir flotter l'esprit du défunt s'élever et sortir en flottant par la porte ouverte, passer au-dessus de la tête de Vagabonde, qui se retourna pour la regarder.