Citations sur La Fille du fermier (106)
1986
Elle était née bizarre, du moins le croyait-elle. Ses parents avaient mis de la glace à la place dans son l'âme, ce qui n'avait rien d'exceptionnel. quand tout allait bien, cette glace semblait fondre un peu; mais quand tout allait mal, la glace gagnait du terrain. (p. 9)
Apparemment, les hommes ne guérissent jamais des femmes. A Purdue mon professeur de philosophie disait que le truc le plus dur pour les gens, c'est la vie non vécue. (p. 38)
Après deux heures seulement de voyage, tout lui sembla flambant neuf et elle oublia d'où elle venait. Le Montana était peut-être immense, mais il vous enfermait. Maintenant, le monde ouvrait enfin ses fenêtres pour elle. elle connaissait par coeur une phrase d'Emily Dickinson qui tombait à pic. :" la vie est si étonnante qu'elle laisse peu de temps pour autre chose" (p. 96)
Dans les mauvais romans il se passait des tas de choses, mais beaucoup moins dans les bons.
"Je sais que Terry ne t'a jamais donné de poésie à lire, parce que dans cette région le moindre sentiment profond passe pour ridicule".
En mettant les pommes de terre au four et en préparant la tourte au gibier, Sarah réfléchit à la perplexité où la plongeaient les poèmes de Wallace Stevens ; or le sentiment de trouver une solution la faisait toujours penser à une chose à laquelle elle n'avait jamais pensé auparavant. Elle se rappela alors un rêve troublant de la nuit précédente et se dit tout à trac qu'elle devait faire grandir sa vie pour que son traumatisme devienne de plus en plus petit.
Son père lui rappelait sans cesse qu'il lui faudrait trouver un métier et que, même si ses lectures étaient bonnes pour elle, les sciences lui permettraient de gagner davantage d'argent. De fait, elle avait réfléchi à ce problème. Tous les romans qu'elle lisait mettaient son esprit en ébullition, d'autant que c'était là son seul moyen de connaître la vie en dehors du trou perdu où elle habitait. Les sciences étaient aussi pures que le désert qu'elle n'avait jamais vu. (p. 29)
Ses études par correspondance avaient développé chez elle l'âme d'une solitaire, et sa vie s'était écoulée sans cette dizaine de tocades adolescentes qui font la jonction entre l'enfance et la puberté, cette terrifiante injustice qui veut qu'on tombe amoureuse d'un être qui ne remarque même pas votre existence.
Bien que tenu par la bride, il avança vers l'autre animal, les oreilles rabattues en arrière et en claquant des mâchoires. On ne sait pas assez que les chevaux, comme les gens, sont parfois sujets à des haines instantanées.
Dans son rêve, elle apprenait l'équitation au beau cow-boy mexicain qui avait fait descendre l'étalon au bas d'une remorque sur le ranch des Lahren. Elle le saisit à bras-le-corps quand il mit le pied à terre et il glissa durement contre le ventre et la poitrine de Sarah. C'était agréable en rêve, mais quand elle se réveilla à demi, Sarah eut envie de vomir.
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