Lorsque le cortège des tueurs a atteint Rugunga, Isidore Mahandago est sorti de sa cour. Il habitait près de chez moi. En agrippant son bâton de vieux, il s’est avancé sur un groupe de jeunes gens attisés par les coupages, il s’est tenu droit : “Cessez de couper nos avoisinants Tutsis, renoncez à tout ce sang que vous vous apprêtez à verser, il vous reviendra en châtiment.” Ces mots les ont fâchés. Un nommé Samaritain a levé sa hache, il l’a abattu.
Être sauvée par lui d'une façon inimaginable, être allée le chercher à pied jusqu'à Gikongoro sans un petit baluchon pour le rechange, ça bouscule quand même les sentiments. C'était la gentillesse invincible.
Les gens me parlent bien de mes parents. Mais au moment des commémorations, personne ne dit plus rien sur eux, personne pour prononcer leurs noms. Plus de mémoire. ça me cause un chagrin profond.
La gentillesse sans contraintes, elle ne te déçoit pas.
Est-ce que je pouvais le dénoncer ?
Espérance Uwizeye
La parcelle donnait, on était riches puisqu'on manquait de rien.
Espérance Uwizeye
Rarissime héros est un euphémisme sur les collines de Nyamata, car, on l'a vu, les premiers opposants ont été balayés par la soudaineté de la mobilisation meurtrière dès les premières heures jusque dans les paroisses et clubs de football, dispensaires et coopératives.
A quoi bon se gâcher avec ces personnes. La déception, je m'y attarde plus autant. Je retourne à la prière. Prier, c'est ce qu'on m'a appris, c'est ce que je sais faire et qui me rapproche des autres un petit moment. Je pense toutefois que ces histoires de prières n'importent plus tellement. De toute façon, aucun pardon n'est possible.