Rollon soupira.
Son tort était d'avoir cru que sa vie pourrait prendre un nouveau départ.
À ceci près qu'elle ne lui appartenait plus.
La forêt lui avait mangé le cœur.
Il avait beau la supplier, elle refusait de le recracher.
Seuls, nous dérivons. Ensemble, chacun devient l'ancre de l'autre.
p.375.
[Une fois la confiance rompue.]
[Il n’est plus de dialogue possible.]
La nature était une orfèvre, offrant des bijoux aux aveugles.
Fuir n'était pas toujours la meilleure idée. Fuir, c'était choisir de devenir le gibier.
Ce n'est pas parce que dame Hölle a le pouvoir de manipuler les rêves des autres que cela lui en donne le droit.
"Jadis, l'histoire du petit peuple s'écrivait au rythme des saisons. Les Faëes ne croyaient pas à la nouveauté. Les montagnes poussaient et s'érodaient, les rivières changeaient de lit, mais les cœurs, eux, restaient à la même place. Tout était question de point de vue. Les événements du monde suivaient un grand cycle. Et chaque royaume faëe trouvait, au sein de ce fragile équilibre, sa place légitime. D'abord naquit le printemps, la première des quatre maisons. Ses loyaux sujets s'adonnaient aux arts de la vie et du désir. Le trône de ronces offrait asile aux artistes, aux hédonistes et aux érudits. La deuxième cour à voir le jour fut l'été, la maison du soleil ardent, des esprits surchauffés et du sang vif, prompts à la colère. Au pied du trône forgé et de son despote se prosternaient les ambitieuses, les guerrières et les stratèges. Puis vint l'automne, le reflet déformé du printemps, la saison du pourrissement et de la terre affamée, dévoreuse de vie. Les malades, les souffrantes et les faëes trop curieuses des mystères de la mort, toutes répondirent à l'appel du trône défunt. Quant à l'hiver, la plus jeune des quatre maisons, elle dut se contenter des restes. La faim, le froid, le vent dans les branches nues. La quatrième maison se posa en éternelle rivale de l'été. Elle incarnait la famine après l'abondance, les regrets qui succèdent à la colère. Autour du trône de givre se rassemblèrent les blessées, les brisées, les parias, les faëes dont les autres cours ne voulaient plus. Alors pour le meilleur et pour le pire, tout fut à sa place. Les millénaires passèrent. Ainsi vécurent les faëes, à observer le monde, tandis qu'elles-mêmes ne changeaient pas. Leur règne aurait pu durer à jamais, sans un événement inattendu. En un jour ancien et depuis oublié, les humains arrivèrent sur le continent. Avec eux, ils amènerent le cinquième trône". pg 7 et 8
Ainsi donc se saluaient les mäges.
Avec des sourires resplendissants. Et des arrière-pensées noires comme la nuit.
Ce pensionnat était bien des choses, sauf un foyer. L'endroit possédait un toit, mais ce dernier ne vous protégeait pas. A l'intérieur, les coups pleuvaient. Le Magistère entretenait un feu, ce dernier n'était néanmoins d'aucun réconfort. On y brûlait les billets doux, les courriers, les dessins, les poèmes, tout réconfort véritable.
La loyauté était dans l’ordre naturel des choses. Elle régnait chez les animaux. Et même chez les monstres. Il n’y avait qu’avec les Humains qu’elle semblait si rare.