La voilà donc cette fameuse Lettre écarlate, réputée premier romain américain, produit en 1850 au sein d'une jeune nation qui avait encore alors bien d'autres choses à faire que de se poser à la littérature, alors que de l'autre côté de l'Atlantique
Balzac avait fini d'écrire et que
Zola n'avait pas encore commencé.
Roman d'avant le roman donc tel que nous sommes habitués à l'entendre, plus emprunt de littérature victorienne que des standards construits en France, qui déroute de ce fait et dès son premier abord par une très longue préface de l'auteur relatant sa découverte du sujet lors de son expérience de vie d'inspecteur des douanes américaines de la 'Nouvelle Angleterre'.
Une Nouvelle Angleterre dans laquelle
Hawthorne nous immerge avec force dès que le récit commence, au sein de la communauté puritaine des années 1650 de Salem, Massachussets , dont la construction encore branlante ne pouvait, ayant renoncé aux sophistications viciées du vieux continent au profit d'un austère projet social, que la pousser à répudier violemment la belle et forte Hester, coupable d'adultère. D'où sa condamnation à porter à vie sur son sein en rouge écarlate la lettre A , que sa nature puissante portera à porter la tête haute et digne et à l'enluminer de broderies incandescentes.
Or d'elle, de son enfant née de l'adultère, du père dissimulé et dévoré de culpabilité, du mari trompé et vengeur, de la société primitive fortement cléricalisée qui l'a condamnée, qui subira le plus fortement le poids de cette infamie?
C'est ce sur quoi
Hawthorne s'attache à nous faire réfléchir, dans le jus suranné de son époque, avec des élans de coeur qui m'ont touchée, malgré des digressions perturbant le récit et des élancements moraux d'un autre temps.
Cette Lettre écarlate n'est pas pour moi, férue de littérature du 19ème, une lecture forte, mais néanmoins j'ai énormément apprécié la sincérité de l'auteur autant que ce plongeon vivace et sans filtre dans une époque et un lieu extrêmement rare en littérature.