Mais parfois ce sont les imbéciles qui tiennent les commandes. Le plus souvent, hélas. Parce que ceux qui sont intelligents, généreux et larges d’esprit ont trop à faire ailleurs.
Je vis surgir à la place un sentiment auquel ces phobies, commençai-je à soupçonner, avaient servi de camouflage : la haine. Au fil des jours, tandis que l'adolescent libérait les scènes de meurtre atroces et les discours de violence qui le hantaient de plus en plus, je me pris à penser qu'il avait dû se servir de ses angoisses comme d'une technique destinée à bâillonner sa haine. Ainsi s'expliquaient peut-être également ces longues années de silence. (p.96)
Kevin ne pourrait jamais récupérer son enfance perdue. Ne vaudrait-il pas mieux tenter de le lancer dans une vie décente d'adulte ? (p.336)
Il vivait enfermé depuis si longtemps, maintenant, qu'il acceptait sa réclusion comme allant de soi. (p.290)
- Vous savez de quoi meurent la plupart des gens ?
Je secouai la tête.
- D'un pourrissement du coeur. C'est une sorte de cancer invisible. Il vous prend dans le coeur. On le sent. Il vous ronge à l'intérieur. C'est quand votre seule raison d'être au monde, c'est d'y être né un jour. Le coeur ne sert jamais. Alors il se met à pourrir lentement. Parfois longtemps avant le corps. Mais peu importe alors, puisqu'une fois mort dans son coeur, on est mort. (p.266)
Mais parfois, ce sont les imbéciles qui tiennent les commandes. Le plus souvent, hélas. Parce que ceux qui sont intelligents, généreux et larges d'esprit ont trop à faire ailleurs. (p.246)
Le but du puzzle, ce n'est pas d'apprécier la qualité artistique de l'image terminée. C'est de rassembler les pièces. (p.202)
- Si seulement j'avais pu être Bryan, si j'avais pu vraiment être lui. Mais je ne le suis pas. J'ai le coeur d'un Bryan et l'âme d'un Bryan mais je suis coincé dans le corps d'un Kevin. Et dans la vie d'un Kevin. J'aurais bien voulu qu'il en soit autrement. Je ne suis qu'un reflet-fantôme moi aussi. (p.197)
Jeff et moi n'étions que des gamins nous-mêmes, Kevin nous avait fourni un prétexte pour nous amuser de nouveau, pendant que nous lui apprenions à jouer. Et c'était une impression délicieuse. (p.167)
Le Dr Rosenthal et moi étions très différents l'un de l'autre. Nos points de vue en matière de psychiatrie et de psychologie étaient diamétralement opposés - lui le déiste, moi l'athée. C'était un fervent de Freud. J'étais une enragée de l'indépendance intellectuelle. Il fondait ses conceptions sur la théorie. Les miennes s'appuyaient sur mon expérience personnelle du monde extérieur. Il expliquait. J'acceptais qu'il n'existât pas forcément une explication, ou du moins que nous ne la connussions pas forcément. (p.129)