La 4ème de couv' m'avait séduite et j'ai démarré ma lecture avec enthousiasme…
Tessa est retrouvée à moitié morte dans une tombe sauvage avec un cadavre en décomposition, des ossements et des charognards à la besogne.
Voilà de quoi traumatiser n'importe qui, a fortiori une ado. Et quoi de plus logique que son cerveau, dans un sursaut de survie, ait occulté les monstruosités que cette jeune fille a dû vivre en une amnésie salvatrice…
J'étais donc prête à accompagner Tessa dans le présent et dans son passé, à remettre en question la culpabilité de Terrell Darcy Goodwin à l'aube de son exécution et à me questionner sur l'identité du réel serial killer.
L'alternance des chapitres entre la Tessie, victime dans les années 90, et Tessa, la femme survivante devenue mère d'une ado, Charlie, couplée avec l'enquête de la dernière chance devait être l'assurance d'un suspens intenable.
C'est l'usage du conditionnel qui prévaut car l'ensemble est très lent et brouillon. L'auteur répète à l'envi que Tessie cache des choses, que Tessa ne veut pas tout révéler. le personnage de Lydia, sa meilleure amie, est omniprésent et lourd. Les séances avec son psy sont soporifiques.
Réduire le nombre d'acteurs dans une scène force obligatoirement le lecteur à soupçonner le peu qu'on lui donne en pâture, et ce, sans le mettre efficacement en alerte et en appétit. Les révélations se précipitent dans le dernier tiers du roman, sans préparation, un peu comme un bouquet final… sauf qu'on n'a pas eu droit à l'essentiel du feu d'artifice auparavant.
Et si la tentative d'immersion dans l'âme d'une victime partiellement amnésique est très intéressante dans l'idée et le texte, l'enquête brodée tout autour de la culpabilité ou non de Terrel n'est en rien trépidante.
La narration reste trop clinique pour éprouver une réelle empathie pour les protagonistes.
On en apprend somme toute très peu sur Terrel, encore moins sur son vécu en prison. Donc pousser le lecteur dans une réflexion sur l'existence et l'application de la peine capitale reste stérile car le débat n'est pas passionné et le sujet réduit à l'émission de quelques chiffres émaillée par l'engagement bénévole et louable de certains juristes et scientifiques à prouver l'innocence d'un certain nombre de condamnés.
Pour en revenir à Tessie/Tessa, son amnésie occulte totalement ce qu'elle a réellement vécu avant qu'on la découvre dans ce champ fleuri et on n'en saura guère plus au fil des chapitres qui apparaissent davantage comme un duel engagé entre elle et son psy.
Elle cache, elle dissimule, elle joue un jeu qui sert certainement une certaine forme de préservation personnelle mais dont la finalité nous échappe quelque peu.
Aucun point de vue du « docteur » pour nous éclairer ou nous titiller… si ce n'est vers la fin… mais c'est trop tard, en ce qui me concerne.
Et ces dix-sept ans passés sans donner aucun détail sur sa reconstruction en tant que femme ne pousse pas le lecteur à apprécier Tessa plus que nécessaire.
Elle ne semble guère motivée dans la recherche de la vérité au final…
Toutes ces années sans chercher à savoir me procure l'image d'une autruche plongeant son joli museau dans un champ de marguerites aux yeux noirs et me laisse dubitative…
Mon impression finale est un sentiment d'inachevé, d'intrigue bâclée après avoir épuisé le panel de ce que Tessa pouvait ressentir avec l'héritage tragique de Tessie et les voix des Marguerite.
La qualité d'écriture est indéniable, les thèmes abordés sont très intéressants mais l'ensemble manque de rythme, d'efficacité, de finition et de clarté.
Toutefois, je n'exclus pas de lire le prochain roman de cet auteur!
Je remercie Babelio et sa Masse Critique spéciale, ainsi que les Éditions des
Presses de la Cité, pour cette découverte!
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