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Citations sur Anxiété : La boîte à outils (18)

À qui la faute ? Déterminer les coupables

Les éléments qui occasionnent de l’anxiété varient d’une personne à l’autre. Chose certaine, plusieurs facteurs favorisent l’apparition, à tout le moins, d’un certain déséquilibre affectif chez les individus.

Trop souvent, l’accent est mis uniquement sur la personne qui vit l’anxiété : pourquoi réagit-elle de la sorte aux stimuli et comment peut-on l’aider à contrôler son anxiété ou ses symptômes ? Les aspects biologiques, environnementaux et systémiques sont généralement négligés. Pourtant, aurions-nous idée de miser seulement sur l’enseignement de techniques de gestion du stress à un enfant qui vit dans un pays en guerre où les bombardements sont quotidiens ? Ou à une femme dont le mari est agressif et violent ? Il importe donc de regarder le portrait global et d’intervenir non seulement directement auprès de l’enfant, mais également sur les autres aspects qui favorisent le développement ou le maintien de l’anxiété.
J’en ai hérité ! Les facteurs génétiques

Comme pour la majorité des troubles de la santé mentale, il n’existe pas de gène unique clairement désigné comme étant le « coupable » ou le responsable de l’anxiété. En revanche, plusieurs gènes paraissent contribuer à rendre un individu sensible à l’anxiété et c’est leur interaction qui fragiliserait certaines personnes. Il faudrait toutefois, pour qu’un individu soit aux prises avec des troubles anxieux, que des facteurs psychologiques de même que des éléments particuliers dans l’environnement soient présents. L’interaction de ces gènes se limiterait donc à prédisposer une personne aux troubles anxieux et non pas à la rendre systématiquement anxieuse.

La seule forme d’anxiété pour laquelle l’hérédité semblerait de plus en plus solidement mise en cause est l’attaque de panique. Certaines données attestent en effet que les contributions biologiques à la panique et à l’anxiété sont différentes, comme si ces deux troubles relevaient de gènes distincts. Même en regard de ce type particulier de manifestation anxieuse, la vulnérabilité biologique ne pourrait être considérée comme une cause unique directe, et l’interaction entre les composantes environnementales et psychologiques entrerait tout autant en jeu que dans les autres troubles anxieux.

La recherche n’établit donc pas hors de tout doute un lien direct entre les troubles anxieux et la génétique. On sait cependant que les jumeaux identiques (monozygotes) ont une concordance de symptômes anxieux dans environ 85 % des cas, alors que la fratrie « ordinaire » (dizygote) affiche un maigre taux de concordance de 15 %. Dans le même sens, les enfants élevés dans une famille où l’un des parents (ou les deux) est anxieux courent cinq fois plus de risques de présenter de tels symptômes que les enfants provenant de familles zen.

Remue-méninges

Cet enfant est-il exposé à des parents anxieux ? Qu’en est-il des autres membres de sa famille ou des personnes évoluant dans son environnement ?
Ça se passe dans mon corps.
Les aspects biologiques
Dormir pour dédramatiser : le sommeil

Il existe un lien scientifiquement établi entre la privation de sommeil et l’hyperréactivité émotionnelle. Cette relation est évidente pour tout individu ayant déjà passé une nuit blanche. Elle l’est également pour les parents d’enfants en bas âge, qui peuvent aisément témoigner des réactions disproportionnées de pleurs, d’opposition ou de crises qui se manifestent lorsque la fatigue se fait sentir chez leur petit. Bien que moins facile à observer chez les plus âgés, cette corrélation existe aussi et accroît les symptômes anxieux en augmentant de manière significative l’activité d’anticipation dans le cerveau. De ce fait, les scénarios catastrophe sont amplifiés et vécus avec une plus grande réactivité émotive. Sans compter que le manque de sommeil diminue parallèlement la capacité à porter un jugement critique et, par conséquent, à recadrer ses propres pensées et à se raisonner soi-même. Un sommeil de bonne qualité, d’une durée adéquate, est donc essentiel.

La National Sleep Foundation émet les recommandations suivantes concernant la quantité d’heures de sommeil nécessaires selon les âges.

Remue-méninges

L’enfant dort-il suffisamment ? Son sommeil est-il de qualité ? Ses manifestations anxieuses sont-elles plus présentes lorsqu’il paraît fatigué ?

Manger pour déstresser : l’alimentation

Certains aliments, c’est bien connu, entraînent une activation physique comparable à des symptômes anxieux. C’est le cas notamment de la caféine et du sucre, qui sont des stimulants pour le cerveau et l’organisme. En haussant le rythme métabolique, ils occasionnent des réactions (rythme cardiaque accéléré, augmentation de la température du corps et de la sudation, tremblements musculaires) s’apparentant à celles vécues dans des situations stressantes, qui peuvent être interprétées par l’individu comme étant d’origine psychologique.

Bien entendu, rares sont les enfants qui entament leur journée avec un grand cappuccino. Mais qu’en est-il des céréales sucrées et des tartinades de caramel ou de chocolat ? De même, les ados sont souvent attirés par les sodas ou boissons dites « énergisantes », qui contiennent une très grande quantité de caféine et de sucre, mélange possiblement explosif pour de jeunes anxieux.

Petit récit de psy

Jacob a toujours eu, à son avis, un tempérament nerveux, mais l’anxiété paralysante qu’il vivait lorsque je l’ai vu pour la première fois n’était présente que depuis quelques semaines. Il étudiait au cégep en sciences de la nature et tentait, dans la mesure du possible, de passer inaperçu au sein du groupe d’étudiants. L’un des événements très difficiles à gérer pour lui fut lorsqu’il se présenta à l’avant de la classe pour faire une présentation orale dans un cours et paralysa, littéralement, au point où le professeur lui suggéra de retourner s’asseoir.

En revenant sur l’incident et en faisant l’autopsie des signes et sensations survenus dans l’heure qui avait précédé le moment fatidique, Jacob révéla s’être senti extrêmement fébrile et avoir perçu un tremblement dans tout son corps. Il avoua aussi candidement avoir bu deux grosses canettes (soit près de 970 millilitres) de boisson énergisante pendant son heure de lunch, parce qu’il était fatigué et craignait de manquer de vivacité dans sa présentation.

Les tremblements qu’il avait initialement ressentis pouvaient avoir été liés à son anxiété, mais pouvaient tout aussi bien résulter d’une surdose de caféine. Le jeune avait cependant interprété ces symptômes comme des indicateurs de nervosité, ce qui avait augmenté son anxiété et conduit à ce qu’il appelait l’humiliation suprême.

Évidemment, parmi toutes les stratégies mises en place pour aider Jacob à surmonter son anxiété, l’évitement de la caféine occupa une place de choix. À partir de ce moment, il opta pour de l’eau froide au visage lorsqu’il voulait se tenir éveillé…

Les carences alimentaires ont aussi un lien avec différents troubles de l’humeur. À titre d’exemple, un manque de vitamine B6 a une incidence marquée sur la dépression, alors qu’un manque d’acides aminés peut favoriser des réactions de panique.

Parallèlement, certains aliments « antistress » semblent avoir une notoriété grandissante, mais leurs effets précis sur le niveau d’anxiété ressentie sont encore à démontrer. Le chocolat noir (oh que oui !), le saumon, les noix, les myrtilles, les flocons d’avoine, le lait et plusieurs fruits et légumes, pour ne nommer que ceux-ci, auraient des effets positifs, soit en diminuant le taux de cortisol (hormone du stress) dans le sang, soit en renforçant le système immunitaire ou en augmentant la production de sérotonine (l’hormone du bien-être).

Essentiellement, sans se lancer dans un régime très contraignant ou examiner à la loupe tout ce qui est ingéré par l’enfant, il convient de retenir qu’une saine alimentation est primordiale pour conserver un bon équilibre de vie, tant physique que psychologique.

Remue-méninges

Cet enfant consomme-t-il une grande quantité de sucre ? De caféine ? A-t-il une alimentation équilibrée ?
Bouger pour se calmer : l’exercice

Les avantages de la pratique de l’activité physique sont reconnus, dans la documentation scientifique, tant sur le plan physiologique que du point de vue psychologique. Des études démontrent qu’elle est associée à une importante réduction des états dépressifs et anxieux, dans la population générale comme chez des individus ayant reçu des diagnostics formels. Elle est d’ailleurs en voie d’être considérée comme une intervention thérapeutique possédant un réel potentiel curatif, au même titre que les diverses approches psychothérapeutiques et pharmacologiques.

L’exercice physique engendre des répercussions sur le plan physiologique, en augmentant la sécrétion naturelle des hormones du bonheur (sérotonine, dopamine et endorphine) et en diminuant la sécrétion du cortisol (hormone du stress).

Sur le plan psychologique, le plaisir et la satisfaction ressentis lors de l’activité sont source de bénéfices non négligeables. Une balade dans le bois procure par exemple une sensation d’air frais qui entre dans les poumons, des odeurs et des couleurs magnifiques, un contact avec la nature, etc. Évidemment, ces bénéfices ne seront retirés que si l’activité est, pour l’individu, plaisante. Traîner fiston en raquettes tandis qu’il grelotte tout au long du trajet ou convaincre fillette de pagayer dans les torrents alors qu’elle craint l’eau risque peu de générer un état d’apaisement psychologique (si ce n’est par épuisement…).

De plus, l’impression d’être en pleine possession de ses moyens est très souvent rehaussée par la pratique de l’exercice physique. Le sentiment de contrôle ou celui d’avoir un corps fort et agile sont synonymes de bénéfices sur le plan de l’estime personnelle. Un bémol à noter, cependant ; le sport suscite une plus grande propension à s’évaluer en se
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L’apprentissage de l’anxiété par transfert de connaissances

L’apprentissage de l’anxiété se fait parfois de façon très explicite, par enseignement. Certaines situations sont volontairement dépeintes comme étant menaçantes, pouvant provoquer un tort réel, et donc à éviter. Par exemple, il est tout à fait normal d’inciter son petit à craindre le feu. Des propos du type ne t’approche pas des flammes, c’est très dangereux, tu pourrais te brûler et avoir très mal visent, en partie, à soulever suffisamment de craintes pour que l’enfant ressente une anxiété inhibitrice. De « fausses » sources d’anxiété peuvent aussi, cependant, être transmises par transfert de connaissances.

Petit récit de psy

Jules a appris à nager à l’âge de trente ans seulement, parce qu’on lui avait, dès son plus jeune âge, enseigné à craindre l’eau. Sa mère avait une peur démesurée de la noyade et répétait donc à ses enfants que l’eau était dangereuse et qu’ils ne devaient, en aucun cas, s’approcher d’un plan d’eau. Très théâtrale d’ailleurs dans sa façon d’être, elle pouvait crier d’angoisse en battant l’air avec les mains si les petits avaient le malheur de marcher autour d’une piscine ou sur un quai. Même s’il n’avait jamais lui-même directement vécu d’expérience négative avec l’eau, cet enseignement avait fait son bout de chemin dans son esprit et il se sentait exagérément anxieux lorsqu’il se retrouvait à proximité d’un bassin, d’un lac ou même d’un simple ruisseau. Il lui a été très difficile de vaincre ses craintes, bien installées depuis plusieurs années, pour finalement prendre part à des cours de natation. J’ai eu la chance, pour ma part, de rencontrer Jules et de connaître son histoire lors d’une expédition de plongée où il me servait de guide.
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Le trouble obsessionnel-compulsif (TOC)

Le trouble obsessionnel-compulsif comporte deux volets : l’obsession, qui est caractérisée par des pensées récurrentes qui s’imposent à l’esprit de l’individu et entraînent une détresse, et les compulsions, qui sont des actes répétitifs et inflexibles (dont la durée totale par jour est équivalente ou supérieure à soixante minutes) que l’individu applique selon un besoin urgent, afin de diminuer l’anxiété.
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L’enfant a-t-il été victime ou témoin direct ou indirect d’un événement pouvant entraîner un TSPT ? A-t-il changé radicalement ou brusquement dans ses attitudes ou comportements ? Son fonctionnement quotidien est-il altéré ?
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Jonathan est d’origine haïtienne et est arrivé au pays à la suite du séisme de 2010 qui a détruit son village. Depuis, ses cauchemars et reviviscences (flashbacks) ne l’ont jamais quitté.

Rose est hypervigilante en toute circonstance et sursaute exagérément depuis qu’elle a entendu ses parents discuter d’un vol à main armée survenu au dépanneur de son oncle.

Clémence est une jeune adolescente qui multiplie les comportements à risque (consommation d’alcool et de drogues, promiscuité sexuelle, école buissonnière) depuis qu’elle a été violée lors d’un party.
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Le trouble de stress post-traumatique (TSPT)

Le trouble de stress post-traumatique découle d’un événement ayant causé la mort d’autrui ou des blessures graves, ou ayant tout au moins présenté un grand risque pour la vie ou l’intégrité physique. La personne traumatisée peut avoir été victime de l’événement, en avoir été le témoin direct (y avoir assisté) ou indirect (l’événement lui a été raconté).
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L’enfant est-il capable de parler dans certaines situations, mais incapable en d’autres, en alternance ? Son mutisme est-il observable dans le contact avec certaines personnes seulement ? Se fait-il comprendre autrement que par la parole (par des gestes, des mimiques, des communications non verbales, le langage écrit) ? Son comportement a-t-il un impact considérable sur son fonctionnement ?
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Petit récit de psy

Philippe était un petit bonhomme de huit ans très anxieux dans son milieu scolaire. Il refusait de parler aux adultes, même à son enseignante, ainsi qu’aux pairs de la classe, exception faite de deux amies. Il s’isolait aussi volontairement, n’entrait pas en contact avec les autres et faisait preuve de peu d’expressions faciales.

On m’avait sollicitée afin que je procède à l’évaluation de cet enfant, dont l’équipe-école remettait en question le contact avec la réalité. Était-il tellement dans son monde qu’il ne comprenait pas réellement ce qui se déroulait autour de lui ? Des comportements étranges, tels que gruger ses cols de chandail, s’arracher les petites gales sur la peau, tirer sur ses sourcils et faire des bulles avec sa salive, étaient aussi observés régulièrement.

Les parents soutenaient que, à la maison, il était au contraire très volubile. Les traits anxieux se traduisaient cependant par des réactions de panique lorsqu’il recevait de l’eau sur la tête (dans la douche, par exemple) ainsi que des inquiétudes exagérées concernant sa sécurité, la maladie ou la nouveauté. La proximité physique de l’adulte était nécessaire à tout moment et il dormait toujours avec ses parents.

Lors de ma première période d’observation en classe, l’enfant attendit passivement à son bureau que l’activité académique en cours prenne fin, alors que lui avait déjà effectué le travail. Il ne chercha pas à s’engager dans une nouvelle activité ni à interagir avec qui que ce soit pendant au moins une quinzaine de minutes. Il ne réagit pas non plus devant une situation loufoque qui provoqua le rire des autres enfants, et parut à la fois sous-réactif et désengagé du monde autour de lui.

À la récréation, il se plaça dans un endroit peu passant et resta debout, immobile comme un piquet. Les seuls mouvements perceptibles étaient ses doigts et son col de chandail, portés à sa bouche. Il n’observa pas les jeux des jeunes autour de lui et, lorsque les groupes de maternelle défilèrent pour monter dans l’autobus, il jeta quelques regards furtifs aux enfants.

Pour créer une première approche avec Philippe, au retour en classe, je pris mon iPad et entrepris de montrer des photos de mes chats à sa petite voisine de bureau ; sa mère m’avait rapporté qu’il était lui-même très attaché à son matou et j’espérais ainsi susciter une réaction chez lui. Il s’intéressa aux images, mais demeura en retrait pendant de longues minutes, puis finit par me dire : Mon chat s’appelle Rocket. Je me retournai donc vers lui et demandai : Ah oui ? Et il est de quelle couleur, Rocket ?, mais cette approche fut trop directe et il se détourna rapidement, en baissant le regard.

Le lendemain, il fut amené par sa mère à mon bureau pour que je puisse évaluer son intelligence. Lorsque j’ouvris la porte, je vis dans ses yeux qu’il m’avait reconnue. Il accepta de me suivre sans grande hésitation, ce qui me surprit. Puis, une fois seul avec moi, il se mit à me parler tout bas, en chuchotant… et sembla ne plus vouloir s’arrêter ! Il fallut que je l’interrompe dans ses propos pour que nous puissions procéder aux épreuves cognitives, mais, même en plein examen, il raconta ce qui lui passait par la tête, comme si le fait d’avoir retenu ses paroles pendant si longtemps avait créé un urgent besoin de tout dire !

Philippe était un jeune très intelligent, présentant un bon contact avec la réalité, mais à la fois terriblement anxieux et opposant. Il fut dirigé vers une classe à effectifs réduits pour enfants atteints de troubles de santé mentale et put évoluer adroitement, grâce aux interventions des enseignants et éducateurs qui l’encadraient.
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Frédéric est un enfant enjoué et loquace à la maison, mais ne parle qu’en de très rares occasions dans son milieu scolaire et à l’enseignante seulement.

Louis s’exprime en classe, avec ses pairs. Il refuse cependant d’adresser la parole ou de répondre aux questions de toute personne d’âge adulte autre que ses parents ou grands-parents.

Carolane est une adolescente renfermée qui est incapable d’entrer en communication avec les étrangers ; elle ne peut commander seule au restaurant, répondre aux questions des conseillères en boutique de vêtements ou signifier au dentiste que ses manipulations lui font mal.
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Le mutisme sélectif

Le mutisme sélectif est l’incapacité, pour l’enfant, à parler dans certaines situations sociales, alors qu’il parvient à le faire dans d’autres.
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