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Citations sur Livre des chants (12)



Devant le portail était couché un sphinx,
Monstre hybride inspirant frayeur et volupté :
Il avait d'un lion le corps et les griffes,
D'une femme la tête et les seins.
Ο l'admirable femme!
Son regard brillant Disait de farouches désirs,
Ses lèvres muettes s'arquaient
D'un sourire plein de promesses.
Le rossignol chantait si délicieusement –
Je ne pus résister davantage :
Je posai mes lèvres sur ce doux visage,
C'en était fait de moi.
La statue de marbre s'anima,
La pierre se mit à soupirer;
Elle but, avec une vorace avidité,
L'ardente flamme de mes baisers.
A peine pouvais-je respirer encore –
Enfin, haletante de volupté,
Elle m'étreignit, déchirant mon pauvre corps
De ses griffes de lion.
Martyre délicieux, souffrance enivrante!
Douleur et plaisir infinis!
Tandis que des lèvres le baiser m'enchante,
Les griffes me font d'horribles blessures
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«Ô beau sphinx, dis-moi le mot de cette étrange énigme ! Je l’ai cherché, je le cherche encore, depuis des milliers d’années.»
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Le pâle soir descend sur la mer…


Extrait 2

Tant il gémit que les blanches mouettes,
Tout effarouchées, s’élancent de leurs nids de sable,
Et voltigent par bandes autour de sa tête ;
D’un air goguenard, il leur dit ces mots :
  Oiseaux aux pattes noires
Qui planez sur la mer avec vos ailes blanches,
Oiseaux aux becs recourbés qui buvez l’eau de mer
Et mangez la chair huileuse des phoques,
Votre vie est amère comme votre nourriture,
Tandis que moi, heureux mortel, je ne prends que des douceurs.
Je me délecte du doux parfum de la rose,
Cette fiancée du rossignol qui se nourrit de clair de lune :
Je me délecte encore de pâtisserie délicieuse,
Toute fourrée de crème de mousseline ;
Et je me délecte aussi de la plus douce des choses :
Aimer d’un tendre amour et être payé de retour.
(Le chant des Océanides)


/Traduit de l’allemand par Albert Spaeth
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Le pâle soir descend sur la mer…


Extrait 1

  Le pâle soir descend sur la mer ;
Tout seul, comme une âme en peine,
Un homme est assis là-bas, sur la grève déserte ;
Il lève ses yeux glacés de moribond
Vers les mornes espaces du firmament,
Puis regarde la mer, immense et ondoyante. –
Et par-dessus l’immense et ondoyante mer
S’envolent ses soupirs, semblables à des aéronautes ;
Puis ils reviennent, tout attristés
D’avoir trouvé fermé ce cœur
Où ils pensaient jeter l’ancre. –



(Le chant des Océanides)
/Traduit de l’allemand par Albert Spaeth
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Sur le Hardenberg
Revenez, vieux songes d’autrefois, ouvre-toi, porte de mon cœur ! Que de chants de délices et de larmes douloureuses merveilleusement en jaillissent !
Je veux errer à travers les sapins, où la source gaiement murmure, où les cerfs orgueilleux cheminent, où la grive siffle son chant.
Je veux monter sur les montagnes, sur les hauts rochers escarpés, où les sombres ruines des châteaux apparaissent à la lumière du matin.
Là, je m’assoirai silencieux, songeant aux temps anciens, aux vieilles races vigoureuses, aux splendeurs disparues.
L’herbe couvre maintenant la place du tournoi, où combattait l’orgueilleux champion qui avait battu les plus braves, et remporté le prix du combat.
Le lierre rampe sur le balcon où se tenait la belle dame dont les yeux vainquirent l’orgueilleux vainqueur.
Hélas ! la main de la mort a vaincu le victorieux et la victorieuse, — ce maigre chevalier de la faux nous couche tous dans le sable.
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Autre version du poème de Heine

Le Sphinx

Voici l’antique forêt aux enchantements !
Les fleurs du tilleul embaument,
Et l’éclat merveilleux de la lune
Tient mon âme ensorcelée.

J’allais mon chemin, et comme j’avançais,
Une mélodie retentit dans les airs.
C’est la voix du rossignol, il chante
L’amour et le mal d’amour.

Il chante l’amour et le mal d’amour,
Il chante les larmes et le rire.
Si triste est sa joie, si joyeuse ses sanglots !
Des rêves oubliés s’éveillent.

J’allais mon chemin, et comme j’avançais,
Je vis se dresser devant moi,
Au beau milieu d’une clairière,
Un grand château aux pignons élancés.

Les fenêtres étaient closes; partout,
C’était le silence, comme si la mort, entre ces murs déserts,
Avait établi sa muette demeure.

Devant le portail était couché un sphinx,
Monstre hybride inspirant frayeur et volupté :
Il avait d’un lion le corps et les griffes,
D’une femme la tête et les seins.

O l’admirable femme ! Son regard brillant
Disait de farouches désirs,
Ses lèvres muettes s’arquaient
D’un sourir plein de promesses.

Le rossignol chantait si délicieusement-
Je ne pus résister d’avantage :
Je posais mes lèvres sur ce doux visage,
C’en était fait de moi.

La statue de marbre s’anima,
La pierre se mit à soupirer :
Elle but, avec une vorace avidité,
L’ardente flamme de mes baisers.

A peine pouvais-je respirer encore-
Enfin, haletante de volupté,
Elle m’étreingnit, déchirant mon pauvre corps
De ses griffes de lion.

Martyre délicieux, souffrance enivrante !
Douleur et plaisir infinis !
Tandis que des lèvres le baiser m’enchante,
Les griffes me font d’horribles blessures.

Le rossignol chantait : « O beau sphinx !
O Amour ! Pourquoi mêles-tu
De si mortels tourments
A tes divins extases ?

O beau sphinx,dis-moi le mot
De cette étrange énigme !
Je l’ai cherché, je le cherche encore,
Depuis des milliers d’années. »

, Livre des Chants Tome I
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LE SPHINX (le livre des chants)

C’est l’antique forêt aux enchantements. On y respire la senteur des fleurs du tilleul ; le merveilleux éclat de la lune remplit mon cœur de délices.

J’allais, et, comme j’avançais il se fit quelque bruit dans l’air : c’est le rossignol qui chante d’amour et de tourments d’amour.

Il chante l’amour et ses peines, et ses larmes et ses sourires; il s’agite si tristement, (il jubile si tristement,) il se lamente si gaiement, que mes rêves oubliés se réveillent!

J’allai plus loin, et, comme j’avançais, je vis s’élever devant moi, dans une clairière, un grand château à la haute toiture.

Les fenêtres étaient closes , et tout alentour était empreint de deuil et de tristesse; on eût dit que la mort taciturne demeurait dans ces tristes murs.

Devant la porte était un sphinx d’un aspect à la fois effrayant et attrayant (et délicieux), avec le corps et les griffes d’un lion, la tête et les seins d’une femme.

Une belle femme ! son regard appelait de sauvages voluptés (de sauvages désirs) ; le sourire de ses lèvres arquées était plein de douces promesses. (un sourire prometteur arquait ses lèvres muettes)

Le rossignol chantait si délicieusement! Je ne pus résister, et, dès que j’eus donné un baiser à cette bouche mystérieuse, (et dés que j’eus baisé cette bouche charmante,) je me sentis pris dans le charme.

La figure de marbre devint vivante. La pierre commençait à jeter des soupirs (la pierre se mit à soupirer,). Elle but toute la flamme de mon baiser avec une soif dévorante. (Avec une soif dévorante, elle aspira la flamme de mon baiser.)

Elle aspira presque le dernier souffle de ma vie , et enfin , haletante de volupté , elle étreignit et déchira mon pauvre corps avec ses griffes de lion.

Délicieux martyre, jouissance douloureuse, souffrance et plaisirs infinis! Tandis que le baiser de cette bouche ravissante m’enivrait, les ongles des griffes me faisaient de cruelles plaies. (Tandis que le baiser m’enchante, les griffes me déchirent cruellement.)

Le rossignol chanta : « toi, beau sphinx, ô amour! pourquoi mêles- tu de si mortelles douleurs à toutes les félicités? ( » O beau sphinx ! O amour ! Pourquoi mêles-tu les tourments de la mort à toutes tes félicités?)

« O beau sphinx! ô amour! révèle-moi cette énigme fatale. — Moi, j’y ai réfléchi déjà depuis près de mille ans. »
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Le jeune berger

Il est roi, le jeune berger ; la verte colline est son trône : le soleil sur sa tête est sa couronne pesante, sa couronne d’or.
À ses pieds sautillent les moutons, doux flatteurs, marqués de croix rouges. Les veaux sont ses chambellans, et se pavanent avec orgueil.
Ses comédiens ordinaires sont les petits boucs ; et les oiseaux et les vaches, avec leurs flûtes, avec leurs clochettes, sont les musiciens de la chapelle royale.
Et tout cela sonne et chante si gentiment, si gentiment murmurent de concert les cascades et les sapins, que le roi se laisse endormir.
Pendant ce temps gouverne le ministre, ce mauvais chien dont l’aboiement grondeur retentit tout alentour.
Dans son sommeil, le jeune roi balbutie : « Régner est une chose bien difficile : ah ! déjà je voudrais être à la maison, près de ma reine !
« Dans les bras de ma reine ma tête repose si mollement ! Et dans ses beaux yeux s’étend mon royaume infini. »
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L’idylle de la montagne
3.
Au dehors, la lune se cache en silence derrière le vert sapin, et dans la chambrette notre lampe flamboie faiblement et éclaire à peine.
Heureusement, mes étoiles bleues rayonnent d’une lumière plus claire ; la rose purpurine éclate comme le feu, et la bonne jeune fille dit :
« Des follets, de petits follets, volent notre pain et notre lard ; la veille il est encore dans le buffet, et le lendemain il a disparu.
« Ces petits démons mangent la crème sur notre lait, et laissent les vases découverts, et la chatte boit le reste.
« Et la chatte est une sorcière ; car elle se glisse, pendant la nuit, sur la montagne des revenants, où est la vieille tour.
« Il y eut là jadis un château plein de plaisir et d’éclat d’armures ; de preux chevaliers, des dames et des écuyers y tournoyaient dans la danse aux flambeaux.
« Alors une méchante sorcière maudit le château et les gens ; les ruines seules sont restées debout, et les hiboux y font leurs nids.
« Pourtant ma défunte tante assurait : que si l’on dit la parole juste, la nuit, à l’heure juste, là-haut, à la vraie place,
« Les ruines se changent de nouveau en un château brillant, et l’on y voit gaîment danser preux chevaliers, dames et écuyers.
« Et celui-là qui a prononcé ce mot, le château et les gens lui appartiennent ; les timbales et les trompettes célèbrent sa jeune magnificence. »
C’est ainsi que parle la bonne jeune fille, et ses yeux, les étoiles bleues, versent sur son babil les lueurs de leur azur féerique.
Ses cheveux d’or, la petite les enlace autour de ma main ; elle donne de jolis noms à mes doigts, rit et les baise, et se tait à la fin.
Et dans cette chambre tranquille tout me regarde avec des yeux si familiers. La table et l’armoire sont comme si je les avais vues bien des fois auparavant.
Le tic-tac du coucou a un ton amical, et la guitare, à peine sensible, commence à résonner d’elle-même, et je me trouve comme dans un songe.
C’est l’heure juste maintenant, nous sommes aussi sur la vraie place ; tu t’étonnerais, ma chère enfant, si, moi, je prononçais la parole juste…
Et je dis cette parole… Vois-tu, tout devient jour, tout s’agite ; les sources et les sapins deviennent plus bruyants, et la vieille montagne s’éveille.
Le son des mandolines et les chants des nains retentissent dans les crevasses de la montagne, et, comme un insensé printemps, sort de la terre une forêt de fleurs.
Des fleurs, d’audacieuses fleurs, aux feuilles larges et fabuleuses, odorantes, diaprées et vivement agitées comme par la passion.
Des roses, ardentes comme de rouges flammes, jaillissent du milieu de cette végétation ; des lis, semblables à des piliers de cristal, s’élancent jusqu’au ciel.
Et les étoiles, grandes comme des soleils, jettent en bas des rayons de désir ; dans le calice gigantesque des lis coulent en torrent les flots de ces lumières.
Et nous-mêmes, ma chère enfant, sommes métamorphosés bien plus encore : l’éclat des flambeaux, l’or et la soie resplendissent gaiement autour de nous.
Toi, tu es devenue une princesse, et cette cabane est devenue un château ; et ici se réjouissent et dansent preux chevaliers, dames et écuyers.
Mais, moi, j’ai acquis toi et tout cela, château et gens ; les timbales et les trompettes célèbrent ma jeune magnificence.
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L’idylle de la montagne

2.
Le sapin avec ses doigts verts frappe aux vitraux de la petite fenêtre, et la lune, aimable curieuse, verse sa jaune lumière dans la chambrette.
Le père, la mère, ronflent doucement dans la pièce voisine ; mais nous deux, jasant comme des bienheureux, savons nous tenir éveillés.
« Tu ne me fais pas l’effet de prier trop souvent, mon ami ; cette moue de tes lèvres ne vient certainement pas de la prière.
« Cette moue méchante et froide m’effraie à chaque instant ; pourtant mon inquiétude est calmée aussitôt par le pieux rayon de tes yeux.
« Je doute aussi que tu aies ce qui s’appelle avoir la foi ; — n’est-ce pas que tu ne crois pas en Dieu le Père, ni au Fils, ni au Saint-Esprit ? »
— Ah ! ma chère enfant, quand tout petit j’étais assis aux genoux de ma mère, je croyais déjà en Dieu le Père, qui plane en haut dans la bonté et dans la grandeur ;
Je croyais en lui qui a créé la belle terre et les beaux hommes qui sont dessus, en lui qui a assigné leur marche aux soleils, aux lunes, aux étoiles.
Quand je devins plus grand, ma chère enfant, je commençai à comprendre bien davantage, et je compris et devins raisonnable, et je crus aussi au Fils ;
Au Fils chéri qui, en aimant, nous a révélé l’amour, et en récompense, comme c’est l’usage, a été crucifié par le peuple.
Aujourd’hui que je suis homme, que j’ai beaucoup lu, beaucoup voyagé, mon cœur se dilate, et de tout mon cœur, je crois au Saint-Esprit.
Celui-ci a fait les plus grands miracles, et il en fait de plus grands encore à présent ; il a brisé les donjons de la tyrannie, et il a brisé le joug de la servitude.
Il guérit de vieilles blessures mortelles, et renouvelle le droit primitif : que tous les hommes, nés égaux, sont une race de nobles.
Il dissipe les méchantes chimères et les fantômes ténébreux, qui nous gâtaient l’amour et le plaisir, en nous montrant à toute heure leurs faces grimaçantes.
Mille chevaliers, bien harnachés, ont été choisis par le Saint-Esprit pour accomplir sa volonté, et il les a armés d’un fier courage.
Leurs bonnes épées étincellent, leurs bonnes bannières flottent. N’est-ce pas que tu voudrais bien, ma chère enfant, voir de ces vaillants chevaliers ?
Eh bien, regarde-moi, ma chère enfant ! Embrasse-moi et regarde-moi ; car, moi-même, je suis un vaillant chevalier du Saint-Esprit.
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