Citations sur Céline (46)
Pendant qu'ils marchaient, Céline songea qu'ils cherchaient un père disparu deux décennies plus tôt, mais qui avait abandonné son enfant bien plus tôt encore et que cette enfant avait pratiquement toujours vécu sans lui. Comme elle-même. Que le retrouver à présent allégerait sans doute le cœur de la jeune femme , mais ne la soulagerait jamais de la tristesse qu'elle avait au fond d'elle.
Dans le monde selon Céline et Pete, l'endroit le plus intéressant d'une ville était la bibliothèque.
Céline sentit son corps se pencher en avant. D'après son expérience, il existait deux catégories d'histoire : celles qui suivaient des lignes prévisibles comme les sentiers tracés par le gibier sur le flanc d'une collline, et celles qui bifurquaient dès le départ vers autre chose, plus sauvages, qui battaient la campagne à la première occasion. Les plus étranges se chargeaient d'une odeur particulière.
Son permis avait expiré et il ne l'avait jamais renouvelé. Pete aimait se figurer son esprit comme une grande maison, une maison qui repenserait sans cesse sa décoration intérieure, et d'après lui, ne pas conduire libérait pas mal de mètres carrés.
Incroyable, pensa-t-elle : l’épaisseur des choses. Tous ces éléments qui se révèlent dès qu’on s’arrête pour y prêter attention.
Sauf que Halsey est un tantinet mal dégrossi et Pas de Notre Monde, ma chérie. PNM, le sceau brûlant apposé, toujours avec douceur, toutefois, une des malédictions les plus vicieuses et déchirantes mais que la plupart des gens ignorent. Un jugement définitif sur une relative infériorité qu'aucune provision de réussite, de mérite ou même de richesse ne pourrait effacer.
Une fois de plus, elle éprouva ce que c'était d'avoir un père qui vous manque. Et si quelqu'un avait agité sa baguette magique pour elle ? Pour qu'elle et son père puissent à nouveau être ensemble , et à jamais ?
La chaîne de montagnes avait été engloutie dans l'ombre, de même que le reflet à se pieds. Dans cette immobilité, les ronds produits par les truites remontant à la surface faisaient comme des gouttes d'eau. Lentement, dans le silence, l'eau noire s'éloigna des dernières lueurs.
Elle appela Baboo qui prit la nouvelle avec un pragmatisme brusque surprenant, comme on l'attendait d'une mère qui avait tenu autrefois une maison comptant plusieurs domestiques, qui avait élevé trois filles sous la menace d'une invasion nazie, et fréquentait un amiral marié. La réaction de sa mère donna beaucoup de force à Céline qui fut aussitôt soulagée. Pour la première fois de sa jeune vie, elle comprenait à quoi servaient vraiment les mères.
…durant l’été 1974, une touriste de Caroline du Nord était à Denali avec ses deux jeunes enfants. Ils se sont garés quand il ont vu un grizzly avec deux oursons au bord d’une prairie et, bien sûr, ils se sont approchés. En confrontation directe. Naturellement, l’ours n’a pas trouvé ça drôle et a fait semblant de charger à plusieurs reprises et c’est là que le véritable accident est arrivé. Ni une ni deux, la femme a sorti son tout nouveau spray au poivre censé repousser les ours et en a aspergé ses enfants. Elle croyait que ça marchait comme de l’anti - moustiques. Ils ont fini aux urgences.
Qu’est-ce qu’a fait la maman ours ?
« Elle a pris la fuite. Qui voudrait manger un humain aussi bête ? »