Le rivage des adieux

Sur la tombe d'Iseult la Blonde, il fit planter un chèvrefeuille, sur celle de Tristan un coudrier. Ensemble les deux arbustes grandirent et se mêlèrent si étroitement que personne, jamais ne put les séparer.

Mon fils, les hommes croient qu'ils peuvent à leur guise abandonner leurs dieux, se tourner vers des croyances nouvelles qu'ils délaisseront un jour. Ils ne savent pas que les secrets de l'univers, ceux de la vie leur échappent. Vois-tu ces feuilles que la tourmente arrache ? Les être humains sont ainsi mais veulent se persuader qu'ils ont choisi de voler
- N'est ce pas vivre que de voler ?
- Vivre, Tristan, c'est attendre, écouter, regarder, savoir se donner.
- Est ce cela que je dois espérer de mon existence ?
- N'espère rien, Tristan de Loonois, tu es né sous le signe de la mort.

Marc demanda que le corps de sa femme et de son neveu lui soient rendus. Dans le verger de Tintagel, il les fit ensevelir auprès de la fontaine. Sur la tombe d'Iseult la blonde, il fit planter un chèvrefeuille, sur celle de Tristan, un coudrier. Ensemble, les deux arbustes grandirent et se mêlèrent si étroitement, que personne, jamais, ne put les séparer