AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,11

sur 90 notes
5
5 avis
4
6 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un livre court, mais très dense, sur le chemin qui mène au Zen à travers la pratique du tir à l'arc…

Quand j'ai commencé le tir à l'arc, ça m'a fait un bien fou : pendant 1h30 je me vide complètement la tête de tous les tracas du quotidien, je ne pense à rien d'autre qu'à tirer mes flèches.
Aussi, je dois avouer qu'en me lançant dans cette lecture, j'espérais un peu trouver des conseils pour m'aider à m'améliorer dans ma pratique, moi qui suis débutante. Il n'en fut rien, ou plutôt… ce livre ouvre la voie sur autre chose, ce qui n'est pas mal non plus.

« Dans cet admirable petit livre, M. Herrigel, philosophe allemand qui est venu au Japon et s'est adonné au tir à l'arc pour arriver à comprendre le Zen, donne de sa propre expérience un récit qui nous éclaire. » (D. T. Suzuki, 1953)

Cet extrait de la préface illustre parfaitement l'objectif de cet ouvrage, à l'exception près que le propos ne m'a pas toujours paru aussi clair. Il faut dire que je ne suis pas familière des lectures portant sur la méditation, le mental ou l'inconscient. Bien que l'auteur utilise de nombreux exemples concrets qui m'ont aidé à suivre son idée, j'ai parfois été perdue dans les notions plus abstraites.

Il n'en demeure pas moins que cet ouvrage est extrêmement intéressant pour mieux cerner la culture japonaise en général et le kyudo en particulier. Il propose une autre approche et offre une dimension supplémentaire à cette activité que j'affectionne.
J'en retiens pour ma part l'importance du rapport entre la respiration et les actions de l'archer, mais aussi le travail sur le mental, l'oubli de soi, et cette capacité à rester attentif à l'extérieur sans en être perturbé intérieurement.

Je remercie Cricri124 qui a attiré mon attention sur cet ouvrage.
Commenter  J’apprécie          2610
Ce livre, édité en 1948, fut une lecture appréciée de Karl Graaf Dürckheim, le sage de la forêt Noire, philosophe, maître Zen, dont je suis les enseignements prodigués par son disciple Jacques Castermane.
Alors comprenez bien que je cherchais ce livre depuis un bon moment quand lui m'a trouvé, improbablement, chez un bouquiniste du quai Montebello à Paris, moi qui ne suis pas parisien. Un signe ?
Après une présentation brève et confuse, pour nous occidentaux, sur la nature relevant exclusivement du zen, du tir à l'arc, le professeur Suzuki nous introduit le texte d'Eugen Herrigel comme un développement nécessaire à un lecteur occidental pour tenter de comprendre cette nature du kyudo. Une sorte de béaba pour les bébés spirituels, normo-pensants, que nous sommes.
Et c'est vrai qu'Herrigel est un excellent vulgarisateur ; il a l'art de présenter simplement, par images heureuses, ces concepts zen qui, introduits par les maîtres orientaux, peuvent nous paraître éternellement incompréhensibles et inaccessibles.
Simplement, humblement aussi, Herrigel nous montre l'importance de la transmission de maître à élève, dont la simple présence nourrit l'apprenti.
Il fait ressortir sans « magistralité » ces notions si importantes que sont la pratique,
l'oubli de soi, la respiration, la non cérébralisation, le détachement de soi-même, la pleine attention( cette faculté d'être attentif à tout ce qui est à l'extérieur du cercle sans en être affecté) , la vacuité totale d'intention, la remise incessante de l'ouvrage sur le métier, le but de la pratique qui n'est pas un "but" mais un état : l'éveil.

Régulièrement l'auteur rappelle les points communs qui se trouvent dans tous ces « arts » japonais : composition florale, art du thé, calligraphie, méditation, escrime, dessin à l'encre de chine.

Voici donc un ouvrage bref et très accessible pour nous faire entrevoir ce que le Zen peut être.
Il m'aura permis d'aborder des notions qui me sont familières mais d'une façon différente donc avec ce petit décalage qui fait que parfois certaine choses rabâchées s'éclairent soudainement.
Commenter  J’apprécie          267
Ce “petit livret” … est « une perle rare » sur le sujet.
Quand je l'ai eu entre les mains il y a trente cinq ans maintenant, je m'adonnais déjà de temps à autre au tir à l'arc sportif, mais suite à cette lecture (alors que dans le même temps j'étais “initié” à la méditation d'extrême-orient*) ma perspective en changea du tout au tout !
Parcourir les pages de cet “opuscule”, c'est plonger son regard dans un horizon peu banal, dont certes les pratiquant(e)s de la méditation du Zen trouverons des éléments familier. Cependant la “vibration” ne peut être qu'une expérience vécue, à équidistance de l'éther et du tellurique.
Une relecture approfondie 35 années plus tard, à destination d'une présentation sur « Babelio » s'est faite à la faveur d'une reprise personnelle du tir à l'arc pratiqué dans cette inspiration et perspective de la discipline du Kyudo qui n'a pas pour objet premier “l'exploit sportif”, mais bien plutôt la tentative d'atteindre à une élégance « du geste » et de son sens profond de résonance en soi !
L'auteur y décrit très sobrement, très fidèlement le cheminement qui a été le sien durant plusieurs années et les étapes parfois redoutables à franchir, tant l'individu s'accroche à une identité retorse et figée !
Lecture d'une parfaite clarté, sans ajouts inutiles, qui ne pourraient pas de toute façon rendre compte un tant soit peu de ce dont il s'agît vraiment, cette lecture donc lève un coin de voile sur une discipline peu connue en occident ; peut être un peu plus de nos jours.
------
* (époque où j'ai rencontré Arnaud et surtout Denise Desjardins qui m'orienta vers un yogi tibétain laïc [et marié] maître accompli du « Dzogpa tchen-po » et du « Tchagya tchen-po », d'un âge vénérable et respecté et de nature espiègle [décédé en automne 1991] ; parfaite incarnation de « dana prajna paramita ». Denise me le recommanda chaleureusement ; c'est ainsi qu'avec Lui j'ai mis en place “une méditation venue d'orient” et que j'ai au fil des ans adaptée à une vie de “labeur”, avec de très grandes difficultés d'ailleurs, citoyen lambda laïc d'Europe de notre temps ! ...)
Lien : http://www.versautrechose.fr/
Commenter  J’apprécie          100
Cela fait beaucoup de bien d'irriguer son esprit d'une philosophie qui paraît aux antipodes de notre vie actuelle: expérience sportive qui ne vise surtout pas la performance mais le geste parfait qui s'acquiert par des années d'échecs, car rien n'est plus difficile que le détachement, l'oubli du moi. Expérience physique, une lutte de l'archer contre lui-même, allant jusqu'aux plus ultimes profondeurs, qui devient expérience mystique et transforme l'individu.

Quand on propose un poste au Japon à Eugen Herrigel, philosophe allemand, il est heureux : cela lui permet de se rapprocher du Zen, une énigme pour l'homme occidental - une mystique de l'absorption- qui le fascine et qu'il se désespère de comprendre simplement à travers la littérature.

A l'université impériale de Tohoku, on lui fait comprendre que la seule manière d'appréhender cette philosophie est de pratiquer un art qui lui permettra de faire une expérience mystique. Eugen Herrigel choisit le tir à l'arc, sa femme se met à l'arrangement floral.



Il débute son initiation avec un maître - un conducteur d'âmes - dont on ne saura ni le nom ni à quoi il ressemble. Ce qui compte dans le livre c'est l'initiation elle-même.

Le maître décompose les étapes du tir à l'arc: bander l'arc, relâcher la corde, mettre dans la cible.

Herrigel passe plusieurs mois à trouver le bon mouvement simplement pour la première étape.. le maître le dissuade d'utiliser la force physique, il blâme sa dépense de force et lui crie : « Relâchez-vous !»; il lui fait d'abord éprouver ses propres échecs avant de lui dire de travailler sur sa respiration. Une inspiration lente puis une expiration la plus lente possible avec un bourdonnement. La respiration évite de solliciter la force physique et elle empêche de trop se fixer sur le résultat.



Vient ensuite la deuxième phase du mouvement qui consiste à lâcher la corde et la flèche. le maître ne se lasse pas de leur montrer le geste parfait. Il faut se dépouiller de toute intention.



Cela prendra des années à Eugen Herrigel...Il nous fait part de ses difficultés techniques: la contraction de sa main, l'effort physique qui contrarie son relâchement, le questionnement incessant au maître.

Et le doute qui surgit dans son esprit: pourquoi consacrer autant de temps à cet art disparu, pourquoi s'épuiser à acquérir un geste inutile ? le maître lui répond que le temps n'est rien et qu'il est impossible de mesurer le chemin qui conduit au but.



Quand Herrigel triche avec sa main, le maître lui retire l'arc et lui tourne le dos. Il a trahi la doctrine du tir à l'arc.

Ils recommencent tout à zéro.



Il semble que c'est la lassitude qui finit par dissoudre le moi du philosophe allemand. Au cours de semaines où il se consacre au tir à l'arc sans passion, en se sentant atone, il finit par décrocher un tir que le maître applaudit. Quelque chose tire ! lui dit-il. Il a atteint l'état purement désintéressé. « Vous vous teniez complètement oublieux de vous-même. »



Et aussitôt il lui interdit de ressentir la joie de la réussite.

Puis l'élève apprend à distinguer par lui-même les tirs réussis des tirs ratés.

A la fin vient l'enseignement final : viser une cible lointaine et tirer sa flèche. le maître peut mettre au centre de la cible en fermant les yeux. Les élèves n'arrivent même pas à la toucher.

« Comportez-vous comme si le but était l'infini ».
Herrigel parle de la période la plus dure de sa vie pour cette dernière étape. Mais il finit par y arriver.

Avant de quitter le Japon en lui donnant un arc (qu'il devra réduire en poussière pour ne le léguer à personne), le maître japonais prévient le philosophe allemand: vous vous êtes transformé et vous vous en rendrez compte quand vous retrouverez vos amis.
Lien : https://killing-ego.blogspot..
Commenter  J’apprécie          30
Parfois, j'ai envie d'esclaffer de rire devant une telle bouffonnerie.
Le Zen... Qu'est-ce que c'est énervant. Enfin, dès qu'on veut le saisir par des mots ou des idées, ça devient une bonne partie de rigolade.
Le zen, c'est comme la politique belge (je suis Belge), si tu crois l'avoir comprise, c'est qu'on te l'a mal expliquée.
Sinon, je suis arrivé à ce livre via les nombreuses allusions faites par François Roustang dans ses livres et ses conférences. Et je dois dire, qu'il y a effectivement un bon faisceau de ressemblances avec l'"hypnose". Bref, c'est toujours la même chose. C'est insaisissable, il faut s'oublier, être, être tout en même temps et rien en même temps. Et pour ça, il faut quand même s'entraîner, refaire, défaire, faire, rerefaire, redéfaire, persévérer, sans vouloir, ne rien chercher, trouver, mais vous ne trouverez pas sans être à moitié mort sur le chemin.
Le tir à l'arc est à la base un moyen de défense, d'attaque, et donc intrinsèquement un art de vie ou de mort. Comme il n'est plus réellement utilisé comme tel, il peut sembler désuet, mais, tout art peut être art zen, ça n'a rien à voir avec le but.
Enfin, si si vous êtes à la fois vous, l'arc, la flèche, la cible, viendra quelque chose qui était déjà là. Mais ça marchera.

Voilà, grossièrement vôtre.
Commenter  J’apprécie          20
" le zen dans l'art chevaleresque du tir à l'arc" d'Eugen Herrigel.
Tout en sagesse, ce petit opus nous montre les chemins du zen ou comment devient-on un as du tir à l'arc le jour où ce n'est plus notre main qui décide de lâcher la flèche ...
Ce livre est comme une douceur au chocolat, on le finit et il nous reste un petit goût sucré dans la bouche...
Lien : http://zoomsurhier.over-blog..
Commenter  J’apprécie          10

Autres livres de Eugen Herrigel (1) Voir plus

Lecteurs (207) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
440 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *}