Je ne sais pas trop ce qui m'a poussée à lire ce roman. Un peu traumatisée par le genre épistolaire depuis Liaisons Dangereuses, j'ai néanmoins été intriguée par ce résumé. Pourquoi ne pas m'y confronter de nouveau, après tout ? Mais différemment, cette fois, à savoir : une temporalité où la lettre manuscrite est devenue obsolète, pour certains même, un véritable alien. J'ai nommé : l'an 2019.
Oubliées les introductions et autres (re)contextualisations,
Florence Herrlemann introduit la première missive, signée de la main d'Hectorine : une vieille dame - centenaire, de surcroît - franchement trop curieuse, à la limite de l'impolitesse. Et Sarah, elle, l'a bien ressentie. C'est pour cette raison, constatant l'acharnement de sa vieille voisine a lui écrire, que Sarah décide de lui répondre : c'est clair, cela la met mal à l'aise et de toute façon, elle n'a pas le temps.
Jusque là, d'accord. Mais Hectorine commence à susciter ma pitié. Son histoire. Tragique. Enfin bon... je commence à perdre le fil lorsqu'elle raconte son évasion d'un camp de concentration allemand où elle était retenue durant la guerre. Rocambolesque. Grotesque, je dirais même. Sarah, de son côté, est assez... antipathique. Elle n'est pas même intéressante, si ce n'est lors de sa dernière lettre. Dommage alors de devoir attendre tout ce que temps pour enfin commencer à apprécier le personnage, à lui trouver une consistance.
La fin, elle, ne m'aura pas déçue. En dépit d'un dénouement que j'ai vu venir très (voire trop) rapidement, je dois dire que le lien qui s'est finalement tissé entre les deux femmes, est puissant, débordant d'amour et d'amitié. Cette mise en abime, aussi, que dire ? Un roman dans un roman, savamment introduit, on ne s'y attend pas et c'est la peut-être le petit trésor de ce roman.
J'ai apprécié que
Florence Herrlemann aborde des facettes de la guerre dont on parle moins, comme l'homosexualité. Mais je n'ai pas sentie tout l'effroi que le personnage aurait du ressentir face à cette répression. Peut-être est-ce là, une manière de mettre en lumière la façon dont ces personnes se sont coupées de leurs émotions durant leur détention. Smart. J'ai, en revanche, moins apprécié le rythme du roman où parfois, j'ai eu le sentiment que quelques scènes avaient été « coupées au montage ». A ce propos, Sarah s'évertue à rejeter les tentatives d'Hectorine pour entrer en contact, froidement. Mais c'est soudainement qu'elle décide de s'impliquer dans cette correspondance. Là encore, il faut parfois peu de choses pour changer d'avis. du tout au tout. Je ne saurais être tout à fait catégorique.