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Citations sur Guerre et Térébenthine (53)

Les lieux ne sont pas qu'un espace, ils sont aussi associés à une époque. Je regarde la ville différemment depuis que je porte en moi ses souvenirs. Mes pensées ne cessent de vagabonder autour de la place d'Armes, que je connais moi aussi depuis mon enfance comme un lieu festif, un lieu lié aux dimanches matin, à l'odeur des fleurs coupées qu'achetaient mes parents, à la fanfare désuète dans le kiosque à musique parfaitement restauré. Mais à présent, je cherche dans le langage fermé des façades l'endroit où a dû se dresser l'immeuble dans lequel mon grand-père a passé quelques mois à travailler comme apprenti [...].
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[...] il m'arrive plus d'une fois de me demander quelle est la nature de ce lien ambivalent qui nous lie à nos grands-parents. Est-ce l'absence de ce conflit générationnel que nous avons avec nos parents? Dans le fossé béant entre eux et nous réside la lutte pour affirmer ce que nous imaginons être notre individualité, et la distance qui nous sépare dans le temps nous donne l'illusion qu'il se cache là une vérité plus profonde que dans ce que nous savons de nos propres parents. C'est une grande, une extraordinaire naïveté qui nous incite à vouloir savoir.
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[Mon grand-père] avait consigné ses souvenirs ; il me les a donnés quelques mois avant sa mort en 1981. Il avait alors quatre-vingt-dix ans. Il était né en 1891, sa vie semblait se résumer à l'inversion de ces deux chiffres dans une date. Entre ces deux dates étaient survenues deux guerres, de lamentables massacres à grande échelle, le siècle le plus impitoyable de toute l'histoire de l'humanité, la naissance et le déclin de l'art moderne, l'expansion mondiale de l'industrie automobile, la guerre froide, l'apparition et la chute des grandes idéologies, la découverte de la bakélite, du téléphone et du saxophone, l'industrialisation, l'industrie cinématographique, le plastique, le jazz, l'industrie aéronautique, l'atterrissage sur la Lune, l'extinction d'innombrables espèces animales, les premières grandes catastrophes écologiques, le développement de la pénicilline et des antibiotiques, Mai 68, le premier rapport du Club de Rome, la musique pop, la découverte de la pilule, l'émancipation des femmes, l'avènement de la télévision, des premiers ordinateurs - et s'était écoulée sa longue vie de héros oublié de la guerre. C'est sa vie qu'il me demandait de décrire en me confiant ces cahiers. Une vie se déroulant sur près d'un siècle et commençant dans un autre monde.
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Leur mesure du temps était aussi simple qu'efficace : il comptait en fonction de ce qui s'était passé "' avant la Grande Guerre" ou " des années après la Grande Guerre". On ne parlait pas beaucoup de la seconde Guerre mondiale...
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Il y a dans l’ethos disparu du soldat à l’ancienne quelque chose qui, pour nous, contemporains d’attentats terroristes de de jeux vidéo violents, est encore à peine concevable. Dans l’éthique de la violence est intervenue une rupture de style. La génération de soldats belges qui fut conduite dans la gueule monstrueuse des mitrailleuses allemandes au cours de la première année de guerre avait encore grandi selon l’éthique exaltée du dix-neuvième siècle, avec un sentiment de fierté, un sens de l’honneur et des idéaux naïfs. Leur morale de guerre tenait pour vertus essentielles : le courage, la maîtrise de soi, l’amour des longues marches, le respect de la nature et de son prochain, l’honnêteté, le sens du devoir, la volonté de se battre, si nécessaire, d’homme à homme. […]
Toutes ces vertus d’une autre époque furent réduites en cendres dans l’enfer des tranchées de la Première Guerre mondiale.
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[...] c'est fou, avant, j'étais persuadé que le tunnel sous la Manche était en verre et qu'on pouvait voir des hippocampes nager au-dessus de sa tête, alors qu'en ce moment, je n'ai même pas l'impression de traverser la mer.
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Au loin, la lumière se déploie en un fragile éventail de différents gris, et de rose, avec une pointe d’orange. Au-dessus de la campagne plane ce léger blanc de la brume qui se dissipe.
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A soixante- dix ans, par un dimanche matin ensoleillé de Pâques, il avait déclaré subitement, les larmes aux yeux, que l'intensité du bleu des iris barbus qui fleurissaient dans le jardin à l'arrière de la maison, associé au jaune vif de leur coeur, lui donnait des palpitations, et que c'était triste qu'un être humain doive mourir sans avoir compris comment tout cela pouvait voir le jour. (p. 48)
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Le mépris des officiers francophones, l'humiliation publique et le traitement désavantageux dont font l'objet les soldats flamands sont d'autant plus insupportables que le sacrifice de vies humaines prend de l'ampleur. Le comportement des officiers contraste fortement avec la manière dont les Wallons ordinaires nous témoignent leur amitié, et se montrent la plupart du temps solidaires : de la chair à canon, voilà ce que nous sommes tous.
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Je regarde autour de moi : il n'y a que des espaces à l'abandon, sans nom, comme en a laissé partout dans le monde les grandes industries. Dommages collatéraux urbains. La mare où mon grand-père a dû voir son apparition bucolique est profondément enfouie sous le béton armé des silos à grains.
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