On ne peut pas laisser un car, chargé d’innocents petits enfants, traverser la baie dans les deux sens sur un vieux pont branlant.
Loin des yeux, loin du cœur. Tel était le credo du labrador.
Les labradors sont mus par la philosophie que la vie est trop brève pour la passer à autre chose que s’amuser, faire des bêtises et se livrer à leurs
pulsions chamelles spontanées.
Le fin du fin en politique, n’était-ce pas la persuasion? Et persuader des
individus rétifs et soupçonneux de vivre au- dessus de leurs moyens
La vengeance, ne devait jamais être entachée d’ambiguïté.
Quel est le mari attentionné qui n’envisage pas d’en référer aux autorités après l’effraction de son domicile par un individu qui prend le large avec sa femme !
L’homme avait un côté agréable, avide de plaire qui, sans aller jusqu’à le faire
qualifier de chaleureux, lui donnait suffisamment d’entrain pour qu’on le regrette et même qu’on le pleure.
La colère n’a rien de honteux, petit. C’est parfois la seule réaction morale, saine et logique. Nom de Dieu, on prend pas de cours pour la supprimer! On
boit un coup ou on se chope une saloperie de balle. Ou on fait face et on se bat contre les salopards.
Dans l’univers olfactif si riche des chiens il n’existait pas de mauvaise odeur ou quasiment. Elle était simplement différente.
On trouvait le moindre sentier qu’il avait parcouru, le moindre matou qu’il avait coursé jusqu’à un arbre, la moindre jambe qu’il avait essayé de tringler. Quant à savoir si la compagnie de son maître lui manquait pour de bon, qui aurait pu le dire? Les labradors ont tendance à vivre l’instant présent, exclusivement, joyeusement, en oubliant tout le reste.