Urban Comics met régulièrement en avant les travaux d'un auteur particulier avec plusieurs de ses oeuvres. Après notamment
Brian K. Vaughan, puis
Sean Murphy en 2013, 2014 commence avec
Jonathan Hickman. Celui qui s'illustre sur les principales séries Avengers de Marvel a débuté sa carrière chez Image Comics en publiant des histoires peu conventionnelles, dont
Pax Romana est un parfait exemple.
Dans un monde futuriste, un pape génétique vient conter à un enfant-roi la quête de ses ancêtres à travers l'espace-temps. En effet, au milieu d'un XXIe siècle dominé par l'Islam, les scientifiques soutenus par le Vatican découvrirent le voyage temporel. Aussitôt, un commando d'élite fut monté (les mercenaires pullulent dans ce XXIe siècle très militarisé) et le pape du moment les envoya au IVe siècle à la rencontre de Constantin Ier avec pour mission de faire du catholicisme la religion dominante pour des millénaires et des millénaires. Or, que se passe-t-il quand on lâche quelques centaines de militaires surentraînés avec de la technologie nucléaire en plein Antiquité tardive ? Des dégâts, assurément.
Avec ce monumental pitch de départ,
Jonathan Hickman s'est donné les clés pour aller très loin dans sa réflexion sur la religion, l'injustice du libre arbitre et le rapport entre individu et collectivité. Il lâche aux côtés d'un Constantin le Grand opportuniste une ribambelle de personnalités fortes prêtes à tout pour faire leur trou dans le nouveau continuum espace-temps qui s'offre à eux. Si sa façon de distiller les coups de théâtre et les renseignements sur l'intrigue pourra en gêner quelques-uns, nous ne pouvons retirer à
Jonathan Hickman son ingéniosité dans la constitution de son uchronie. Il créé une aventure tendue tout du long, et réussit même à nous surprendre encore à la dernière page.
L'aspect graphique fait également de
Pax Romana un comics qu'il convient de ne pas proposer sans aide aux néophytes. Par des planches très avant-gardistes, minimalistes et uniquement fondées sur la bichromie,
Jonathan Hickman magnifie des situations très tendues et fait de son monde une machine particulièrement ordonnée. Les coups d'éclat, nombreux encore une fois, sont mis en valeur par l'aspect mécanique de leur exécution et par quelques gerbes bien maîtrisées, exceptionnellement écarlates. Même si une quantité folle de textes compose ce comics, il se dévore une fois que nous nous sommes emparés du pitch de départ.
Fans d'uchronies couillues, de remises en cause des religions et de styles graphiques non conventionnels, foncez ! Les autres, abordez ce genre de comics par étape, avec prudence et précaution, cela vaudra toujours mieux que d'être déçu à la lecture de cette idée géniale.