Quelque chose en moi se réveille avec une souffrance presque intolérable. J'étais censé ne plus souffrir....Cela fait si mal, et j'ai l'affreuse sensation de ne plus maîtriser mes émotions. Mais pour rien au monde je ne souhaite à nouveau oblitérer cette douleur. Elle doit faire son chemin en moi, je le sens, c'est une nécessité. Il faut à tout prix que je la cache afin qu'on ne m'oblige pas à repasser en CEDE.
Chacun peut être heureux de sa place dans la société, car celle-ci a besoin de diversité.
Et puis sans ombre, comment distinguer les zones de lumière?
Depuis l'accident, j'ai plusieurs bleus sur les bras et sur les cuisses. Je les observe souvent quand je m'ennuie. Je les regarde évoluer chaque jour. S'étendre, changer de nuance, puis diminuer. A mesure qu'ils disparaissent, j'ai le sentiment qu'ils pénètrent en moi. On ne les voit plus à l'extérieur car ils ont colonisé l'intérieur. La peau n'est plus bleue, c'est l'âme qui le devient. Je souffre tant que je deviens bleue de l'âme sans que cela soit visible. Pour que cela se voit, il faudrait créer le mot clé : #bleue!
Souviens-toi qu'être humain n'est pas facile, mais que c'est la plus belle chose qui soit. Souviens-toi que notre monde est fait d'oppositions: mal et bien, ombre et lumière, douleur et joie... inhumain et humain. Souviens-toi que si tu supprimes un élément d'un couple, tu anéantis le couple entier.
Une adolescente, qui a préféré se faire passer pour morte plutôt que de vivre dans un monde où on oblige les jeunes gens à se faire oblitérer en cas de douleur.
Je pose le statut sommeil, le seul qui permet d'être tranquille. Enfin non, deux autres statuts ont ce pouvoir-là, mais ils sont toujours postés par un tiers : hospitalisé ou décédé. Bien évidemment, quelqu'un qui aurait recours à ma supercherie trop souvent, et surtout au beau milieu de la journée, se taillerait une réputation de flemmard de première, d'autant plus qu'on sait soigner la narcolepsie depuis trois ans. Aussi, je fais gaffe. Avec le statut sommeil, je peux m'allonger sur mon lit, fermer les yeux, voir le soleil briller entre les feuilles et entendre le vent chanter entre les branches...
Chacun peut être heureux de sa place dans la société, car celle-ci a besoin de diversité.
La pression de la société se durcit, et la crise économique s'aggrave.
"Imaginez un monde où la loi vous oblige à être heureux..."