Ils [les océans] sont le poumon bleu de la Terre ; les forêts en sont le poumon vert. L'un brûle et l'autre se déséquilibre. Vert et bleu se décolorent.
Globalement, les décideurs ont enfin compris, avec ce virus plus virulent que les autres, et avec cette petite bestiole microscopique qui est en train de nous sauver, que l'espèce humaine n'est pas toute-puissante, et qu'elle a besoin de s'allier avec la nature.
La protéger n'est même plus d'actualité. Nous devons nous placer à égalité avec elle. Vivre en bonne entente avec elle. En cogestion avec elle.
Nous sommes dans l'espace.
En route vers Mars.
La Terre se rebelle. Elle ne veut plus de nous.
Le jour n'a jamais autant d'intensité qu'après un séjour prolongé dans la nuit.
Peut-être ai-je besoin de ces contrastes puissants pour me sentir vivante.
Mon pied sur Mars. Je suis sur Mars. Mars. Et je ne peux pas m'empêcher de prononcer cette phrase qui me trotte dans la tête depuis que je suis toute petite : "Un premier pas pour les femmes, un grand pas pour l'humanité." Juste après, j'éclate de rire, ce qui ôte pas mal de solennité à mon propos. Après tout, ne suis-je pas la première femme à poser le pied sur Mars ? Je risque de me faire tancer par Houston mais tant pis, c'était trop tentant. Olga me suit, en me présentant un pouce levé. A-t-elle aimé ma grande phrase pour la postérité ? Nous voilà tous trois là, jeunes et martiens. Jason prend un selfie de notre petit groupe. C'était le plan médiatique : mettre en avant notre jeunesse, pour montrer au monde terrestre qu'ici, c'est l'avenir.
Perdre de vue la planète sur laquelle on a toujours vécu est une expérience inédite.
Chaque seconde qui passe me rapproche toujours un peu plus de la Terre, cette planète habitée par des parasites complexes et attachants, égoïstes et généreux, hostiles et avenants, capable du pire comme du meilleur.
Irons-nous enfin vers le meilleur après avoir été capable du pire ?
Quoi qu'on fasse, l'univers nous le rendra.
Peut-être ne suis-je que bribes.
Bribes de pensées, bribes d'instants, bribes de mots et de paroles ...
Quand on est une fille, on apprend à ne pas trop rêver. On apprend à douter de tout, et d'abord de soi.