U4 : Yannis

On assiste a la fin de plusieurs monde dans une vie.

Les vrais héros sont ceux qui se sont efforcés de continuer à vivre comme avant, jusqu'au bout.

Qui suis je pour la juger ?

-Oui. Tu es là. Je suis là. Le soleil brille dehors et l'herbe poussera encore au printemps. Ce n'est donc pas la fin du monde.

-Mais c'est la fin d'un monde.

-Tu à raison. Mais au cours d'une vie,on connaît la fin de plusieurs mondes, tu sais. Le plus difficile, c'est de survivre en restant digne.

Nous pédalons comme des gamins en promenade sur les petites routes sombres. Emmitouflés dans nos doudounes, avec nos gants, écharpe et bonnet, chacun un sac sur le dos, nous jetons des coups d’œil réguliers à Happy, bien calé dans une couverture chaude, au fond de la carriole. Nous pourrions presque nous croire en vacances, si ce n'étais ce silence auquel je ne parviens pas à m'habituer, ces vitres brisées, ces voitures délaissées, ces détritus éparpillés,et ces tracts volants appelant les survivants à se rende aux R-Points les plus proches, le plus vite possible, pour des raisons de sécurité.

Je suis responsable de mes actes, et ça, je ne peux pas le chasser d'un coup de pelle. Est-ce que c'est ça, être adulte ?

L'apocalypse qui a foudroyé les humains rend le monde aux animaux. C'est peut-être une bonne chose pour la nature, tout ça.

Ce qui compte, c'est le rendez-vous. Se retrouver. Se rassembler. Les héros, virtuels ou réels, ont l'habitude de se battre. Machine à remonter le temps ou non, on se battra. Pour survivre. Pour reconstruire. Pour ne plus être seuls...

Nos destins sont si différents... Sauf si le maître de WOT peut remonter le temps. Et dans ce cas, j'ai tout prévu : j'ai inscrit, avec un feutre permanent qui traînait dans un tiroir du salon, les noms de Stéphane, de François et de Marco sur la doublure de mon blouson. Ainsi, je les retrouverai, dans un passé qui portera un autre futur.

C'est avec Stéphane que tout est le plus clair, surtout dans nos longs silences où nous laissons les pulsations de l'Univers entier nous envahir. Elle refuse de parler de passé ou d'avenir mais cela ne me gêne pas. Quant à moi, je lui ai avoué la présence plus fréquente de mes fantômes, même en dehors de mes rêves. Elle n'a pas eu l'air de me trouver si fou que ça.