Il me serre fort contre lui, et je pleure comme un bébé. Revoir RV a brisé un truc en moi ou je ne sais pas, en tout cas ça coule, ça coule, ça ne s'arrête pas de couler, je chiale, avec des hoquets comme les mioches. Trop de sentiments mêlés me crèvent le coeur. Soulagement et tristesse. Gêne et abandon. Amitié et humiliation. De toute façon, aucune émotion ne sera plus pure désormais. Le monde est un tel chaos.
J’aimerais, moi aussi, avoir des ailes...pour être plus vite auprès de Celle sans qui rien n’a de sens ni de saveur.
Il glisse sur l'eau.
Le monde est en train de finir. Des flammes dansent et lèchent le ciel derrière moi. Et je ne peux détacher mon regard de cette chose, là, qui flotte.
Je fais tomber le corps dans le trou. Une forme de soulagement. Infime. Mais bien là. Poursuivre. Prendre la pelle. L'ensevelir. Chercher la pelle. Délivrer cette âme. Je retourne près du corps évanoui de Ralph. La pelle. Happy me suit, décontenancé et souffrant. Je décroche la pelle de son clou. Pelle égal délivrance. Soudain, tout se brouille. Je titube et je tombe dans un autre trou, celui dans ma tête. Un trou noir.
extrait choisi par Julie
Papa et maman n'ont évité personne. Ils ont compris très vite, que, de toute façon, tous les adultes y passaient. Et pourtant, ils ont été parmi les derniers à mourir. Je me dis que la Mort, même si elle a fauché adultes et enfants dans leur totalité, a quand même rechigné à emporter les meilleurs. Elle doit avoir une sorte de morale toute personnelle, la Mort...
J’aimerais, moi aussi, avoir des ailes...pour être plus vite auprès de Celle sans qui rien n’a de sens ni de saveur.
- Mais c’est la fin du monde.
- Tu as raison. Mais au cours d’une vie, on connaît la fin de plusieurs mondes, tu sais. Le plus difficile, c’est de survivre en restant digne.
- Promis ! Croix de bois, croix de fer, si je mens...
- Laisse béton, on est déjà en enfer.
Le monde s’écroule. L’avons-nous mérité ? En tout cas, pas toi. Pas vous, les jeunes. Vous ne méritez pas ça.
Moi, je crois que les vrais héros sont ceux qui se sont efforcés de continuer à vivre comme avant, jusqu’au bout. Comme mon père.