Si je mâche mes mots, longtemps, infiniment
c'est pour qu'ils soient de l'eau
c'est pour qu'ils soient liquides,
qu'ils soient rendus au bleu
c'est pour que tu y plonges
et que tu m'y retrouves.
J'ai grandi
en dévidant nuit et jour
l'écheveau des rêves
venez, oiseaux, venez faire vos nids
dans ma tête de paille
car l'été n'existe plus que
dans ces brindilles sèches
prenez oiseaux, prenez aux herbes
de la morte saison.
IL N’EST PAS D’AUTRE LIEU QUE CELUI DE L’ABSENT…
Il n’est pas d’autre lieu
que celui de l’absent
d’autre mot que celui d’une épine sous l’écorce
d’autre chair que celle née d’un renoncement
d’autre temps que celui déserté par les os
nulle ombre ne connaît son nom
nulle merveille n’est incorruptible
ce qu’a formé le ciel, le ciel l’a dissout
ce qui vient à la source devra gagner la mer
ni commencement
ni milieu
ni fin
il n’est pas d’autre lieu
que celui de l’absent.
L’été, les rêves agitent les voilages
mieux que la brise
et parlent de disparition.
Les roses suspendent un drap bleu aux fenêtres
je reste derrière
ce monde soluble dans la lumière
où les pierres brûlent et renaissent sans qu’on les voie.
Seule cpule l'eau de neige, je suis en toi
par l'a joue, le froid, la bouche couronnée de rien, je veux te tresser d'eau pure et te boire
que ta voix soit ma voix et chante.
Elle sort de chez elle…
Elle sort de chez elle le trottoir se dérobe et fuit
dimanche matin les ruelles sont nues gouttent encore de nuit
l’écume des étourneaux retourne remue le ciel
les ombres rétrécissent se tapissent sous le soleil
le cœur doit diviser pour survivre et elle court
le jour cède la mesure qu’elle arrachera au vide
quelque chose se prépare dans le sombre des rues
quelque chose bondit.