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Citations sur La salle de bal (257)

Le dernier jour de la moisson, le ciel immobile était une jatte de bleu. Le matin, les hommes restèrent silencieux, assommés par la chaleur et l’épuisement qui lestaient leurs membres, mais en fin d’après-midi John chanta : la seule voix qui s’élevait au-dessus de ces champs fauchés, une chanson qu’il ne se rappelait même pas connaître. Une que son père fredonnait, là-bas sur les plages de varech quand John était petit, et quand il l’entonna il se rendit compte qu’il la connaissait si bien que c’était comme endosser un habit porté par son père, et le père de son père avant lui, et tous les pères de la lignée, et qui lui allait donc mieux que n’importe quel autre habit. 
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Il y avait le vieux soldat qui ne parlait que des Pachtouns et passait des heures à cirer ses bottes en vue de la bataille. Un vieux de la vieille édenté dénommé Foreshaw, duquel on disait qu'il était là depuis l'ouverture de l'asile, près de trente ans plus tôt, et qu'il avait un jour bu le sang d'un mouton. Une poignée d'Irlandais, dont l'un, à entendre les pointes de son accent, venait forcément du même côté du Mayo que John. Et bien que John ne le connût pas d'avant, il reconnaissait la fêlure de son visage, les yeux agités - comme si le monde était un piège prêt à se refermer sur vous -, il l'avait vu sur tant de visages qu'il n'aurait pu les compter. Et puis chez la plupart d'entre eux, la même confusion, comme s'ils n'arrivaient pas à comprendre que c'était là qu'ils avaient atterri.
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Le dernier jour de la moisson, le ciel immobile était une jatte de bleu. Le matin, les hommes restèrent silencieux, assommés par la chaleur et l'épuisement qui lestaient leurs membres, mais en fin d'après-midi John chanta : la seule voix qui s'élevait au-dessus de ces champs fauchés, une chanson qu'il ne se rappelait même pas connaître. Une que son père fredonnait, là-bas sur les plages de varech quand John était petit, et quand il l'entonna il se rendit compte qu'il la connaissait si bien que c'était comme endosser un habit porté par son père, et le père de son père avant lui, et tous les pères de la lignée, et qui lui allait donc mieux que n'importe quel habit.
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Je sais à peine comment t'écrire, car tu me sembles une créature au-delà de n'importe quels mots.
Il y eu un moment où je t'ai observée, avant que tu saches que j'étais là. J'ai observé ton visage quand tu étais sous l'arbre. J'espère que tu pourras me pardonner. Mais il n'y avait dessus aucune peur, même s'il faisait sombre et que la nuit était tout autour.
Je n'écrirai pas sur notre rendez-vous. Je ne peux pas. Juste pour dire, je crois que les arbres ont été nos seuls témoins. Les arbres et les champs et le ciel.
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Contrairement à la musique, il a été démontré que la lecture pratiquée avec excès était dangereuse pour l’esprit féminin… si un peu de lecture légère ne porte pas à conséquence, en revanche une dépression nerveuse s’ensuit quand la femme va à l’encontre de sa nature. P 114
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C'étaient les femmes, là-bas, qui le perturbaient : celles dont les visages surgissaient, terribles, dans la lumière de la lampe ; les femmes chétives qui gloussaient et serraient les bras contre elles comme des fillettes ; les femmes qui jacassaient comme des perroquets et avaient des yeux durs et brillants pareils à ceux des oiseaux. Les femmes à la peau jaune qui l'empoignaient trop fort, dont l'haleine aigre était un nuage toxique auquel il avait hâte d'échapper. Les femmes silencieuses recouvertes d'un voile pâle semblable à de la cire, si renfermées sur elles-mêmes qu'elles semblaient à peine se rendre compte de sa présence.
Elle était là aussi - la fugueuse -, pâle et vigilante au milieu de tout ça.
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Contrairement à la musique, il a été démontré que la lecture pratiquée avec excès était dangereuse pour l'esprit féminin. Cela nous a été enseigné lors de nos tout premiers cours magistraux : les cellules masculines sont essentiellement cataboliques – actives et énergiques – tandis que les cellules féminines sont anaboliques – destinées à conserver l'énergie et soutenir la vie. Si un peu de lecture légère ne porte pas à conséquence, en revanche une dépression nerveuse s'ensuit quand la femme va à l'encontre de sa nature.
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Ah ça il les aimait ses histoires, Dan, c'était bien une étrange histoire à lui tout seul, avec sa gueule carrée, sa poitrine d'hercule et ses bras pareils à deux jambons, encrés partout de tatouages d'oiseaux, de fleurs et de créatures moitié femme, moitié bête. Jadis marin - vingt ans de mer -, il appelait John "mio Capitane" parce qu'il lui rappelait, c'est ce qu'il disait, un capitaine italien qu'il avait eu : " un bien bel omi, pile comme toi". Il avait navigué jusqu'au jour où il avait perdu son permis de la marine marchande, puis était devenu pugiliste, terrassant des types dans les foires contre de l'argent. Mais il racontait beaucoup d'histoires, et on ne savait jamais lesquelles étaient vraies.
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« Bref, je savais que si je l'épousais, je serais malheureuse.
- Tu l'as expliqué à ton père ?
- J'ai essayé. Il ne m'a pas écoutée. Je crois qu'il était content de ne plus m'avoir sur les bras. Je crois qu'il se disait que personne ne voudrait m'épouser à cause de ma façon d'être.
- Pourquoi ? C'est quoi ta façon d'être ?
- Oh, toute de travers, répondit C. avec un sourire fugitif. Je suis toute de travers. »
Ella la dévisagea. C. était grande et blonde. Elle savait danser et jouer du piano. Sa bouche qui remontait aux commissures semblait faite pour sourire. Si elle était toute de travers, alors comment ils étaient, les autres ?
(p. 152)
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Il mit toute son attention au service de la tâche à accomplir. Bien que l'alimentation forcée fût une pratique quotidienne à l'asile, cela faisait un bon moment qu'il n'en avait pas administré une lui-même. D'abord, il saisit l'extrémité du tube en caoutchouc, qu'il se mit à insérer dans la gorge. À la première tentative, Miss Church céda à une violente quinte de toux, et le tube fut expulsé, mais lors du deuxième essai Charles se montra plus prudent, et après un haut-le-cœur initial de la patiente le tube passa la gorge et pénétra dans l'œsophage : de la chaise ne provenaient plus de convulsions. Il positionna le bol au sommet du tube en caoutchouc et demanda qu'on lui apporte la mixture. Elle était toute prête, la même qu'on utilisait pour n'importe quel patient qui devait être nourri : des œufs battus, du lait, et des vita- mines ajoutées au tout, la nourriture la plus substantielle possible sous forme liquide, en somme, et franchement, songea-t-il, alors qu'il posait le bol en équilibre au-dessus de l'ouverture du tube et que les yeux de la patiente s'élargissaient, franchement, elle avait de la chance qu'on la nourrisse tout court. Il avait entendu dire qu'à Holloway on versait la mixture par le rectum : punition, et non nutrition, voilà ce qui était proposé là-bas. Il voyait le blanc de l'œil dénudé, la courbe du globe oculaire, les minces veines rouges qui zébraient les côtés. Il commença à verser. Silence. Seul mouvement dans la pièce, celui de la préparation qui passait du bol au tube, seul bruit le discret gloup qui accompagnait la descente de la mixture. Au bout d'un moment, le corps de la patiente fut pris de convulsions, et l'infirmière la plus proche de Charles lui posa une main sur le bras.
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