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sur 1610 notes
Romanesque, virtuose, bouleversant.

Ce roman d'Anna Hope m'a emporté. Il souffle sur ce livre la force des grands écrivains. Un petit régal.

L'intrigue se déroule dans l'asile de Sharston, dans le Yorkshire, en 1911. A cette époque, des maladies telles qu'un burn-out, une dépression ou l'anorexie vous menaient tout droit à l'asile. Ainsi, trois personnages nous comptent chacun leur tour leur vie au sein de l'institution psychiatrique.

Ella. Nouvelle internée après avoir brisée une vitre dans l'usine où elle travaille.

John. Dont on comprendra petit à petit les raisons de son internement.

Charles. Médecin de l'institution, musicien passionné.

Et ce bal du vendredi soir qui les réunira ? Les détruira ? Je vous laisse en juger car vous devez lire ce livre, perle des sorties 2017.

Anna Hope nous emporte à la suite de ses personnages. Je n'ai pu lâcher ce livre si subtilement écrit. Il se dévore. Littéralement. Un grand souffle romanesque traverse cet ouvrage. On passe d'émotion à consternation, les sentiments y sont subtils, la description de l'époque effarante.

Je vais devoir bientôt lire le Chagrin des Vivants, le premier livre de Mme Hope, tant ce bal m'a fait tournoyer.

Lien : https://labibliothequedejuju..
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C'est un roman grave, qui rappelle ce que fut l'univers de la psychiatrie expérimentale du début du vingtième siècle, alors qu'aucun garde-fou, sans mauvais jeu de mots, n'existait pour protéger les malades des expérimentations sauvages de médecins inconsidérément téméraires.

Le scénario prend place en Angleterre, mais l'ensemble de l'Europe a été embarquée dans cette mouvance, qui reposait sur les théories eugénistes , présentes en filigrane autant en politique qu'en médecine.

L'auteur illustre le thème en nous proposant un roman choral, qui met au devant de la scène successivement un médecin mélomane qui rêve d'une humanité « améliorée », et plusieurs pensionnaires d'un asile pour aliénés , qui avant que le docteur un peu fêlé ne s'en mêle, avait des allures d'établissement avant-gardiste : autarcie de production des vivres et maintenance collaborative des locaux et de la buanderie, souci du bien être des pensionnaires à qui sont proposées des soirées dansantes au son d'un orchestre qui rassemble les musiciens de la communauté.
Certes les hypothèses psycho-pathologiques paraissent bien surannées, et la violence n'était pas uniquement le fait des patients incontrôlables, mais un certain degré d'empathie , même si le terme était trop récent pour faire partie du vocabulaire courant, transparaissait à travers la volonté de procurer du bien-être aux patients

On mesure aussi le chemin parcouru concernant les modalités d'enfermement, alors qu'une simple demande de la famille suffisait à condamner n'importe qui à un isolement souvent contre-productif sur le plan de la santé mentale.

On s'attache rapidement à ces personnages victimes de circonstances malheureuses. Leur lutte contre l'absurdité du système suscite des sentiments de révolte et on craint pour eux les conséquences code leur indocilité.

cette lecture fait écho à l'ouvrage de Boris Cyrulnik sur l'histoire de la psychiatrie, qui décrivait le cheminement des procédés, dont l'inventivité n'avait d'égal que la cruauté.

L'élégance de l'écriture, gravée et nourrie de compassion contribue à l'impression générale d'un roman réfléchi et digne.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Une lecture comme je les aime, riche, puissante, émotionnellement chargée, avec un vrai souffle romanesque qui court de page en page.
La salle de bal, c'est celle de l'asile Sharston, une transposition littéraire de celui de Menston dans le Yorkshire qui a définitivement fermée en 2003. C'est là que l'arrière arrière grand-père de l'auteure a été interné, de 1909 à 1818, un homme déprimé qui « a du travailler très dur et s'est fait beaucoup de souci pour son travail. » Autant dire que c'est d'un sujet sensible que s'est emparé Anna Hope, un sujet qui résonne fort en elle.

1911. La salle de bal, c'est comme une parenthèse incongrue dans la vie des patients de l'asile. Une fois par semaine, pour ceux qui ont été « sages », la possibilité de s'évader dans la danse et la rencontre avec l'autre sexe. C'est là qu'Ella, internée pour avoir cassé une vitre dans sa filature, rencontre John, brisé par un malheur familial. Mais c'est aussi là que le docteur Fuller les observe et cherche à expérimenter ces théories scientifiques.

Ces trois personnages sont magnifiquement incarnés. Pas seulement le couple d'amoureux qu'on aime forcément d'emblée, mais aussi le docteur, mal aimable lui mais si complexe. C'est lui qui permet de faire entrer le roman dans une histoire peu connue et perturbante de l'histoire britannique : la notoriété de l'eugénisme qui s'étend, au début du XXème siècle, bien au-delà de la sphère scientifique pour toucher l'intelligentsia politique. Ou comment le ministre de l'intérieur Winston Chruchill s'est enthousiasmé un temps pour l'idée de stériliser les « inaptes » au système dans le but d'améliorer la « race » ( la loi de 1913 sur la déficience mentale a jusqu'au dernier moment inclus une clause sur la stérilisation forcée ).

La Salle de bal est une oeuvre âpre sur la folie, qu'elle soit visible, attribuée ou cachée. Dans cet asile de Sharston, on peut se retrouver enfermé à vie parce qu'on est fou, mais aussi indigent, déprimé ou juste rebelle à la société. le destin d'Ella et de John est bouleversant, leur histoire d'amour contrariée somptueuse. Tout est subtil et intense dans ce roman, des premières lignes jusqu'à l'épilogue qui m'a profondément émue aux larmes.
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« La salle de bal » révèle des vérités honteuses et effrayantes ; ce genre de vérités que l'on repousse vite du pied pour les cacher dans un coin d'ombre. Dans ce livre, Hanna Hope les a exhumées de la poussière et de l'oubli.
Une bien vilaine flétrissure que porte l'Europe du XIXème siècle finissant ! On y enfermait pour un rien, ou tout simplement pour s'en débarrasser, des femmes dans des asiles d'aliénés. Au nom de la lutte contre une prétendue « détérioration nationale », on théorisait, voire on légiférait, sur la manière de restreindre la fécondité des classes populaires ou des « anormaux ». J'en reste sans voix.

Considérée par ses juges comme asociale et folle pour un simple mouvement d'humeur, Ella est l'une de ces femmes qui se retrouve enfermée dans un asile d'aliénés. Broyée par un système aveugle et impitoyable, son impuissance, son sentiment d'horreur et d'injustice quand elle comprend ce qui lui arrive vous froisse le coeur.

Nous la voyons mener dans l'asile une vie de labeur et d'humiliation. Ballotée entre ses rêves de fuite et son épouvante de ne jamais pouvoir sortir ce cet enfer, Ella est un personnage absolument bouleversant.

L'intrigue est haletante, et ne laisse aucun temps mort. Elle tourne autour de cinq personnages aux personnalités fortes et complexes, et du bal du vendredi, unique moment de bonheur offert aux pensionnaires méritants.
Que de violence, de désespoir, de peurs, de vilénie dans cette histoire ! Mais aussi que d'amour, de passion avec ces mains grandes ouvertes, ces bras tendus, et ces rêves de ciel bleu…
John, l'homme de l'ombre ! La métamorphose d'Ella ! Les arbres, et les champs, et le ciel uniques témoins d'un grand amour ! le docteur Fuller, homme de pouvoir aux multiples facettes qui fait tant grincer des dents ! La cruauté des gardes et le dédain des médecins ! Clem, la princesse déchue ! Tous ces corps, toutes ces âmes qui se cherchent au bal du vendredi ! Et Dan aux milles vies !
Je ne suis pas prêt de les oublier !

Le livre n'est pas exempt de défauts. La fin m'a notamment paru trop facile. Mais peu importe ! La lecture fut émouvante, ponctuée d'espoirs, de rebondissements, et d'inquiétudes.

Ce fut une lecture commune avec mes amies Cricri124 et Siabelle. Ensemble, nous sommes passés par tous les états. Incompréhension, révolte, compassion, et admiration pour ces excommuniés, ces déchus qui ont su garder la tête haute. Je vous invite à lire leurs billets.

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Angleterre 1911, dans l'asile de Sharston. Le lieu réservé aux aliénés et indigents, aux décors bizarrement soignés, est immense. Ici plus de deux mille hommes et femmes sont internés et séparés, à l'exception du vendredi où quelques-uns sont autorisés à danser en couple dans la salle de bal de l'établissement.

Ce jour-là, l'orchestre est conduit par Charles, un médecin violoniste qui croit aux bienfaits de la musique sur les malades. Mais si au début l'homme espère en la possibilité de guérison de certains, après des balancements personnels il n'exclut plus l'idée de la stérilisation pour purifier la société. Une personnalité ambiguë donc — dont plusieurs patients vont faire les frais — néanmoins en phase avec les théories eugénistes de son époque.

Parce qu'ils sont malades mentaux ou pauvres, des humains sont enfermés — avec une possibilité de recouvrer leur liberté infime — dans un milieu hostile (un euphémisme) où contre toute attente, un homme et une femme vont avoir le courage de s'aimer. Inspirée par l'histoire d'un de ses grands aïeuls qui vécut dans un asile semblable, Anna Hope avec beaucoup d'humanité décrit une société d'exclus et signe, après Le chagrin des vivants, inoubliable, un roman éclairant et émouvant.
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Un roman qui rappelle qu'on enfermait vite les gens en HP il n'y a pas si longtemps encore.. et pour des raisons pas toujours très claires ou probantes sur un état d'aliénation .

Ce roman c'est aussi une façon d'amener a réfléchir et a penser sur les anciennes pratiques des soignants . Mais surtout sur leur envie et leur besoin de reconnaissance par leurs pairs.

J'ai beaucoup apprécié ce roman. La plume de l'auteure est douce , poétique par moment. Elle pique doucement avec des idées précises,instillées avec une certaines douceur. Si cela ne m'a pas déplu, je préfère quand même parfois quand c'est plus virulent, plus cynique, mais je comprends cette façon de faire toute en douceur. Qui en réfléchissant bien , aura a terme, sans doute plus de poids.

j'ai apprécié également l'approche qu'a donné l'auteure a son roman, avec des personnages très charismatiques, et puis aussi on se demande qui est réellement le fou dans cette histoire. sans oublier un final très marquant et toujours dans l'idée initiale pleine de douceur et de poésie.


Une auteure a suivre du coin de l'oeil sans hésitation.
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Difficile de résister au tourbillon romantico-dramatique qui anime ce roman prenant, solidement documenté, et tout simplement orchestré avec brio par Anna Hope - salle de bal oblige.

Pourtant, le quotidien des faibles d'esprit et des « pauvres chroniques » n'a rien d'enviable au sein de l'asile de Sharston dans le Yorkshire en 1911. On peut s'y retrouver assez facilement interné, qu'on soit aliéné bien sûr, mais aussi indigent, violent, déprimé ou tout simplement une gêne pour sa famille. En revanche, « Il y a trois façons de sortir d'ici. Tu peux mourir...Tu peux t'enfuir...Ou tu peux les convaincre que tu es suffisamment saine d'esprit pour partir. » Et ça, c'est nettement plus compliqué.
D'autant que l'encadrement médical est laissé à l'appréciation toute personnelle du docteur Charles Fuller, ambitieux frustré, qui compte expérimenter ses théories eugénistes sur quelques cas bien choisis. À cette époque, et c'est un des aspects historiques intéressants que ce roman met en lumière, le contrôle des faibles d'esprit est d'actualité, et Churchill alors ministre de l'intérieur a même, un temps, été séduit par le projet de stérilisation de nombreux Britanniques comme le souligne Anna Hope dans une note en fin d'ouvrage.

Mais entrez donc dans la danse, voyez comme on danse…pendant le bal donné le vendredi soir dans une magnifique salle de bal aux dimensions imposantes, véritable lieu de liberté et de rencontre pour les internés. On y croise Ella, jeune ouvrière fileuse nouvellement arrivée, John, taciturne irlandais, Clem, placée ici par sa famille pour la mater, pour ne citer que les principaux protagonistes supposés dérangés de ce roman captivant et très instructif.

Amour, haine, ambition, folie donnent le tempo de ce roman-témoignage que j'ai quand même dévoré en deux jours. Une folie je vous dis…
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Une histoire touchante.
Celle-ci se déroule au début du 20ème s. en Angleterre.
En lisant ce livre, on se demande comment cela est possible. Comment est-il possible que des personnes qui semblent à nos yeux saines d'esprits, juste plus pauvres, ou juste avec des réactions un peu vives, se retrouvent enfermées dans un asile ? Pour combien de personnes cela a-t-il été le cas ?
Ce livre m'a "choqué" sur le sujet de l'eugénisme. Je ne connaissais pas ce mouvement du début du 20ème siècle en Angleterre. Cela explique peut être l'évolution et la façon de penser qui a été suivi en Allemagne quelques années après.

Anna Hope, et sa façon d'écrire, de retranscrire des évènements réels à travers une histoire fictive me fait énormément penser à Valentine Goby. Pour ces 2 auteurs, les histoires se lisent avec nos tripes, on ressent les émotions au plus profond de nous...
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Ella ne reconnaît pas les lieux qui l'entourent. Une salle voûtée, des plantes partout, des carreaux par terre. Et des têtes inconnues. Ce n'est que le lendemain, après une nuit sans sommeil parmi des centaines de femmes, qu'elle apprend qu'elle est à l'asile de Sharston . Tout ça parce qu'elle a cassé une fenêtre à la filature ? Il doit sûrement s'agir d'une erreur... Et pourtant, c'est bien dans les enceintes de cet établissement qu'Ella, après avoir tenté, en vain, de s'enfuir, va devoir rester...
Le travail de John et de son ami, Dan, consiste à creuser des tombes à longueur de journée, quelque soit le temps. Un travail routinier et fatigant. Seule distraction de la semaine, le bal du vendredi pour ceux qui auront été sages et tranquilles, désignés par le docteur Füller. Si la plupart des hommes s'y rendent, John n'y prête guère attention...

Ce roman choral donne voix à trois personnages : Ella, internée de force qui trouvera une alliée en la personne de Clem ; John, une jeune homme irlandais frappé par une terrible tragédie et enfin Charles Füller, médecin (raté) et musicien (frustré) ambitieux qui nourrit un bien sombre projet quant au devenir des résidents de Sharston. Ce dernier veut, en effet, marquer son nom dans le domaine de l'eugénisme. Sur fond de mouvements sociaux qui déchirent l'Angleterre, Anna Hope dépeint, avec force et poésie, le sort réservé à ceux que l'on jugeait malades ou fous : leur quotidien partagé entre leurs besognes (qui permettait l'auto-suffisance à l'asile) et le bal de vendredi qui leur permettait de s'évader un tant soit peu. Entre roman historique, histoire d'amour, théories scientifiques, drames humains, ce roman, porté par une plume délicate, rend grâce et humanité à ces âmes sensibles mais aussi hommage à son arrière-arrière grand-père, interné à l'asile de Menston.
Un roman émouvant et intense...
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C'est l'histoire du fou qui repeint son plafond.
En moins rigolo.
C'est plutôt l'édifiant rappel d'une réalité historique où en ce début de vingtième siècle il suffisait d'un coup de mou passager ou d'une rébellion jugée hors de propos pour se voir interné direct chez les dingos.

Genre ici, à Sharston, établissement psychiatrique modèle sis au coeur de la campagne britannique. Le quotidien s'y étire dans une torpeur brutale et oppressante, l'interminable canicule de cet été 1911 exacerbant sans fin désespoirs, frustrations et rancoeurs. Seul espace de légèreté éphémère et vital, une étonnante salle de bal où chaque vendredi certains pensionnaires sont autorisés à danser.

Sur fond de conflit social et de théories eugénistes, le récit se construit dans l'alternance des regards de trois personnages principaux. Patients, médecin, chacun dans sa détresse mène sa quête de liberté, d'amour ou de reconnaissance, et à ce petit jeu qui peu à peu monte en puissance l'on devinera que le plus névrosé des trois n'est pas forcément celui qu'on croit.

L'atmosphère toujours plus anxiogène s'acheminera pourtant vers une infime lueur d'espérance, mais autant prévenir qu'ici question jovialité ça ne sera pas franchement le festival du cotillon de compète.

Lecture instructive, émouvante et dérangeante, qui n'en restera pas moins pour moi une intéressante découverte.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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