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SFSX tome 2 sur 2

G Romero-Johnson (Illustrateur)
EAN : 9781534319899
144 pages
Image Comics (30/11/2021)
5/5   1 notes
Résumé :
Popular writer/creator TINA HORN and up and coming artist G Romero-Johnson team up again for the latest SFSX (SAFE SEX) cyberpunk thriller. After their previous adventures in sex, love, and torture left them separated and traumatized, the Dirty Mind heroes must face the totalitarian Party’s latest “social program” ― one involving uncanny sexpots and a twisted men’s rights movement. This intelligent and colorful dystopian satire is perfect for fans of Ex Machin... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Célibataire involontaire
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Ce tome fait suite à SFSX, tome 1 : Protection (2019/2020), écrit par Tina Horn, dessinés Michael Dowling, Alejandra Guttiérrez et Jen Hickman. Il regroupe les 6 épisodes de la seconde saison, initialement parus en 2021, écrits par Tina Horn, dessinés et encrés par G Romero-Johnson, avec une mise en couleurs réalisée par Kelly Fittzgerald, et des couvertures de Tula Lotay. Il contient également une introduction de Bishakh Som, une playlist à la fin de chaque épisode sur un thème différent (chiffrement, authentification, blocage, deepfake, captcha, sécure), une postface de 2 pages de la scénariste développant son thème à partir d'une citation de William Gibson de 2019.

Au Centre du Plaisir, Avory Horowitz, entravée, est escortée par deux gardes dans sa cellule. Cela fait six mois déjà qu'elle est incarcérée et qu'elle doit effacer toute la pornographie qu'elle a pu mettre en place sur internet, en étant surveillée chaque jour. La porte se referme derrière elle, et elle sait qu'elle va pouvoir se détendre. Elle a trouvé l'endroit exact de sa cellule qui n'est pas couvert par la caméra de surveillance. Elle se tient adossée au mur, même si ce n'est pas sa position préférée, et elle glisse sa main dans son pantalon et se masturbe en imaginant différents scénarios, parfois avec son mari George, ou son ancienne copine, le gang bang de son anniversaire pour ses trente ans, parfois même avec un garde, ou encore Nick. Elle libère ainsi des endorphines dans son corps, et ça, même ses geôliers ne peuvent pas lui retirer. Parfois son esprit vagabonde, réarrangeant des souvenirs, se demandant si elle refera un jour l'amour avec une autre personne, l'excitation de se sentir désirée, la vulnérabilité qui vient avec l'acceptation du désir, le risque de mal faire.

Sa séance de plaisir solitaire est interrompue par l'irruption du docteur Gerald Powell dans sa cellule, avant qu'elle ne parvienne à l'orgasme. Elle l'insulte pour son voyeurisme malsain. Il répond qu'il est venu la prévenir : l'inspecteur de police Wilder progresse rapidement au sein du parti, et il est encore pire que Judy Boreman. Il lui confie un code qu'elle pourra utiliser quand le temps sera venu. À sa question, il répond qu'il effacera l'enregistrement de la caméra de surveillance, correspondant à cet instant. Il ajoute qu'il va faire modifier l'installation de ladite caméra de telle sorte qu'il n'y ait plus d'angle mort. le lendemain matin, les gardes viennent la tirer de son lit à huit heures et l'emmène dans une pièce avec une grande vitre sans tain, où elle est attachée sur une chaise, à côté de deux autres prisonniers Richard et Concepción. Elles peuvent ainsi observer une grande pièce de l'autre côté de la vitre, avec des rangées de chaises pliables et des hommes qui arrivent pour s'installer. L'inspecteur en chef Mitch Wilder prend la parole : il va être question de l'ascension. Il indique que le parti fait fabriquer une beauté dans le centre, alors que sur l'écran apparaît une magnifique blonde allongée sur un lit, dans une robe rose, avec des talons hauts. Wilder passe parmi les participants en leur demandant ce que leur inspire cette femme : du désir, de la colère.

Voilà qui est inattendu : le lecteur ne pensait pas que la première saison serait suivie d'une seconde, au vu du caractère très particulier du récit, de sa facture très indépendante. Il se demande ce qui attend ces travailleurs du sexe dans cette société régie par une forme de totalitarisme bienpensant, régimentant la vie sexuelle des citoyens, par une logique de normalisation des pratiques sexuelles, excluant et criminalisant toutes celles qui sont jugées déviantes. Les rubriques en fin de tome permettent de comprendre que cette deuxième saison a vu le jour sous la forme d'un projet de financement participatif. Elle commence donc six mois après la fin de la première. La scénariste clarifie les choses d'entrée de jeu avec une scène de masturbation de quatre pages, avec nudité intégrale et frontale. Les relations sexuelles de tout ordre restent donc au coeur du récit : robot féminin dédiée au plaisir de l'homme, culture incel, pratique sadomasochiste, caisson de privation sensorielle pour stimulation sexuelle de l'esprit, amour en groupe, dominatrice avec un fouet, relation homosexuelle, pénétration avec le poing, etc. Les représentations sont explicites, plutôt descriptives qu'érotiques, crues sans relever vraiment de la pornographie. Il n'y a pas de jugement de valeur porté sur les pratiques en elles-mêmes, plus sur certaines intentions quand elles sont malsaines (les célibataires involontaires estimant que la relation sexuelle est un dû), sur la restriction des libertés, sur une normalisation imposée par la force.

Bien évidemment, les prescripteurs de la norme et des valeurs morales ne sont pas des saints : ils n'hésitent pas à recourir aux individus qu'ils ont criminalisés pour leurs pratiques, pour concevoir des parades contre ces actes criminalisés, tout en les traitant comme des individus déchus de leur citoyenneté, voire un ou deux ne sont pas très bien équilibrés sur le plan sexuel. Mais la scénariste ne force pas la dose, ne tombe pas dans la caricature des Tous pourris. Elle montre l'ambition et l'obéissance psychorigide à un dogme. Elle reprend sa distribution de personnages, entre ceux incarnant l'autorité répressive et normalisatrice, et ceux qui ne rentrent pas dans les cases réductrices de pratiques sexuelles limitatives. La narration visuelle refuse elle aussi de se confirmer à une banalité insipide. En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut y voir une maîtrise incomplète de son art par le dessinateur, ou un choix graphique réel avec une forme de naïveté voulue. Chaque personnage dispose d'une apparence spécifique, tant pour le visage que pour la morphologie. Fitzpatrick n'hésite pas à représenter des individus qui n'ont pas un corps de modèle, qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme. Il respecte bien l'anatomie humaine, avec des traits de visage significativement simplifiés, et parfois des yeux un peu trop ronds, des expressions manquant un peu de nuance au niveau de la bouche, mais très parlantes pour autant. Les décors sont très souvent représentés dans une perspective isométrique ce qui finit par attirer l'oeil du lecteur. Pour autant, l'artiste investit du temps pour donner de la consistance aux différents lieux : la cellule d'Avory Horowitz avec son bas-blanc et ses toilettes, la grande salle aveugle avec ses chaises en plastique et ses escaliers menant à un balcon, le club Dirty Mind et ses pièces accueillant toute une activité sexuelle différente, l'espace numérique, le grand bureau lumineux de Mitch Wilder, le bureau sans fenêtre de Gerald Powell, la grande salle avec des bains, le voyage dans les rues, la soirée dans la maison de Wilder, etc.

L'artiste se montre tout aussi impliqué pour représenter les différentes situations, à commencer par les activités sexuelles, sans fard ni hypocrisie : la masturbation d'Avory avec ses vagues de fluide et de plaisir, une séance SM d'arrosage avec un tuyau, un plan à trois, le guiage comportemental d'un robot plaisir, pour que son intelligence artificielle apprenne les bonnes attitudes, une relation homosexuelle mâle, une séance SM avec un homme entravée sur une croix en X et fouetté, une stimulation avec le poing, etc. L'artiste représente des individus normaux appréciant le plaisir engendré par l'activité sexuelle, sous des formes conventionnelles, et sous des formes moins habituelles. Il n'y a pas de jugement de valeur ou moral dans ces représentations. Il n'y a pas de relation de domination malsaine ou non consentie. Pour autant, il y a des relations révélatrices d'un mal-être, que ce soit Denis et ses terminaisons nerveuses qui ne ressentent plus rien (une forme grave d'hypoesthérie), les célibataires involontaires qui se retrouvent incapables de profiter du robot plaisir, ou encore l'homme sortant d'une séance SM lourde avec des dominatrices qui ressent une forte douleur en se cognant un doigt de pied.

La scénariste raconte une véritable histoire avec une intrigue bien fournie : d'un côté Avory Horowitz est prisonnière du parti qui met à profit ses compétences en matière sexuelle, d'un autre côté les animateurs du club Dirty Mind cherchent comment lui venir en aide, en cherchant comment pénétrer le système, y trouver une faille et l'exploiter à leur avantage. le lecteur repère une ou deux grosses ficelles à commencer par le fait que la police est incapable de localiser le club Dirty Mind. Mais dans le même temps, il voit qu'il n'y a pas de solution miracle pour les résistants, pas d'individu providentiel aux capacités extraordinaires qui va les mener à la victoire. de son côté, Avory Horowitz résiste de son mieux à l'effet déshumanisant et rabaissant de son emprisonnement, mais les responsables ne baissent pas leur garde. Comme le lecteur peut s'y attendre, le comics comprend une dimension militante : la défense de la pratique de toutes les sexualités, entre adulte consentants bien sûr, et la pratique des métiers du sexe. Leur mise en scène ne s'apparente pas à du prosélytisme, mais simplement à montrer des êtres humains s'y adonnant, ou pratiquant leur métier. Ils deviennent des êtres humains générant une empathie chez le lecteur qui se rend compte qu'il éprouve de la sympathie pour plusieurs d'entre eux, quelles que soient ses propres convictions ou pratiques en la matière.

Cette deuxième saison s'avère aussi réussie que la première. La narration visuelle reste dans un registre associé à des productions indépendantes, sans hypocrisie visuelle sur la nudité ou les relations sexuelles, avec des personnages très humains, tant par la vraisemblance de leur morphologie, que par l'état d'esprit et les émotions lisibles sur leur visage. La scénariste trouve le bon équilibre entre une véritable intrigue et les thèmes qu'elle développe, mettant à profit le principe d'une dystopie normalisatrice, et le cadre d'un récit d'anticipation, par exemple avec ce robot conçu pour le plaisir sexuel des hommes, et ce que cela fait ressortir quant à leur comportement, leurs exigences.
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