AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
SFSX tome 1 sur 2

Michael Dowling (Illustrateur)Alejandra Guttiérrez (Illustrateur)
EAN : 9781534315853
184 pages
Image Comics (28/07/2020)
5/5   1 notes
Résumé :
From notorious kink writer TINA HORN and featuring a diverse group of artists comes SFSX (SAFE SEX), a social thriller about sex, love, and torture. It's SEX CRIMINALS in Gilead, Hustlers with a SUNSTONEtwist.

In a draconian America where sexuality is strictly bureaucratized and policed, a group of queer sex workers keep the magic alive in an underground club called the Dirty Mind. Using their unique talents for bondage and seduction, they resolve to ... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il constitue une saison entière qui se suffit à elle-même et qui n'appelle pas forcément de suite. Il regroupe les 7 épisodes, initialement parus en 2019/2020, écrits par Tina Horn, dessinés, encrés et mis en couleurs par Michael Dowling pour les épisodes 1, 2, 4 (couleurs de Jen Hickman pour le 4), par Alejandra Guttiérrez pour l'épisode 3, par Jen Hickman pour les épisodes 5 à 7. Les couvertures ont été réalisées par Tula Lotay, sauf celle de l'épisode 3 réalisée par Guttiérez. le tome s'ouvre avec une introduction de Morgan M. Page sur la liberté des pratiques sexuelles et la censure masquée pratiquée par les moteurs de recherche. Il se termine avec une playlist pour chacun des épisodes, un paragraphe sur la genèse de ce projet, des pages de recherches graphiques de Guttiérez et d'Hickman.

À San Francisco, 10 ans après la montée au pouvoir du Parti, un mouvement politique conservateur, Avary Horowitz est en train de se produire au Dirty Mind, un club spécialisé dans les spectacles sexuels. le club fait salle comble et Margaret Jones la propriétaire des lieux regarde les clients depuis un point de vue en hauteur, avec sa collaboratrice Sylvia. Soudain la police fait irruption pour un raid et rassemble tous les participants. Margaret Jones est arrêtée. Dans la cohue, Sylvia, Avory et d'autres parviennent à fuir. Trois ans plus tard, Avory est mariée à George Horowitz, et ils vivent une relation satisfaisante, avec une excellente complémentarité au lit. À la fin de leurs ébats du jour, George renseigne l'appli pour le déclarer, et rappelle à Avory qu'elle doit absolument remplir les papiers qu'il a laissés sur la table pour faire de même afin d'être en règle avec la police, et de redresser son indice de pureté. Une fois habillée, Avory se rend dans une boutique pour choisir une tenue adaptée à l'entretien qu'elle doit passer pour un poste au Kiosque, l'organisme de communication officiel du Parti. Dans tous les lieux publics, des écrans diffusent la chaîne du parti avec à ce moment-là une interview de Judy Boreman, la responsable du Centre de Plaisir, l'une des principales responsables du Parti. Elle explique comment la technologie a assuré la mise au point des bracelets portés par tous les citoyens qui leur permettent de gérer leurs impulsions sexuelles, et de se conduire comme des êtres civilisés.

Sur le chemin de son entretien, Avory Horowitz croise Sylvia et Casey, deux anciennes du club Dirty Mind, accompagnées par Denis, un nouveau. La discussion est assez fraîche, Sylvia reprochant à Avory de s'être rangée dans une vie bien confortable, d'avoir abandonné les autres. Sylvia tourne les talons et s'en va avec Denis. Casey reste pour discuter un peu expliquant à Avory ce qui met en colère Sylvia. Avory arrive à son rendez-vous et est reçue par une femme très stricte qui commence par lui reprocher son rouge à lèvres, puis à se montrer très soupçonneuse du trou de 15 années, présent dans son curriculum vitae. George est arrivé au travail au Centre de Plaisir et s'apprête à monter dans l'ascenseur : Judy Boreman en personne lui demande de retenir la cabine et monte avec lui en appuyant sur le bouton de l'étage 13. La cabine s'arrête au 12 où le docteur Gerald Powell demande à disposer d'un instant de Boreman qui le suit. L'ascenseur s'arrête au treizième étage et George entend une plainte venant de l'extrémité du couloir alors que la porte s'ouvre. Il est incapable de résister à sa curiosité et avance dans le couloir, tout en sachant pertinemment qu'il ne dispose pas du niveau d'autorisation requis pour s'y trouver. Avory passe au guichet pour s'enregistrer et déposer ses scores de pureté, et elle s'aperçoit qu'elle a oublié les papiers sur la table. Très énervée, elle rentre chez elle et trouve l'appartement sens dessus dessous, avec la police en train d'effectuer une perquisition extensive.

La première et la deuxième page ne laissent place à aucun doute : la pratique sexuelle est représentée dans le cadre d'une scène de groupe dans un club échangiste de grande envergure, avec de la nudité frontale, et une pénétration digitale dans la deuxième page. le récit n'est pas une collection de scènes pornographiques : elles sont peu nombreuses, mais représentées sans fausse pudeur, sans réel gros plan non plus, sans représentation de sexe masculin en érection. En revanche, il s'agit de pratiques sexuelles entre adultes consentants qui ne se limitent pas à la position du missionnaire, certaines pratiques étant parfois qualifiées de déviantes, comme le sadomasochisme ou l'ondinisme. L'introduction n'en fait pas mystère et la scénariste rentre dans le vif du sujet dès la première page : il s'agit d'un comics militant. Toutefois, il n'est pas militant dans le sens où il s'agirait de revendiquer une meilleure reconnaissance sociale des travailleurs et des travailleuses du sexe, et des autres identifiés sexuelles, ou de défendre le droit à la pluralité des identités sexuelles. le message présent tout au long du récit est celui de liberté des pratiques sexuelles entre adultes consentants, de refuser une forme de dictature de la bien-pensance normalisatrice et réductrice, castratrice pour certains êtres humains. La scénariste utilise donc le genre de l'anticipation pour évoquer un futur proche dans lequel un parti totalitaire aurait réussi à imposer une norme hétérosexuelle.

S'il est allergique aux histoires avec un point de vue affirmé et affiché, le lecteur laisse vite tomber ce récit. S'il est curieux de découvrir les arguments de l'autrice, il se rend vite compte qu'elle raconte avant tout une histoire, avec une intrigue classique bien menée. Avory va devoir entrer dans la clandestinité pour aller sauver son mari, mais les résistants ne veulent pas d'elle parce qu'elle a trahi. Il va lui falloir trouver un autre allié et monter une périlleuse opération pour s'infiltrer dans l'établissement du Centre du Plaisir et le faire s'échapper. À partir de cette dynamique claire, le lecteur suit la préparation et la réalisation de l'opération d'exfiltration, en se demandant ce qu'il adviendra des protagonistes s'ils parviennent à leur fin. La touche d'anticipation reste légère et plausible : essentiellement des bracelets permettant de suivre les citoyens dans leurs déplacements et dans leurs activités. Les personnages disposent tous d'un ou deux traits de caractère saillants, ainsi que d'une histoire personnelle suffisamment développée pour les rendre uniques et assez consistants. Il y a un camp des oppresseurs et un camp des résistants, avec certains oppresseurs ne faisant que leur travail, et d'autres s'étant retrouvé là, sous la contrainte.

Michael Dowling réalise des dessins descriptifs et réalistes, avec un bon niveau de détails. Il sait donner une apparence unique à chacun des personnages qui sont essentiellement féminins, avec des expressions de visage justes et variées, et une attention particulière aux tenues vestimentaires. le lecteur peut observer les contraintes vestimentaires que le Parti fait peser sur les hommes et les femmes pour éviter qu'ils ne soient aguichants. Par contraste, il voit les petites libertés que peuvent prendre les membres de la résistance. Cet artiste représente les décors avec une bonne régularité, permettant au lecteur de se projeter dans chaque endroit, montrant comment les personnages interagissent avec les accessoires, se positionnent dans leur environnement. Il ne fait pas preuve d'hypocrisie en représentant les scènes de nature sexuelle, sans aller jusqu'à la pornographie, sans gros plan de pénétration. Il reste dans un registre naturaliste, sans performance incroyable ou impossible. Il ne pare pas l'acte sexuel d'une forme de romantisme, n'étant pas dans le registre de la titillation. Ces caractéristiques de son approche sont en phase avec une narration qui évoque des professionnelles. Les dessins d'Alejandra Gutérriez sont dans un registre plus épuré, moins descriptif, avec une touche humoristique dans les expressions des visages. La narration visuelle reste agréable, mais elle perd en réalisme, et donc un peu en impact, les pratiques devenant plus abstraites. La narration visuelle de Jen Hickman se situe entre les deux précédentes, plus proche de celle de Dowling sauf pour les visages dont les expressions restent un peu caricaturales.

Sous réserve qu'il ne soit pas allergique à la présence d'un point de vue assumé sur les travailleurs du sexe, le lecteur plonge avant tout dans une histoire de résistants contre une forme de totalitarisme bienpensant, régimentant la vie sexuelle des citoyens. L'histoire est prenante et bien construite, pas un simple prétexte à un discours idéologique. Les personnages sont étoffés, et pas de simples pantins sur lesquels l'autrice aurait accroché ses idées. La narration visuelle se répartit entre trois artistes, le premier étant le plus dans un registre réaliste qui convient bien au récit, la deuxième dans un registre plus caricatural un peu déstabilisant, et la troisième avec des dessins un peu moins consistants que ceux de Dowling, mais avec une mise en couleurs qui les nourrit bien. Les auteurs mettent en scène une logique de normalisation des pratiques sexuelles, excluant et criminalisant toutes celles qui sont jugées déviantes. Quelles que soient ses convictions en la matière, le lecteur en vient à réfléchir à une politique visant à assainir ces pratiques, à canaliser les pulsions sexuelles de manière normative.
Commenter  J’apprécie          60


autres livres classés : anticipationVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Autres livres de Tina Horn (1) Voir plus

Lecteurs (1) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4878 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}