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Citations sur Les Chiens de chasse (36)

L'endroit paraissait tout à fait abandonné mais le courant n'avait pas été coupé et les traces de pneus montraient que quelqu'un était venu jusqu'ici. Elle fit quelques pas dans l'herbe haute jusqu'à une autre fenêtre...elle utilisa de nouveau son portable et appuya son front contre le verre. C'était une vieille cuisine. Au milieu de la table était posé un vase sur une nappe fantaisie. Elle abaissa son téléphone mais se ravisa et le plaqua de nouveau contre la vitre. Un frisson parcourut son dos. Il y avait des fleurs dans le vase...toutes fraîches.
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Sous la pression on pouvait être amené à tirer des conclusions hâtives. Les enquêteurs se formaient leur propre avis dès que les premières preuves apparaissaient et ensuite, leur opinion faite, il s'instaurait un processus inconscient pour en chercher la confirmation. Ils se mettaient des oeillères et ne recueillaient que les infos qui allaient dans le sens de leur hypothèse principale. Ils se transformaient en chiens de chasse qui traquaient le gibier dont ils avaient flairé la trace.
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Wisting s'enfonça dans son fauteuil et comprit qu'il était tombé dans le piège d'accabler le suspect plutôt que de chercher des éléments pour l'innocenter, laissant de côté tout ce qui ne rentrait pas dans le cadre préétabli. C'était à cause de ce mécanisme psychologique que des innocents étaient condamnés.
Certes, c'était aux tribunaux et non à la police de juger de la culpabilité des suspects, mais il était impossible pour des enquêteurs de rester objectifs dès lors qu'ils avaient un soupçon. La suite de l'enquête ne visait finalement qu'à étayer ce qui devenait une conviction, et la question de la culpabilité était tranchée bien avant le jugement du tribunal.
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CANES.
C'était le nom de la collection de vêtements, mais chaque modèle avait un nom en propre. Le pull par exemple s'appelait Venatici. Canes Venatici.
Wisting le dit tout haut. Le nom venait de l'astronomie. La constellation s'appelait les Chiens de chasse. Johannes Linde la lui avait indiquée, tard un soir d'été, dans leur maison de vacances. C'était une petite constellation boréale à peine décelable, pour ainsi dire "sous le nez" de la Grande Ourse.
...
- Les chiens de chasse, dit-il à voix haute.
C'est ce qu'ils avaient été, ses collègues et lui. Une meute de chiens lancés à la poursuite d'un meurtrier. Rudolf Haglund était l'homme qu'ils avaient rattrapé. Mais, exactement comme n'importe quels chiens de chasse, ils avaient suivi la piste la plus évidente sans prendre le temps de s'arrêter pour en chercher une autre.
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- Auquel cas c'est lui qui aurait tué Jonas Ravneberg. […] Qu'en penses-tu? voulut-elle savoir. Quel pourrait être son mobile?
- J'ai toujours pensé qu'il en existait huit, répondit Wisting.
- Huit?
- La jalousie, la vengeance, l'appât du gain, le désir, l'excitation, le rejet et le fanatisme. Les meurtres de jalousie et de vengeance sont toujours les plus faciles à élucider, tout comme les meurtres par appât du gain. L'excitation, c'est plus rare. Ce sont en général des tueurs en série qui assassinent pour avoir leur dose d'adrénaline et, heureusement, il n'y en a pas beaucoup chez nous.
- Est-ce le désir qui a tué Cécilia Linde?
- Je le suppose, même si nous n'avons jamais trouvé la preuve qu'elle ait été abusée sexuellement.
- Et le rejet, c'est quoi exactement? Ça recouvre quoi au juste?
- Ça arrive le plus souvent dans des milieux extrémistes. Comme chez certains groupes religieux ou politiques, ou encore dans les milieux des motards et des gangs.
- Et le fanatisme?
- C'est ce que nous appelons les crimes d'honneur. Quand ce sont l'honneur et le sentiment de honte qui sont en cause. […]
- Tu ne m'en a cité que sept, dit Line. Quel est le huitième mobile?
- C'est peut-être le plus difficile à reconnaître, estima Wisting. Quand un meurtre est commis pour en cacher un autre.
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Le journaliste insista encore, mais se heurta à un mur. Wisting reposa le téléphone, bien conscient de l'ampleur que pouvait prendre cette affaire. Il comprenait que la presse joue les chiens de garde. C'était son rôle de critiquer la classe politique, les hommes de pouvoir et les organismes publics. C'était bien qu'elle cherche à rétablir la justice et dénonce les scandales et magouilles en tout genre. Lui aussi défendait ces principes. Mais là, il se sentait injustement dans le collimateur.
Son regard se tourna vers la vitre où la pluie ruisselait et, la tête lourde, il contempla son reflet. La pénombre floutait les contours de son visage et faisait de lui un étranger.
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La pluie fouettait violemment les fenêtres. L’eau ruisselait le long des vitres et débordait des gouttières. Sous les puissantes rafales de vent, les branches de peupliers venaient griffer les murs.
Assis à une des tables donnant sur la rue, William Wisting regardait dehors. Des feuilles mortes collées au trottoir mouillé furent soulevées et emportées par une bourrasque.
Un camion de déménagement attendait sous le déluge.
Un jeune couple arriva avec de grands cartons et se dépêcha de rejoindre le porche d’un immeuble.
Wisting aimait la pluie. Il n’aurait su dire pourquoi, mais c’était comme si elle mettait la vie en sourdine. Elle lui faisait relâcher les muscles de ses épaules, et son pouls battait un peu moins vite.
Une musique feutrée, jazzy, se mêlait à celle de l’averse.
Wisting se tourna vers le comptoir. Les flammes des nombreuses bougies projetaient des ombres vacillantes sur les murs. Suzanne lui sourit, tendit la main vers l’étagère et baissa légèrement le volume.
Ils n’étaient pas seuls dans cette salle tout en longueur.
Trois jeunes étaient assis autour d’une table à l’autre bout du comptoir. Ce café à la fois tranquille et branché était devenu le quartier général des élèves de l’École supérieure de police.
Wisting regarda de nouveau par la fenêtre, sur laquelle était inscrit La Paix dorée en un arc de lettres qui lui apparaissait à l’envers mais qu’il connaissait par cœur. Galerie et bar.
Ce café avait été le rêve de Suzanne. Depuis combien de temps? Il l’ignorait. Un soir d’hiver, elle avait posé le livre qu’elle était en train de lire et lui avait dit qu’il racontait l’histoire d’un capitaine de ferry sur l’Hudson River. Toute
sa vie, il avait fait la navette entre New York et Jersey City.
Jour après jour, année après année. Puis un beau matin, il avait pris une décision. Il avait fait changer de cap au bateau, et, les moteurs tournant à plein régime, s’était dirigé vers l’océan, le vaste océan, son rêve de toujours. Le lendemain, elle avait acheté ce local.
Elle lui avait demandé quel était son rêve à lui, mais il n’avait pas répondu. Pas parce qu’il ne voulait pas, mais parce qu’il ne savait pas. Il aimait sa vie telle qu’elle était.
Son travail d’enquêteur lui donnait le sentiment de faire quelque chose d’important et qui avait du sens. Il ne souhaitait pas qu’il en fût autrement.
Il souleva sa tasse de café, prit le journal du dimanche posé un peu plus loin et jeta de nouveau un regard dans la pénombre automnale. D’ordinaire, il choisissait une table au fond de la salle, où sa présence était plus discrète. Mais par ce temps, il n’y avait pas grand monde dehors et il pouvait être assis près de la fenêtre sans que des passants le reconnaissent et entrent pour engager la conversation. Il avait fini par s’habituer à être accosté dans la rue, ce qui se produisait de plus en plus souvent depuis qu’il avait eu la faiblesse d’accepter de participer à un talk-show télévisé pour parler d’une
affaire sur laquelle il avait travaillé.
Un des jeunes de la table au bout du comptoir l’avait vu quand il était entré et avait donné un coup de coude aux deux autres. Wisting aussi l’avait reconnu. C’était l’un des élèves de l’École de police. Au début du semestre, il avait été invité à y tenir une conférence sur l’éthique et la morale.
Le garçon faisait partie de ceux qui étaient assis au premier rang.
Wisting regarda la Une du journal où s’affichaient des conseils pour maigrir, la météo prévoyant encore plus de pluie et des intrigues amoureuses dans un programme de téléréalité. Il était rare que les journaux du dimanche
annoncent de véritables informations. Que des «news en conserve» comme Line appelait ces «nouvelles» qui avaient traîné pendant des jours et des semaines dans les salles de rédaction avant d’être publiées. Cela faisait bientôt cinq ans que sa fille était journaliste à VG. C’était un métier qui
convenait à sa curiosité et à son sens critique. Elle avait fait le tour des services, mais pour l’heure travaillait dans celui des affaires criminelles. Ce qui voulait dire que sa rédaction couvrait parfois des affaires sur lesquelles son père enquêtait.
Père et sujet d’articles, c’était un double rôle qu’il avait tant bien que mal réussi à endosser. Ce qu’il avait reproché au choix de carrière de sa fille, c’était qu’il lui ferait côtoyer toutes les horreurs de la société. Wisting était dans la police depuis trente et un ans. Cette expérience lui avait fait acquérir une certaine connaissance en matière de brutalité et de cruauté humaines, mais aussi causé beaucoup d’insomnies.
Il aurait préféré épargner tout cela à sa fille.
Il feuilleta rapidement le journal, ne s’attendant pas à y trouver un article de Line. Il lui avait parlé avant le weekend et savait qu’elle était en RTT.
Il appréciait de plus en plus d’échanger avec sa fille à propos des nouvelles. Il avait eu du mal à l’admettre, mais ces conversations avec elle l’avaient aidé à mieux prendre conscience de son rôle de policier. Elle avait un regard extérieur sur sa profession, qui l’avait souvent amené à remettre en cause l’idée qu’il se faisait de lui-même. Dernièrement, lors de cette conférence où il avait insisté sur l’intégrité, l’honnêteté et le code de bonne conduite des policiers – des qualités essentielles pour que la population ait confiance en
eux –, il avait trouvé que les positions de Line sur le sujet avaient donné plus de poids à ses déclarations. Il avait essayé d’expliquer à ses futurs collègues l’importance de respecter ces valeurs quand on endossait l’habit de policier. De rester objectif et sincère, sans jamais perdre de vue le devoir de faire jaillir la vérité.
Il en était à la page des programmes télé, à la fin du journal, quand les étudiants se levèrent de table. Ils restèrent près de la porte le temps de boutonner leurs vestes. Le plus grand des trois chercha à croiser le regard de Wisting. L’enquêteur sourit et hocha la tête.
— Vous êtes en repos aujourd’hui? demanda le jeune homme.
— C’est un des avantages de ce métier, quand on a travaillé
aussi longtemps que moi pour l’État, répondit Wisting.

Service de huit heures à seize heures, et j’ai tous mes weekends.
— À propos, merci pour votre conférence.
Il posa sa tasse de café.
— Merci à vous, c’est gentil.
L’étudiant voulait ajouter quelque chose, mais le téléphone de Wisting sonna. Il le sortit, vit que c’était Line et répondit.
— Salut Papa, dit-elle. Quelqu’un du journal t’a appelé?
— Non, répondit-il en faisant un signe de tête aux trois étudiants qui s’en allaient. Pourquoi? Il s’est passé quelque chose?
Il y eut un moment de silence avant que Line ne reprenne.
— Je suis à la rédaction, dit-elle.
— Je croyais que tu ne travaillais pas…
— Je sais, mais je suis sortie faire un peu de sport et j’ai eu envie de monter jeter un coup d’œil.
Wisting finit son café. Il se reconnaissait dans sa fille.
Cette envie de savoir et d’être toujours là où il se passait des choses.
— Il sera question de toi demain dans le journal, le prévint Line. Mais cette fois, c’est après toi qu’ils en ont. Ils veulent ta peau .
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Elle resta où elle était et appela la police.
_"Avez-vous identifié l'homme qui a été tué, demanda-t-elle ?
_ Nous n'avons aucun commentaire à faire.
_ Je crois savoir qui c'est.
Il y eut un silence à l'autre bout.
_ Jonas Ravneberg, quarante-huit ans. Domicilié à W.Blakstads gate 78.
_ Cela veut-il dire que vous êtes maintenant devant chez lui ?
_ Oui, mais quelqu'un m'a devancée...
Elle s'arrêta au beau milieu de sa phrase. Une ombre bougeait derrière le petit carreau en verre cathédrale de la porte d'entrée.
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Elle avait ouvert un nouveau document et cherchait ses premiers mots. Dire qu’il y a quelques minutes elle avait déjà des formules entières toutes prêtes… Maintenant le chaos régnait dans son esprit.
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Il était rare que les journaux du dimanche annoncent de véritables informations. Que des « news en conserve » comme Line appelait ces « nouvelles » qui avaient traîné pendant des jours et des semaines dans les salles de rédaction avant d’être publiées. Cela faisait bientôt cinq ans que sa fille était journaliste à VG. C’était un métier qui convenait à sa curiosité et à son sens critique. Elle avait fait le tour des services, mais pour l’heure travaillait dans celui des affaires criminelles. Ce qui voulait dire que sa rédaction couvrait parfois des affaires sur lesquelles son père enquêtait.
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