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Critique de Lesaloes


L'être et le néant
C'est du lourd. Au sens propre mais le dernier ouvrage de Michel Houellebecq paru ce vendredi entouré de trésors de mystère et de confidentialité qu'on réserve à un Saint Graal, 700 pages d'une édition reliée, à la couverture cartonnée, avec une tranchefile et un signet de couleur, aurait gagné à s'amputer de 300 pages pour épargner au lecteur le verbiage de phrases sans intérêt (voir ci-dessous) ; cependant quel éditeur pour oser suggérer et encore moins imposer des coupes à son écrivain vedette chevronné ?
Coupes utiles aussi pour resserrer une intrigue à peu près construite, mêlant politique, nous sommes en 2027 dans la coulisse d'une élection présidentielle, une habitude depuis Soumission, avec en figure de proue Bruno (Juge / le Maire, tout fier dans le Monde du 31 décembre 2021 d'avoir inspiré l'écrivain), rapports conjugaux et familiaux, bonheur et haine, réflexions sur la transcendance et marche vers la finitude humaine, Pascal pas loin, énigmes et attentats (pour pasticher le Dan Brown du Da Vinci code ?)
Le livre vaut surtout par la figure de Paul, haut fonctionnaire à Bercy (quel intérêt d'en rapporter les rêves toutes les quarante pages. Pour faire masse ? N'est pas Freud qui veut) par ses rapports avec Prudence sa femme, ses retrouvailles et sexe avec elle et son apprivoisement avec la mort.
Enfin l'auteur s'impose de développer à longueur de texte des phrases d'une affreuse banalité, un crispant degré zéro de l'écriture comme pour marquer une certaine indifférence au monde dans le style, moins réussi, de l'Etranger de Camus « Pendant ce temps, Paul était engagé dans un combat sans gloire avec le distributeur de confiseries de la gare TGV Mâcon-Loché, à part lui déserte. Quelques minutes plus tard il renonça, abandonnant ses deux euros à la machine récalcitrante ; le train de Paris venait d'être annoncé. En atteignant le quai, il fut envahi d'un doute soudain : allait il reconnaître son frère et sa belle-soeur ? […] La veille il avait fait un rêve inquiétant.» p 203. Comme s'il voulait ainsi brider en lui, et c'est regrettable, sa pulsion naturelle à un lyrisme romantique « la lumière sur les vignes était enveloppante, atroce de beauté. » (698)
En bref un roman à demi raté, boursouflé, à la limite de l'amateurisme désinvolte envers ses lecteurs. Une déception. Anéantir n'a ni la puissance du pamphlet prophétique de Soumission paru en janvier 2015, par pure coïncidence comme une réponse donnée à l'immense mobilisation citoyenne consécutive aux attentats de Paris ni la force désespérante des grands mâles vaincus du Sérotonine de 2019. Dommage.
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