Plateforme

Moi qui suis un grand amateur de "style" en littérature (Gracq, Yourcenar, Modiano et j'en passe...), c'est toujours un "plat" douloureux que je fais lorsque je plonge dans la piscine houellebecquienne depuis "L'Extension du domaine de la lutte" paru en 1994 ! Mais je suis prévenu: Houellebecq tente de rendre, par sa manière d'écrire, la platitude désespérante de notre époque, et dans "Plateforme", on n'est pas déçu: à chaque page, on a presque envie de se jeter à l'eau, lesté d'un gros caillou, pour que la fin soit rapide! Et cette platitude dans l'écriture réussit le tour de force, évidemment, de devenir, roman après roman, un "style" bien reconnaissable entre tous. Dommage qu'il y ait ici des longueurs... Les scènes de sexe (où rien ne nous est épargné) sont à mon goût un peu trop nombreuses pour être (toutes) utiles, même si le fil conducteur du roman est précisément le tourisme sexuel en Thaïlande. En revanche, l'accumulation de ces scènes et d'autres détails tout aussi répétitifs ne manque pas de nous "endormir", je veux dire d'endormir notre "vigilance" de lecteur pour amener le dénouement qui prend alors une dimension cataclysmique. J'en suis personnellement resté bouche bée! Mais on ne va pas "divulgâcher" la fin... Lisez ce livre et dites-vous qu'il a été écrit en 2001 et puis, rappelez-vous le moment de la publication de "Soumission" en 2015, et vous donnerez raison à Michel Onfray lorsqu'il définissait Houellebecq comme un "véritable sismographe de notre époque". Eh bien, j'ajouterai que cela vaut la peine d'analyser les rapports de ce sismographe-là...