Citations sur Une année à la campagne (67)
"Je me demande parfois où nous autres femmes d'un certain âge nous situons dans le réseau social une fois que la construction du nid a perdu de son charme. Il y a une génération, Margaret Mead, qui avait une assez bonne réponse personnelle à cette question, s'interrogeait aussi à ce sujet et faisait remarquer qu'en d'autres temps et dans d'autres cultures, nous avons joué un rôle..."
"A l'époque où nous étions deux ici à nous nourrir et à travailler, j'avais un grand jardin entre les plaqueminiers et la vieille route le long de la rivière. J'aimais le travail nécessaire pour produire, vers le milieu de l'été. Les rangées bien droites de haricots et de betteraves, les carottes, les pommes de terre, la maïs, les tomates, les cardons, les oignons, les laitues au goût exquis et aux couleurs stupéfiantes. Je semais des petits pois le long du grillage et fleurissaient, donnant ensuite des cosses bien tendres. Et dans tout le potager je faisais pousser des soucis orange vif et jaunes. Ils protégeaient les légumes des insectes qui détestent l'odeur des fleurs et les évitent, épargnant ainsi les légumes..."
Ces Ozarkiens ne s'interrogent pas sur la chance qu'ils ont d'être tout en haut de la chaine de nouriture, mais tuent pour se nourir ce qui nage dans les rivière ou ce qui court dans les bois, et ils acceptent comme une évidence qu'il faut sacrifier la vie pour la maintenir. A cet égard, il sont plus logiques que moi; j'achète ma viande aseptisée sous emballage à l épicerie.
Je vais aller maintenant fendre suffisamment de bois pour deux jours et je l'empilerai à côté du poêle pour le faire sécher. Je casserai ensuite une branche morte du chêne qui pousse le long du chemin en petits morceaux qui me serviront à allumer mon feu demain matin. En hiver, le long de la rivière, je pense qu'il n'est pas sage de faire des projets à plus longue échéance.
L'hiver n'est plus un ennemi. C'est une période où l'on se déplace moins, et qui apporte le calme et la paix
Pendant ces 12 années, j'ai appris qu'un arbre a besoin d'espace pour pousser, que les coyotes chantent près du ruisseau en janvier, que je peux enfoncer un clou dans du chêne seulement quand le bois est vert, que les abeilles en savent plus long sur moi sur la fabrication du miel, que l'amour peut devenir souffrance, et qu'il y a d'avantage de questions que de réponses.
Ces Ozarkiens ne s’interrogent pas sur la chance qu’ils ont d’être tout en haut de la chaîne de nourriture, mais tuent pour se nourrir ce qui nage dans la rivière ou ce qui court dans les bois, et ils acceptent comme une évidence qu’il faut sacrifier la vie pour la maintenir. A cet égard, ils sont plus logiques que moi ; j’achète ma viande aseptisée sous emballage à l’épicerie.
Je me demande parfois où nous autres femmes d'un certain âge nous situons dans le tissu social une fois que la construction du nid a perdu de son charme.(...) Nous avons le Temps, ou du moins la conscience du Temps. Nous avons vécu assez longtemps et en avons vu assez pour savoir, autrement qu'au plan intellectuel, que la mort nous attend et nous avons donc appris à vivre en nous sachant mortelles, prenant nos décisions avec soin et après mûre réflexion parce que nous savons que nous ne pourrons pas les prendre à nouveau. Le temps pour nous aura une fin : il est précieux, et nous en avons appris la valeur. (p230)
Je suis en train de lire "Quand sort la recluse" de Fred Vargas et je rapproche ce thème d'un chapitre du livre de Sue Hubbell, "Une année à la campagne" :
Les recluses brunes sont les araignées les plus venimeuses des Etats-Unis. Contrairement aux veuves noires, le mâle et la femelle sont également dangereux ; contrairement aussi aux veuves noires, elles sont monnaie courante dans les maisons à travers tout le Sud-Est et le Sud-Ouest. (...) Bien qu'elles tissent des toiles informes sous des rochers ou sous des bûches, les recluses brunes, pour la plupart, vivent à l'intérieur des maisons. (...) on en voit fréquemment dans toutes les pièces. Elles préfèrent, certes, se cacher dans les replis d'un tissu au fond d'un tiroir ou dans une serviette sur une étagère, comme celle qui m'a mordue, mais elles s'aventurent hors de leurs cachettes pour se mettre à la recherche de petits insectes rampants. Elles n'arrivent pas à escalader les surfaces lisses et j'en trouve souvent qui sont prisonnière de la baignoire ou du lavabo, dérapant éperdument sur la porcelaine dans leur effort pour s'échapper. Une amie et sa fille sont venues prendre le thé chez moi il y a quelque temps. Je préparai la théière et tendis les tasses à mes visiteuses. Habituée à la vie à la campagne, la fille jeta prudemment un coup d'oeil au fond de la tasse avant que je ne verse le thé. "Hmm ! Une recluse brune" dit-elle calmement et nous fîmes tomber l'araignée de la tasse, que nous rinçâmes avant de prendre le thé.
Il me semble que c'est Sir James Jeans, le physicien, qui a remarqué que nous vivons dans un monde non seulement plus étrange que nous le pensons, mais plus étrange que nous ne pouvons le concevoir.
Je les gronde, les traite de chiens trouillards. Ils remuent la queue joyeusement. Sont-ils mes chiens ou suis-je leur humain?