Ne connaissant pas du tout le romancier
Hubert Huertas, je dois bien avouer que je n'aurais jamais acheté de moi-même « La boulangerie du Diable ». C'est donc totalement novice et grâce à une masse critique que je me suis plongée dans ce roman que j'ai très vite terminé.
Il est vrai qu'il ne fait que 230 pages, c'est clair ce n'est pas un pavé.
Mais voilà, ce n'est pas que cela. Une fois démarré, je ne l'ai plus lâché. Et pour cause, quel sujet…l'intégrisme religieux quel qu'il soit.
Par les temps qui courent, plus qu'intéressant !
1906 : Année du vote de la loi sur la laïcité qui le moins que l'on puisse dire n'est pas du goût de tout le monde, en particulier dans un village nommé, Fleurdécieux ! Cela ne s'invente pas un nom pareil ! Dans ce haut bocage vendéen, un boulanger républicain est maudit par le curé du village. Son seul crime : Héberger dans sa grange des soldats venus faire l''inventaire des biens de l'église, mais surtout s'insurger haut et fort contre l'extrémisme religieux.
De nos jours : Nadia Kasmi, arrière-petite-fille du boulanger, algérienne, vient de perdre sa mère assassinée par «ces fous de Dieu », « ces salopards de religieux » comme elle les appelle, pour avoir refusé leur diktat. Pour sauvée sa propre vie, elle se réfugie dans le village de son arrière-grand -père dont elle devient à son tour la boulangère. Sa présence va très vite délier les langues et raviver les souvenirs. Les secrets enfouis vont ressurgir et jour après jour, Nadia va replonger dans l'histoire tragique de son aïeul, que l'extrémisme catholique a poussé au suicide.
A partir d'un fait réel et à travers la voix de Nadia qui en est la narratrice, l'auteur tisse une intrigue prenante grâce à un suspens qui nous tient en haleine de bout en bout. Son écriture est fluide et percutante, teinté d'une ironie particulièrement grinçante.
Mais au-delà de tout cela, ce roman est un plaidoyer contre tous les fanatismes religieux. Un vrai réquisitoire contre tous les crimes commis de tout temps et à venir au non d'un Dieu, quel qu'il soit ! Combien de temps encore la folie des hommes va-t-elle durer ! Cent ans séparent ces deux « crimes » et rien n'a changé ! Ce livre est donc à mettre entre toutes les mains !!!
Finalement deux phrases citées par l'auteur résument si bien tout ceci :
« Abderrahmane, Martin, David,
Et si le ciel était vide, »
Alain Souchon !
Je remercie Babelio et les Editions de l'Archipel pour m'avoir permis de découvrir ce roman et cet auteur qui à présent ne m'est plus inconnu !