Quand il pleut sur les lacs ça fait des brisures aux sonorités conservées par les montagnes où volent des choucas dans leur épaisseur de gouttes et de plumes collées.
Les matins de décembre ne tremblent pas, ils sont froids et le lac y était beaucoup plus solitaire que partout ailleurs dans l'année.
Elle aimait l'eau.
Pas celle de la pluie : celle des piscines.
Elle y nageait. Une façon d'apprendre à respirer pour le théâtre. Elle récitait de longues tirades pour travailler son souffle. Les baigneurs la regardaient soliloquer au ras de la surface, prendre sa respiration à fleur de vague et débiter son texte en gros bouillons.
L'arbre.
Ce personnage nouveau, silencieux, fidèle et sûr, véritable partenaire de leur objectif sexuel.
Outre la consistance du tronc, le deuxième facteur de désir était le feuillage. L'alternative caduc/persistant. Cette dichotomie dans leur sensualité animait leur désir.
Il aimait décembre.
A cause du froid, de la buée qui sort de la bouche comme une poussière propre. Parce que c'est l'odeur des mandarines et des pull-overs dans les placards.