RUSTIGHELLO
Il y a deux choses qu’il n’est pas aisé de trouver sous le ciel ; c’est un Italien sans poignard, et une Italienne sans amant.
Je suis froide quelquefois, et distraite ; cela vient de mon caractère, non de mon cœur.
GENNARO
Duc Alphonse, les pêcheurs de Calabre qui m’ont élevé, et qui m’ont trempé tout jeune dans la mer pour me rendre fort et hardi, m’ont enseigné cette maxime, avec laquelle on peut risquer souvent sa vie, jamais son honneur : Fais ce que tu dis, dis ce que tu fais.
il n’y a pas moyen d’être indifférent pour une femme qui nous aime. Il faut l’aimer ou la haïr.
DONA LUCREZIA Donc tu crois que tu pourrais m’aimer, Gennaro ?
GENNARO Pourquoi non ? Pourtant, madame, je suis sincère, il y aura toujours une femme que j’aimerai plus que vous.
DONA LUCREZIA, souriant. Je sais, la petite Fiametta.
GENNARO Non.
DONA LUCREZIA Qui donc ?
GENNARO Ma mère.
GENNARO
[...] si j’étais poète, ce serait véritablement l’aventure de messire Alain Chartier, le rimeur français.
DONA LUCREZIA
[...] Lorsqu’on est entraîné par un courant de crimes, on ne s’arrête pas quand on veut. Les deux anges luttaient en moi, le bon et le mauvais ; mais je crois que le bon va enfin l’emporter.
C’est qu’une bonne action est bien plus difficile à faire qu’une mauvaise.
DONA LUCREZIA
[...] S’ils ne savent pas qui je suis, je n’ai rien à craindre ; s’ils savent qui je suis, c’est à eux d’avoir peur.
Madame Lucrèce devient platonique. Je ne m'étonnerai plus de rien maintenant, quand même on viendrait me dire que le pape Alexandre Six croit en Dieu ! (Gubetta)