DONA LUCREZIA
Ce que je veux, don Alphonse, c'est que je ne veux pas que ce jeune homme meure.
DON ALPHONSE
Il n'y a qu'un instant, vous êtes entrée chez moi comme une tempête, irritée et pleurante, vous vous êtes plaint à moi d'un outrage fait à vous, vous avez réclamé avec injure et cris la tête du coupable, vous m'avez demandé ma parole ducale qu'il ne sortirait pas d'ici vivant, je vous l'ai loyalement octroyée, et maintenant vous ne voulez pas qu'il meure ! Par Jésus, madame, ceci est nouveau.
GUBETTA
Je vous le dirai, moi. César, cardinal de Valence, a tué Jean, duc de Gandia, parce que les deux frères aimaient la même femme.
MAFFIO
Et qui était cette femme ?
GUBETTA
Leur sœur.
MAFFIO :
Tu es heureux ! Que t 'importe ce qui se passe et ce qui s'est passé, pourvu qu'il y ait toujours des hommes pour la guerre et des femmes pour le plaisir ?
Ah !... tu m'as tuée ! Gennaro ! [masquer] Je suis ta mère ![/masquer]
Gubetta ! Gubetta ! S'il y avait aujourd'hui en Italie, dans cette fatale et criminelle Italie, un cœur noble et pur, un cœur plein de hautes et mâles vertus, un cœur d'ange sous une cuirasse de soldat ; s'il me restait à moi, pauvre femme, haïe, méprisée, abhorrée, maudite des hommes, damnée du ciel, misérable toute-puissante que je suis ; s'il ne me restait, dans l'état de détresse où mon âme agonise douloureusement, qu'une idée, qu'une espérance, qu'une ressource, celle de mériter et d'obtenir avant ma mort une petite place, Gubetta, un peu de tendresse, un peu d'estime dans ce cœur si fier et si pur ; si je n'avais d'autre pensée que l'ambition de le sentir battre un jour joyeusement et librement sur le mien ; comprendrais-tu alors, dis, Gubetta, pourquoi j'ai hâte de racheter mon passé, de laver ma renommée, d'effacer les taches de toutes sortes que j'ai partout sur moi, et de changer en une idée de gloire, de pénitence et de vertu, l'idée infâme et sanglante que l'Italie attache à mon nom ?
Lorsqu'on est entraîné par un courant de crimes, on ne s'arrête pas quand on veut. Les deux anges luttaient en moi, le bon et le mauvais ; mais je crois que le bon va enfin l'emporter.
Une parole jurée n𠆞st une nécessité que quand il n’y en a pas d𠆚utre. Doña Lucrezia
Les bons serviteurs sont ceux qui comprennent les princes sans leur donner la peine de tout dire. (p. 113)
S'ils ne savent pas qui je suis, je n'ai rien à craindre; s'ils savent qui je suis, c'est à eux d'avoir peur
"Il y a des poisons qui font les affaires des Borgia sans éclat et sans bruit, et beaucoup mieux que la hache ou le poignard" Maffio Orsini acte I, partie 2, scène 2