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Critique de mesrives


Dans mon cheminement de lectrice j'avais croisé un auteur, Göran Tunström, qui tentait d'écrire un Livre du Dehors dans Partir en hiver. Inde-Népal et, voilà qu'aujourd'hui je rencontre une auteure, Claudie Hunzinger, artiste plasticienne, qui essaie d'écrire, elle, un Livre de Plein air… Les grands cerfs. Deux démarches intellectuelles, deux concepts artistiques et poétiques pour capter au plus près la beauté du monde et les mystères de la vie.


Un genre de journal de bord auto-fictif relatant l'installation de la narratrice Pamina et de son compagnon Nils dans une ferme isolée, nichée dans une région forestière et montagnarde difficile d'accès. Un endroit idéal pour une retraite qui au fil du temps va se révéler être le lieu élu par les grands cerfs pour s'y reposer. Un lieu stratégique depuis longtemps repéré par un gars du coin, Léo, photographe animalier, qui amène peu à peu Pamina sur les traces des cervidés et la connaissance de leur royaume.
Les grands cerfs un récit qui privilégie après plusieurs saisons d'observation, d'affûts et de guets, la dernière année, façon journal de bord, placé sous le signe de Cernnunos, dieu Cerf des Gaulois, dont la ramure présageait une connexion cosmique.


Pourtant si j'ai apprécié la belle, poétique et séduisante écriture de Claudie Hunzinger, la magie n'a pas opéré. Je suis passée à côté de l'itinéraire ou démarche de l'auteure. La fascination, les obsessions de ces «transfuges», comme les nomme la narratrice pour définir son couple, ne m'ont pas transportée. Pamina et Nils m'ont fait davantage penser à des ermites modernes acceptant la précarité matérielle pour une éventuelle renaissance qu'a des écocitoyens.

Une expérience personnelle peut-être un peu trop nombriliste à mon goût et surtout, il m'a manqué dans ces lignes une forte dimension spirituelle (à moins que je n'ai su la débusquer) que j'avais trouvé dans L'Evangile de la nature de John Burroughs. Si chacun de nous porte en son coeur un oiseau, comme Pamina porte le pinson du nord dans le sien, au risque d'offenser Cernunnos, je préfère m'accrocher au plus petit des oiseaux, le colibri. Ceci étant, je me permets un petit aparté, l'approche de Claudie Hunzinger dans sa démarche artistique m'a amené à la comparer à celle d'une autre artiste plasticienne, Anne Steinlein, qui après de nombreux carnets de voyage témoignant de son immersion dans le monde propose aujourd'hui de magnifiques installations rendant hommage à la Nature et l'Univers à travers ses Gardiens de la Terre.

Mais aujourd'hui plus que hier, "Nous avons besoin, plus que jamais, de sources d'inspiration modèles de vie, de «changeurs de monde» qui nourrissent notre détermination à nous transformer nous-mêmes pour mieux transformer le monde" dixit Matthieu Ricard.

Aussi, Les grands cerfs reste une parenthèse dépaysante, un joli détour pour une escapade vivifiante au milieu des bois. Une fable écologique sur laquelle on peut réfléchir.

Pour les lecteurs qui souhaitent une immersion dans une nature sauvage, vierge, où l'homme a su trouver ses marques, je ne peux que leur conseiller de marcher sur les traces de John Haines en lisant Vingt-cinq ans de solitude: Mémoires du Grand Nord.

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